Grèves : vu de l’étranger, l’incompréhensible blocage français
Et si le sort de la bataille était contraire aux deux belligérants ? Ils l’attendent depuis des semaines et entretiennent le suspense. Après avoir « transformé l’Assemblée en ZAD », réalisant le souhait de la patronne d’Europe Écologie Les Verts Marine Tondelier, la gauche s’apprête à peser de tout son poids dans le bras de fer qui l’oppose à l’exécutif dans la fameuse réforme des retraites, actuellement en cours de débat au Sénat. Le texte a quitté l’Assemblée sans vote final, du fait de l’obstruction parlementaire mise en place par la gauche. En bref, ces 7, 8 et 9 mars, la gauche et les syndicats vont tenter de bloquer le pays.
Des élus foutent le bordel
On ne rappellera pas l’historique des coups d’éclat de la NUPES dans l’Hémicycle durant ces débats chauffés à blanc. Mentionnons néanmoins l’exclusion du député LFI Thomas Portes pour avoir joué au football avec un ballon sur lequel était dessinée la tête du ministre du Travail Olivier Dussopt et avoir provoqué un tumulte en séance. Rappelons aussi le député Aurélien Saintoul, forcé par ses propres camarades du groupe communiste à présenter ses excuses après avoir traité le ministre d’assassin. Cela, c’était le mois dernier.
Plus récemment, c’est l’inénarrable Louis Boyard qui a lancé sur Internet un challenge « Bloque ton école » et qui promet d’inviter à l’Assemblée les plus méritants des compétiteurs. Ce qui lui a valu les félicitations de Jean-Luc Mélenchon : « Bravo Louis Boyard ! Coup au but ! Tous les perroquets du régime surjouent l'indignation et font la pub de ton idée ! », a tweeté l’ex-candidat à l’élection présidentielle. Non content d’inciter à commettre des actes illégaux, Boyard a même vu son collègue Deloglu (ex-chauffeur de Jean-Luc Mélenchon) annoncer qu’il démissionnerait si la réforme passait, ajoutant qu'« on ne laisserait pas d'élection se faire » dans sa circonscription. Une position polémique pour celui qui a été élu dans les Bouches-du-Rhône face au RN avec les voix de la Macronie. « La NUPES veut hacker le mouvement social pour capitaliser sur son électorat », analyse le politologue Arnaud Benedetti. Rien de surprenant si ce n’est « que les syndicats essayent de garder leurs distances avec la classe politique », un moyen de se prémunir du vampirisme Insoumis.
Vu de l’étranger
Pour prendre de la hauteur, quoi de mieux que le regard de nos proches voisins ? D’autant que le système de retraite de la France est unique au monde. Sans surprise, le monde anglo-saxon écarquille les yeux. Le New York Times a ainsi noté « des conceptions très ancrées dans les mentalités, où la vie active est considérée comme une corvée et la retraite comme une libération permettant enfin de profiter de l’existence ». Un tempérament très éloigné du capitalisme protestant. L'incompréhension américaine est partagée par nos voisins d'outre-Rhin. Ainsi les Allemands, dans Die Welt, pourfendent-ils la rhétorique des opposants à cette réforme. « Les arguments mettant en avant la solidarité intergénérationnelle et l’allongement de la durée de la vie sont balayés du revers de la main, écrit le journal. Les comparaisons avec les pays voisins – où l’âge de la retraite est plus élevé – ne valent pas. » Dans le sud du continent, on s’attache davantage à l’aspect politique. Le quotidien de référence espagnol El País note ainsi l’enjeu crucial pour Emmanuel Macron qui joue gros afin de faire passer la « mère de toutes les réformes ». Entre cela et « le droit à la paresse » voulu par Sandrine Rousseau, on peine à imaginer comment la France peut d’un côté réindustrialiser et de l’autre paraître attractive pour le reste du monde. Symptôme d’un pays qui ne veut pas sortir du vieux rêve vendu par la gauche, un rêve de cerisiers en fleurs masquant un véritable cynisme électoral.
Et demain ?
La réalité est toujours plus décevante que l’imagination. Au fond, si depuis l’étranger on peine à comprendre cet accès de fièvre français, on finirait presque par se demander si ce chauffage à blanc ne risque pas de finir en tir à blanc, justement. Avec des transports fortement impactés mais n’accusant la fermeture d’aucune ligne, les déplacements seront très compliqués mais pas impossibles, certaines stations-service seront correctement approvisionnées et les écoles, sauf blocages à l’initiative de la NUPES, seront ouvertes. Alors, comme à chaque mouvement social d’ampleur, on finit par se demander si cette mobilisation a vraiment pour enjeu les retraites ou un bras de fer politique entre une gauche en recherche d’unité et un exécutif en recherche d’ennemi. Ce duel se produit devant 60 millions de Français pris en otages et obligés de regarder. De son côté, le Rassemblement national cherche à tenir sa ligne de crête entre « une base sociale très hostile à la réforme, un électorat plus légitimiste » ayant l’amour de l’ordre, analyse Arnaud Benedetti, et sa volonté de « cranter sa respectabilité » devant les institutions. Au fond, on paye une vieille équation : les soixante-huitards ont cramé la caisse, la Macronie vend le pays à la découpe, la NUPES abdique au nom de la paresse. Et devinez qui payera ?
10760 vues
Marc Eynaud
Journaliste à BV
Pour ne rien rater
Les plus lus du jour
L'intervention média
49 commentaires
Si tu ne travailles pas. Ne mange pas.
Je trouve que cet article est une excellente synthèse. Comme quoi, dès qu’on prend un peu de recul….
