Guillaume Bernard : « La réorganisation de la droite passe par l’organisation d’un mouvement transpartisan au niveau local… »

Guillaume Bernard

La rentrée politique est faite. L'occasion, pour le politologue Guillaume Bernard, de passer en revue l'échiquier politique français, notamment à droite.

Nous rentrons dans la 3e année du mandat d’Emmanuel Macron. Cette année va être charnière à bien des égards.
Deux échéances politiques majeures pour la droite sont prévues en ce début d’année. La Manif pour tous en octobre et la convention de la droite.
Ces deux événements sont-ils intéressants ?

Ces deux événements sont porteurs de grandes promesses pour la recomposition du paysage politique français. Les organisateurs ont une lourde charge. De la réussite de leur initiative dépendra la réussite de la réorganisation du paysage politique français face à Macron.
Incontestablement, Macron est affaibli. Il déçoit et n’a pas de réussite ni internationale ni nationale. Il est pourtant dans une position centrale sur le spectre politique. Cela lui permet de ratisser les modérés de droite et de gauche.
Par conséquent, il y a vraiment un enjeu pour LMPT. Y a-t-il une constitution d’un mouvement transpartisan qui dépassera les étiquettes politiques comme cela a été le cas en 2013 ? On sait que cela a été torpillé par la suite.
La convention de la droite le 28 septembre sera-t-elle simplement une réunion de personnes qui se congratuleront les unes les autres, une juxtaposition de personnalités fortes intéressantes et attachantes ? Ou bien une dynamique se créera-t-elle véritablement ?
Autrement dit, je crois qu’il y a un enjeu aussi bien pour LMPT que pour la convention de la droite. Est-ce jouer le jeu des vases communicants pour piquer les adhérents des électeurs aux voisins ? Ou bien s’agit-il de créer une dynamique pour remobiliser l’opinion publique qui est dégoûtée par la politique politicienne ? Cela veut dire mobiliser les abstentionnistes comme l’a fait Trump. C’est d’ailleurs cela qui lui a permis de gagner.

Quel est l’enjeu de ces Municipales pour la majorité et surtout pour l’opposition de droite ?

Pour le cas Paris, je vous dirais quand même un mot. On accuse beaucoup de Français de basculer dans le populisme. On a quand même eu le spectacle de la boboitude du bobopulisme dans ses plus grandes largeurs.
Il est évident que les municipales vont être un vrai enjeu. LR a beaucoup d’élus locaux qui, pour beaucoup d’entre eux, veulent renouveler leurs mandats. De l’autre côté, le Rassemblement national a des difficultés à trouver des candidats. Il peut y avoir une conjonction, un intérêt commun. Un certain nombre d’élus LR retourneraient aux élections sans étiquettes LR, mais avec une étiquette divers droite. Ils prendraient sur leur liste des représentants de la droite nationale, du RN ou d’autres organisations. Il pourrait là y avoir l’embryon de la constitution d’une force politique alternative à Macron. C’est une vraie possibilité. LR est affaibli au niveau national, mais toujours présent au niveau local. Tandis que le Rassemblement national est plus puissant maintenant que LR au niveau national pour les élections nationales et européennes. En revanche, il n’a toujours pas le tissu d’élus locaux qui lui permettrait d’être une organisation capable d’exercer le pouvoir.
Une convergence d’intérêts pourrait se réaliser. Encore faut-il qu’il y ait une clarification doctrinale de la part des uns et des autres sur un certain nombre de sujets, notamment l’ouverture à droite. On en revient à la convention de la droite et à la question de la PMA et de la bioéthique le 6 octobre.

C’est en général à partir de la 3e année que le président commence à assurer sa réélection.
Des journalistes se sont demandé si Éric Zemmour ou Marion Maréchal seraient candidats à la Présidentielle. Est-ce encore un peu tôt pour déterminer ce genre d’initiative ?

On n’est jamais préparé assez tôt. Une campagne présidentielle est une grosse machine. Il est nécessaire de s’organiser avant. Il ne faudrait pas que certains, par leur visibilité médiatique, stérilisent un espace politique s’ils n’y vont pas finalement.
Il ne faut quand même pas non plus anticiper les choses de manière trop prématurée. Nous ne savons pas qui sera le mieux placé pour pouvoir affronter Emmanuel Macron. La réorganisation de la droite passe par la recomposition du tissu social, par la réorganisation d’un mouvement transpartisan au niveau local et par des gens qui se connaissent, qui se font confiance et qui peuvent agir ensemble dans des activités transpartisanes. Cela préparera la possibilité d’une alternative à Macron plutôt que de faire des compromis ou de la réunionnite aiguë bobo parisienne.

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Guillaume Bernard
Politologue et maître de conférences (HDR) de l’ICES

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