[HISTOIRE] Les Navratil, une famille française au cœur du Titanic

Titanic

Dans la nuit du 14 au 15 avril 1912 sombre dans l’Atlantique nord le titan des mers, le navire soi-disant insubmersible : le Titanic. Avec lui périssent et disparaissent dans les abysses plus de 1.500 âmes. Parmi ces malheureux passagers aux histoires si multiples, la petite famille française Navratil dont le père Michel laissa, avec son décès durant cette nuit glaciale, deux enfants rescapés mais désormais orphelins de père pour toujours.

Un kidnapping d’enfants

Michel Navratil était un tailleur français d’origine hongroise. S’installant à Nice avec son épouse Marcelle, il devient le père de deux petits garçons : Michel, dit Lolo, né en 1908, et Edmond, dit Monmon, né en 1910. Propriétaire d’un commerce prospère, tout semble aller pour le mieux pour cette famille. Cependant, Michel Navratil découvre, en 1910, que sa femme entretient une liaison adultérine. Blessé en tant qu’époux, il décide d’entamer une procédure de divorce mais délaisse malheureusement son activité professionnelle. Voyant que tout ce qu’il a construit en France est en train de s’effondrer, Navratil décide de quitter le Vieux Continent pour tout recommencer sur la nouvelle Terre promise : les États-Unis. Cependant, il ne compte pas y aller seul. Il décide de ravir ses enfants pour les emmener avec lui sur le bateau qui les conduira vers leur nouvelle vie : le Titanic. Voyageant jusqu’en Angleterre pour éviter les contrôles d’identité en France, Michel embarque à Southampton sous le faux nom de Louis Hoffman avec ses deux petits garçons, le 10 avril 1912.

Le naufrage du Titanic

Installée confortablement dans une cabine de la seconde classe, la petite famille Navratil profite des services, des loisirs et d’un luxe dont elle n’a pas l’habitude. Michel, dit Lolo, racontera ainsi qu’il avait le souvenir « d'un repas magnifique dans la salle à manger de la seconde classe ». Cependant, le rêve pour ces enfants se transforma rapidement en cauchemar. Ainsi, le 14 avril 1912, à 23h40, le Titanic heurte un iceberg et prend rapidement l’eau. L’évacuation des passagers à bord du peu de canots de sauvetage disponibles commence avec la consigne bien connue : « les femmes et les enfants d’abord ! ». Michel Navratil comprend alors que tout est fini pour lui. Confiant ses enfants aux passagers de l’un des derniers canots encore disponibles, il laisse un ultime message à son épouse par le biais de son fils aîné. Élisabeth Bouillon, petite-fille de Michel Navratil, rapportera dans l’émission L’Ombre d’un doute consacrée au Titanic les mots ultimes qu'il prononça : « Tu diras à maman que je l’aimais, que je regrette ce que j’ai fait et que je lui aurais dit de nous rejoindre à New York. » Après ces dernières paroles, le père de famille disparaît comme tant d’autres dans l’eau glacée de cette triste nuit.

« Les orphelins de l’abîme »

Pour les deux orphelins Navratil, Michel et Edmond, commence une nouvelle histoire. Recensés parmi les rescapés, ils sont incapables de donner leur nom et ne sont connus que par les surnoms que leurs parents leur donnaient : Lolo et Monmon. Sans parents et sans identité, ils attirent rapidement l’attention et sont surnommés « les orphelins de l’abîme » à leur arrivée aux États-Unis. Heureusement, à l’aide du consul de France et des médias, ils sont identifiés. Ils retrouvent ainsi, le 16 mai 1912, leur mère qui fait le voyage jusqu’en Amérique et qui les ramène en France. Le corps de Michel Navratil est retrouvé cinq jours après le naufrage du Titanic. Il est alors identifié par erreur, à l’aide de ses faux papiers, comme Louis Hoffmann et est inhumé dans un cimetière juif à Halifax. Marcelle travailla pendant deux ans afin de redonner à son époux, malgré les souffrances qui les avaient séparés, son véritable nom et pour que ce père de famille puisse enfin reposer en paix.

Eric de Mascureau
Eric de Mascureau
Chroniqueur à BV, licence d'histoire-patrimoine, master d'histoire de l'art

Vos commentaires

8 commentaires

  1. Merci pour cette belle histoire émouvante. N’hésitez pas à nous relater d’autres anecdotes sur d’autres tragédies

  2. Ah le Titanic, voici drame qui revient régulièrement dans les colonnes des journaux. Je comprends l’attractivité de cette tragédie : un bateau neuf, un naufrage, 1.200 morts …
    Mais pourquoi l’éruption de la Montagne Pelé en 1902 et ses 30.000 morts n’intéresse pas plus les journalistes ? je suis certain qu’il y a de multiples histoires comme celle-ci à raconter.

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