Immigration, Hunter Biden, Covid… : la faillite des fact-checkers

Fake news

Vent de panique, dans les rédactions françaises. L’annonce de Mark Zuckerberg, patron de Meta, de ne plus financer à l’avenir le fact-checking aux États-Unis pour le contrôle des contenus publiés sur les plates-formes du groupe - une mesure qui devrait arriver inéluctablement en France - agite la presse mainstream et ses défenseurs. Certains, comme le ministre délégué au Numérique et à l’Intelligence artificielle, Clara Chappaz, imagine déjà trouver des outils pour contrer les annonces du patron de Facebook et « assurer que les opinions qui seraient de fausses opinions soient sorties de la plate-forme ». Rapidement interpelle par le présentateur de l’émission, le ministre se corrige et affirme avoir voulu parler de « fausses informations » et non de « fausses opinions ». Ce lapsus - mais en était-ce vraiment un ? - est révélateur de l’état d’esprit de bon nombre de fact-checkers de l’Hexagone qui, depuis plusieurs années, s’autoproclament experts des faits et labellisent la « bonne » information. Mais comme le résume Zuckerberg, les vérificateurs de fait des grands médias ont failli et « ont fait preuve de trop de partialité ». Les exemples sont bien trop nombreux…

 

 

Modification des algorithmes

L’un des plus emblématiques : l’affaire Hunter Biden, fils du président américain. En 2020, alors que la campagne présidentielle bat son plein outre-Atlantique, le New York Post publie quelques images et courriels tirés de l’ordinateur du fils Biden. L’information se retrouve aussitôt étouffée sur les réseaux sociaux. Les algorithmes des plates-formes sont modifiés afin que les articles et publications relayant l’affaire ne soient pas médiatisés. La presse mainstream n’enquête pas. Pire : elle dénonce des « thèses complotistes émanant de l’ultra-droite ». La radio publique RFI publie ainsi sur son site Internet, dans sa rubrique fact-checking, les dessous de l’info, un article sur l’affaire dans lequel la rédaction dénonce un « récit cousu de fil blanc, sans aucun fondement ». Autrement dit, toute cette affaire n'aurait été qu’une stratégie du camp de Donald Trump afin d’affaiblir son principal concurrent dans la course à la Maison-Blanche. Une fois l’élection passée et Joe Biden élu, des médias américains commencent, finalement, à authentifier certains documents. Une affaire aux rebondissements incessants qui prouve bien la faillite des organes de prétendue vérification…

Un changement de titre en catimini

En France, pendant longtemps, des sujets ont ainsi été interdits par les vérificateurs de faits, notamment sur l’immigration. Certains sujets étaient ainsi jugés tabous et pouvaient vous valoir d’être « poursuivi pour incitation à la haine raciale », note, avec le recul, Pierre Sautarel, créateur du site de Fdesouche. Un exemple de sujet censuré : la présence potentielle de terroristes parmi les flots de migrants clandestins. Évoquer cette idée avant 2015 entraînait automatiquement une condamnation pour « fake news ». De nombreux articles de presse, publiés par les médias les plus reconnus et censés être les plus sérieux, accusaient ainsi ceux qui véhiculaient ce genre d'idées de « fantasme », « peur », « fausses rumeurs » ou encore « intox ».

En septembre 2015, France Inter titrait, par exemple, « Réfugiés : le fantasme de l’infiltration ». Mais deux mois plus tard, après les attentats du Bataclan, BV remarque que la radio publique a discrètement changé le titre de son article, désormais intitulé « Des terroristes parmi les migrants ? » L'hypothèse serait-elle désormais autorisée ? Lors du procès des attentats de novembre 2015, François Hollande révélait, en outre, que l’exécutif « savait que des individus s’étaient placés dans le flot des réfugiés pour tromper la vigilance ». Preuve, donc, de l’erreur - volontaire ? - des autoproclamés fact-checkers.

Et comment ne pas citer la période de la crise sanitaire au cours de laquelle les censures, affirmations et démentis ont été si nombreux. Rappelons seulement qu’un vérificateur du service public promettait qu’aucun passe sanitaire ne serait exigé pour se rendre au restaurant

La faillite des fact-checkers a non seulement abîmé leur crédibilité, mais également celle de l’ensemble des médias. Selon le dernier baromètre La Croix, 62 % des Français ne font pas confiance aux médias pour le traitement des grands sujets d’actualité. Une petite remise en question serait-elle à l’ordre du jour, chez certains de nos confrères ?

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 17/01/2025 à 18:09.
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Clémence de Longraye
Journaliste à BV

Vos commentaires

29 commentaires

  1. Le commencement de l’effet Trump et la fin des médias mainstream qui ont fait tant de mal aux démocraties occidentales. Prochaine étape en France : fin des subventions

  2. En Russie soviétique, Le camarade Lénine avait instauré une police politique, la TCHEKA, Commission Extraordinaire Panrusse pour la répression de la contre-révolution et du sabotage, organiseme assez redoutable.
    Brussels pourrait songer à un organisme du genre, une CEFERPIC par exemple, acronyme de Commission Extra-ordinaire Pan Européenne pour la Répression des Fausses idées et de la Contestation. Je fais du 1984, on l’aura compris, mais toutefois, on ne sait pas ce qui nous attend avec les raidissements à venir, une fois la « démocratie » au abois.

  3.  » fact checking, mainstream, fact checkers  »
    De grâce épargnez ce sabir de journaliste paresseux et moutonnier !

Commentaires fermés.

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