Hommage aux oubliées magnifiques : les mamans, bien sûr !

Alors que l’on s’apprête à discuter des modalités de la mort, célébrons les seules qui soient capables de donner la vie.
fête des mères

Ce dimanche, c'est la fête des mères. Pierre Desproges a déjà tout dit, et de manière hilarante, au sujet des cadeaux d’un goût douteux que les petits écoliers de France confectionnent, « sous la tendre férule de la maîtresse d’école ». Statues de pâte à sel, pieds de lampe enrobés de papier journal, colliers de nouilles, mobiles en rouleaux de papier toilette… la liste des objets laids et inutiles que le corps des professeurs des écoles, avec un sadisme créatif, impose aux mamans en ce jour d’hommage est désormais parfaitement documentée.

La célébration des mères de famille est attestée depuis l’Antiquité gréco-romaine. Le culte d’Hestia, la déesse du foyer, était couronné par des journées dédiées à celles qui le font tenir debout. Le double sens du mot foyer n’est pas anodin, dans notre langue. Il n’y a guère que le français qui ait eu l’intelligence de fondre en un seul vocable le feu et la maison. Sans maman pour en conserver les braises, une famille meurt de froid. Certes, il y a souvent eu des tentatives politiques de s’accaparer la figure maternelle. Napoléon avait envisagé, en 1806, de célébrer les mères de familles nombreuses. L’idée sera reprise, en réponse à un malthusianisme inhumain, par la gauche française, et notamment Émile Zola. Il faudra cependant attendre 1918 et la fin du grand traumatisme de la guerre pour que les mères de France soient célébrées très officiellement. Dans les années 1920, on remet les premières médailles de la famille française, pour rendre hommage aux familles nombreuses. Cette médaille est toujours remise aujourd’hui. Elle s'appelle désormais la « Médaille de l'enfance et des familles »...

Évidemment, les gauchistes d’aujourd’hui auront beau jeu de parler de la façon dont le régime de Vichy tentera d’instrumentaliser l’hommage filial de la nation. La fête des mères y devient alors officielle. En 1942, le maréchal Pétain rend hommage aux mères françaises en ces termes : « Vous seules savez donner à tous ce goût du travail, ce sens de la discipline, de la modestie, du respect qui font les hommes sains et les peuples forts. Vous êtes les inspiratrices de notre civilisation chrétienne. » Le gouvernement d’après-guerre, pas fan de cancel culture, gravera cette journée dans le marbre en 1950, par un texte de loi. Et, depuis, tous les derniers dimanches de mai, on célèbre donc cette belle fête. Ce qui, après un détour par le natalisme, la guerre de 14 et Pétain, nous ramène aux colliers de nouilles et pourrait nous faire croire qu’il n’y a pas de quoi être fier.

Mais ôtons deux secondes, si vous voulez bien, nos carapaces ridicules de grandes personnes cyniques. Pour chacun d’entre nous, l’image de la mère est celle de la confiance et de l’amour, d’une abnégation qui oublie l’ingratitude, d’une gentillesse versée à flots continus, sans rien attendre en retour. Une maman, ce sont des bras tendres, des mots réconfortants, c’est une voix pleine de douceur et le sillage d’un parfum familier. C’est la certitude, pour un enfant, que quelqu’un l’aimera toujours, comme le père est la certitude qu’il y aura toujours quelqu’un pour le défendre. Le curé d’Ars disait qu’aucun enfant ne devrait pouvoir penser à sa mère sans avoir les larmes aux yeux. C’est parfois désespérément vrai. Romain Gary, lui, disait carrément que l’amour maternel, « promesse de l’aube » que la vie ne tenait finalement jamais, était celle de l’absolu.

Alors que l’on s’apprête à discuter des modalités de la mort, personne ne prend plus vraiment la peine de célébrer les seules qui soient capables de donner la vie. Ne soyons pas de ceux qui oublient les mères. Elles sont les gardiennes silencieuses de ce qui fonctionne dans l’univers. Qu’elles soient bénies. Et bonne fête, bien sûr !

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Arnaud Florac
Chroniqueur à BV

Vos commentaires

37 commentaires

  1. Vu la mésentente maternelle et réciproque de ma génitrice, pas de quoi pavoiser. Mais heureusement que d’autres se soient entendus !

  2. Apres ces petits cadeaux c’est super cela fait plaisir mais le plus beau cadeau c’est l’amour que l’enfant porte a sa maman.

  3. … suite de ci-dessous : au sujet du thème des professionnels de la rigolade ( c’est un métier ) , le fameux collier de sel _ ou quelque chose comme ça_ ; je trouve qu’un enfant qui réalise un cadeau pour sa mère, est une bien belle intention. Il n’a peut-être pas les moyens d’offrir à sa mère des bijoux en or etc

  4. Bonne fête aux mamans. La famille ne semble plus vraiment intéresser nos gouvernants ( ministère du droit des femmes et des familles, et… _On ne sait pas vraiment ni le projet ni la logique des dé-croissances en cours. C’est motus ). Vivement que le bon sens reprenne ses droits.

  5. pour la maman que j’ai été et la grand mère que je suis aujourd’hui, aucun objet confectionné par des mains d’enfants est  » inutile » puisque c’est de l’amour ! quand à la  » laideur » de ces cadeaux c’est une question d’appréciation qui honnêtement comparé à certaines  » oeuvres modernes et avant gardistes » sont largement au dessus !

  6. Je viens d’appeler ma Maman, 80 ans la semaine prochaine. C’est vrai que les « cadeaux « réalisés à l’école, c’était vraiment pas top mais bon nous y mettions tout notre cœur, bien sur elle avait des fleurs
    Moi maman de deux chats, pas eu de fleurs, triste vie ! Une bonne fête à toutes les mamans du site

    • allez Stroumphette65 ils vous apportent de l’amour c’est très bien aussi non ? Les ronrons c’est génial non, moi aussi j’ai 3 chats et deux chiens mais l’amour inconditionnelle qu’ils nous donnent est tout aussi génial.

  7. Je dois deux fois la vie à ma Maman , une fois quand je suis né comme tout le monde , et ensuite j’ai eu une dysenterie étant nourrisson , elle m’a sauvé la vie en m’allaitant jusqu’à plus d’un an . Merci Maman .

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