Identity card ? Aux armes, citoyens !

carte d'identité

L’affaire est grave mais pas nouvelle. Sauf que, cette fois, l’Académie française, gardienne de la langue, s’apprête à agir en Justice. Car il s’agit de rien moins qu’une forfaiture civique et linguistique. En violation de l’édit de Villers-Cotterêts de 1535, conforté par la Constitution française de 1958, la nouvelle carte d’identité, modernisant celle de 1995, est entrée en vigueur le 2 août 2021, faisant de notre territoire, purement et simplement, une province de l’empire américain. « Carte d’identité nationale » - ces deux mots, transmis de la bataille d’Hastings - est devenue « IDENTITY CARD ». SURNAME est à côté de NOM et GIVEN NAMES à côté de PRÉNOMS. Après le nom du père et le drapeau, au tour de Marianne d’être frappée au cœur !

L’Académie française est donc prête à saisir, s’il le faut, le Conseil d’État. Le nouveau modèle de la carte d’identité contrevient, en effet, à la Constitution (article 2) qui « dispose que la langue française de la République est le français ». Selon le règlement n° 1958 modifié, l’Union européenne doit fonctionner avec, au moins, trois langues de travail. Règle jamais respectée puisque les documents sont tous transmis dans le common language, même après le Brexit. Alors Mme Carrère d’Encausse, secrétaire perpétuel de l’Académie française, s’interroge : « Qui a décidé de mettre à égalité le français et l’anglais dans ce document ? » Si notre humeur était à rire, on dirait : Mme Schiappa, dans sa lutte insatiable contre la discrimination. Sauf que le temps n’est plus à rire, dans cette fin de règne révolutionnaire. Selon Le Figaro (5 janvier 2021), l’Académie a mandaté un cabinet d’avocats. Celui-ci a écrit au Premier ministre pour lui demander d’abroger la nouvelle disposition créant cette nouvelle carte d’identité. Jean Castex, si disert d’habitude, n’a pas répondu.

C’est le 20 juin 2019 que « le législateur européen » a voulu harmoniser les cartes d’identité des États membres. Mais il n’a aucunement imposé un bilinguisme. Et les États ne sont nullement harmonisés. On peut d’ailleurs aisément le comprendre. L’Europe n’est pas une nation ; l’Européen n’est pas un volapük désintégré. La carte d’identité est garante d’une unité nationale. Celle de la France s’enracine dans sa langue, avec l’article 2 de la Constitution.

Emmanuel Macron s’est fait le champion de la francophonie, annonçant un projet ambitieux (c'est-à-dire à sa gloire) pour la restauration du château de Villers-Cotterêts. Encore et toujours, il berne son monde. Il est grand temps de résister. Non, Monsieur le Président, vous qui faites, en anglais, votre discours au Parlement allemand. Non, Madame von der Leyen, qui avez oublié que le français est la langue diplomatique de l’Europe ! Non, Messieurs les députés qui travaillez dans ce « Grand Machin » (de Gaulle dixit) européen, devenu machine à désintégrer les peuples, l’empire ne nous colonisera pas ! L’Union européenne ne nous imposera pas des lois contraires à la Constitution ! La langue de « la République française une et indivisible » est le français. Une IDENTITY CARD est une forfaiture. Puissions-nous entendre, dans nos campagnes, mugir les fiers Français : « Touche pas à ma carte d'identité ! »

Marie-Hélène Verdier
Marie-Hélène Verdier
Agrégée de Lettres Classiques

Vos commentaires

99 commentaires

  1. Le plus grave à mes yeux, ce n’est pas qu’il y ait des mots en anglais, c’est que, pour les mettre, on a tronqué les mots français. J’espère que la démarche de l’Académie Française aboutira.

  2. Parler français partout, réimposons-nous, la diplomatie et les échanges internationaux parleront français comme par le passé. Mais pour ça il faudra un grand effort d’apprentissage de notre langue dès la maternelle et inciter ( obliger) les médias à la francisation du parler.

  3. Je voudrais bien connaître le moyen de lutter contre de telles décisions aussi iniques les unes que les autres.
    Merci pour votre réponse, MM les rédacteurs de Boulevard Voltaire. J’attend votre article.

  4. Une ignominie de plus de la part de nos dirigeants : plus de respect pour la langue française dans notre carte d’identité. Cela s’ajoute à la méconnaissance de l’histoire de France, au refus de son passé, à l’effacement de sa culture. ARRETEZ le massacre, M. micron 1er !! C’est trop !! Encore un effort !
    Pourquoi pas des papiers officiels en signes arabes puisqu’ils seront bientôt aussi nombreux que nous, Français de souche ? Nous apprendrons ainsi plus vite cette langue, notre future langue.

  5. Identity card ? Aux armes, citoyens !
    #
    Si Macron est réélu, ce sera aux larmes, citoyens….. en peu de temps.

  6. Un autre exemple montrant que nos élites conduisent à la destruction de notre langue et par conséquent de notre culture.
    L’université, depuis la rentrée, a modifié le Diplome Universitaire de Technologie pour le nomme Bachelor Universitaire de Technologie.
    Ceci me semble une violation de la loi Toubon! Mais je ne suis pas juriste. Je ne suis qu’un scientifique.
    Que peut on faire ? Une action en justice est elle possible ?

  7. La Grande Bretagne n’est plus dans l’Europe, l’usage de la langue anglaise doit être banni de l’union européenne dans tous les domaines, officiels ,informels , tous médias. Dans l’enseignement la préférence doit être donnée à une ou deux langues européennes.

  8. C’est très simple : Mon ancienne Carte Nationale d’Identité est devenue périmée par mon age . Elle le restera et je ne la renouvellerai pas jusqu’à ce que : Soit notre Conseil Constitutionnel fait valoir ses  » Droits  » . Soit le Conseil Constitutionnel dirigé par les irréprochables Fabius & Jupé est dissous pour cause d’incapacité ! Il est hors de question que je continue à entretenir une armée de grabataires si , au minimum , ils ne défendent même plus ce qui fait Loi en France !

  9. Faudra-t-il aussi un jour traduire les noms et prénoms en Anglais ? Deux viols de l’article deux ce la constitution avec le drapeau européen sous l’arc de triomphe ça commence à faire beaucoup !

  10. …une langue régionale au même titre que le breton ou l’arpitan pour les Français. Quant aux sous-titres en anglais sur la CNI, ça me parait être une tempête dans un verre d’eau. On a les tempêtes qu’on peut…

  11. Il faut regarder la réalité en face: une langue que seule une infime minorité des gens dont c’est la langue maternelle réussit à écrire correctement ne peut devenir une langue internationale. Le français n’est pratiquement plus appris en Europe hors pays francophones, il a disparu totalement de la littérature scientifique (même dans les revues françaises, s’il en reste, on écrit en anglais sous peine de n’être pas lu). Il est devenu au plan mondial, depuis 40 à 50 ans, une langue …

    • mais la CNI est un document officiel français destiné à un usage en France ! Cela n’a rien à voir avec le passeport, dans lequel l’Union Européenne a su faire respecter l’ensemble de ses langues

  12. « L’Académie française est donc prête à saisir, s’il le faut, le Conseil d’État. »
    Président es qualité du Conseil d’Etat : Jean Castex, premier ministre.
    Démarche productive et efficace s’il en est.

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