Hugh Hefner, playboy sûrement ! Féministe, pas vraiment…

Le décès, à 91 ans, de Hugh Hefner, richissime fondateur du mensuel Playboy, laissera dans les rangs féministes un souvenir des plus mitigés. Féministe, il prétendait l’être, évidemment, mais à sa propre manière, déclarant en 2003 "vouloir rester dans le souvenir des gens comme quelqu’un ayant eu un impact positif sur le changement des valeurs sexuelles de l’époque. « Positif » ou non, « l’impact » est incontestable, à l’instar de son activisme en matière de droits civiques, tout particulièrement en matière de défense des Afro-Américains en une époque où ces élégances n’étaient pas encore de mise.

Pionnier en matière de libéralisation de l’avortement, il n’hésite pas non plus, dès 1991, à mettre une pin-up transgenre en une de son magazine. Alors, Hugh Hefner humaniste distingué en avance sur son époque ? Ce n’était pas l’avis de Gloria Steinem, féministe historique qui, en pleine libération sexuelle, affirmait : "Il y a des fois où quand une femme lit un numéro de Playboy, elle a un peu l’impression d’être un Juif qui lit un manuel nazi !"

En revanche, d’autres féministes d’un semblable calibre intellectuel, telles Paris Hilton ou Kim Kardashian, ne sont pas du même avis, préférant se rappeler les « bons souvenirs » passés ensemble dans la Playboy Mansion, le célèbre manoir du défunt, connu pour n’avoir pas abrité que des parties de belote. Plus catégorique encore, Pamela Anderson, féministe rendue célèbre par le feuilleton Alerte à Malibu, salue ainsi la mémoire du grand homme : "Je suis ce que je suis grâce à toi. Tu m’as appris tout ce qu’il y avait d’important sur la liberté et le respect. À l’exception de ma famille, tu étais la personne la plus importante de ma vie. Tu m’as donné ma vie." Rien que ça. Legs auquel on peut également ajouter un record de couvertures de Playboy et une imposante paire de seins en silicone flambant neuve ; qu’elle a fait réduire depuis, même si l’histoire ne dit pas si c’était pour en faire de même de son arrière-train de vie, sa carrière allant, depuis, déclinant.

Pamela Anderson défend aujourd’hui la cause des animaux. S’il ne convient pas de voir une quelconque marque de mauvais esprit dans ce banal raccourci, on rappellera que les filles de la protection rapprochée du magnat étaient surnommés les Bunnies, ce qui peut se traduire par un truc du genre petits lapins.

Aujourd’hui, une telle subordination de l’animal à l’humain pourrait faire twister sévère chez les amis des bêtes ; ou ceux des femmes, ça existe tout pareil. Mais également créer un vilain remous chez toute nénette ne correspondant que de loin aux canons hefnériens, connus pour stigmatiser tout ce qui n’était pas blonde à gros seins ; soit à peu près la majorité de l’espèce féminine, ce que l’on est en droit de déplorer, bien entendu.

On peut donc imaginer que la polémique n’est pas close, tant la dimension féministe de Hugh Hefner ne saute pas exactement aux yeux ; j’ai dit les yeux, pas plus bas… Il n’empêche qu’en la matière, l’homme de bien, ouvert à tout et curieux d’esprit, préférera toujours passer une soirée avec Pamela Anderson que, mettons, Caroline Fourest ou Christine Angot. Lesquelles, fortuitement, n’ont jamais eu les honneurs des unes de Playboy. Un bête oubli, à n’en point douter. Dommage, sachant qu’elles aussi respirent la joie de vivre à pleins poumons.

Nicolas Gauthier
Nicolas Gauthier
Journaliste à BV, écrivain

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