La ruine du pays ne doit pas être mis à l’actif de la seule gauche et de Macron; la dette de la France a augmenté de 700 milliards d’euros pendant le mandat de Sarkozy, qui a fait d’énormes cadeaux aux banques suite au crash financier de 2008 provoqué par ces mêmes banques,et la désindustrialisation n’a pas commencé en 2012; elle battait déjà son plein entre 1995 et 2012. Par ailleurs, les États-Unis avec leurs 30000 milliards de dettes (10 fois plus que la France pour 5 fois plus d’habitants, soit deux fois plus de dette par habitant ! ) et leurs infrastructures délabrées (les médias n’ont pas parlé de l’accident ferroviaire catastrophique, lié au très mauvais état des voies ferrées, qui a provoqué le rejet dans la nature de grandes quantités d’un produit chimique très dangereux dans l’Ohio, il y a trois semaines) n’ont pas de leçon à nous donner.
Trop facile de critiquer Nicolas Sarkozy et de lui mettre tous les désastres sur le dos. Il n’est sûrement pas le pire président que nous ayons eu et s’il n’est pas parfait qui l’est ? Si nous avions eu Macron en 2008, je n’ose imaginer dans quel état serait le pays aujourd’hui. Quant à la ruine du pays c’est en 1981 qu’elle a débuté et c’est à la gauche que nous devons la retraite à 60 ans, les 35 h, le démantèlement de notre filière nucléaire entre autres mesures idéologiques catastrophiques dont nous subissons les conséquences aujourd’hui.
nous avons de « beaux » jours devant nous …. et des anglo-saxons qui lorgnent sur le pognon de dingue que représentent les retraites.
« les soixante-huitards ont cramé la caisse, la Macronie vend le pays à la découpe, la NUPES abdique au nom de la paresse. Et devinez qui payera ? » tout est dit là !!!
Nous avons eu le spectacle affligeant de l’opposition négative de la Nupes à ce projet de loi sur les retraites. Ne pas négliger que le rôle de l »Assemblée est d’améliorer un projet et de le voter. Mais avoir également à l’esprit que cette Assemblée est une représentation de la Nation, dans tous ses états. Ce qui signifie que cette Nation file un très mauvais coton. L’affaissement de l’Education contribue largement à ce défaut de réflexion commune, objective. Par ailleurs, les médias , reste dans cette lignée de l’insignifiance. Il n’évoqueront jamais les conditions de vie de ceux en âge de partir en retraite ou celles de certains retraités. Les uns poursuivent leur activité professionnelle, volontairement, les autres reprennent une activité pour pension trop faible ou ennui ou besoin de se révéler utiles et non hors cadre, rejetés. Enfin, les fournisseurs de carburants en grève, les raffineurs. Des salariés tellement fatigués à observer leurs installations automatiques. On est dans le n’importe quoi ! Les français se laissent mener par le bout du nez. France guimauve. S’ils manifestaient pour leur emploi ou leur pouvoir d’achat ou l’éducation de leurs enfants, on comprendrait mieux.
Entre le pouvoir et les syndicats, ce sont effectivement les Français qui vont trinquer.
allez faire vos courses dans les grandes surfaces avec votre caddie, pas dans les petits magasins réservés aux gens (bobos) aisés et vous comprendrez pourquoi les Français de droite et de gauche sont dans la rue.
Vous voulez dire quoi ?…
Les petits magasins ne peuvent être comparés aux grandes surfaces responsables dans certaines villes de quantité de rideaux baissés rendant l’attractivité des rues de ces villes obsolètes.
De plus ils ne sont pas toujours plus chers, tout dépend des articles et ils jouent la proximité pas forcément comme vous dites réservés aux bobos.
Décidément, les anglo-saxons n’ont pas les mêmes origines que nous, eux qui se régalent de devoir travailler jusqu’à 67 ans en chantant tous les matins dans leur douche quand ils se lèvent à 5 heures pour une journée de chantier ou de caisse au supermarché après une petite séance de gim matinale et quelques pompes !
Ils ont bien de la chance de ne connaître ni l’arthrose après 60 ans, ni les problèmes cardiovasculaires, pas plus que la lassitude de rentrer tard à la maison!
Quant aux soixante-huitards, c’est bien connu, ils ont passé leur vie à fumer des joints en chantant » peace ans love »!
Oui les anglo saxons font payer à tous les pays du globe leur système de retraite sous forme de fond de pensions qui demandent une rentabilité régulière tout en rachetant des entreprises dont ils virent une partie du personnel pour la rentabiliser sur le coût du travail !
Et les entreprises en question lorsqu’il y a un plan social liés à des restructurations liées elles mêmes à des rachats fusions se débarrassent d’abord de ceux qui leurs coûtent le plus cher et sont moins malléables c’est à dire les séniors de 55 ans et plus !
L’américan way of life ne fait plus rêver grand monde ,depuis la généralisation des videos internet qui nous révèlent l’envers du décor à travers ces endroits de misère qui se multiplient dans les grandes villes y compris et même surtout gérées par des démocrates et ces homeless qui ne sont peut être pas des naufragés migrants mais ceux du système anglo saxon et on en parle moins ! Off course !!
Oui tout cela est vrai …Et l a réforme passera bien qu’elle soit anticonstitutionnelle et malgré l’hostilité .
On se moque de ce que pensent les « étrangers ». Cette réforme des retraites doit rester (comme de nombreuses autres choses, au demeurant) une affaire franco-française purement et simplement. Je ne suis pas de la NUPES et je combats dette réforme : la NUPES ne recouvre quand même pas près de 70 % de l’électorat français qui sont y opposés. C’est une usine à gaz qui va « plumer » encore un peu plus le Français lambda : nivellement par le bas-bas assuré ! Et je ne m’appelle pas Villepin non plus.
Pas tous si l on considère l age à cette époque,personnellement à cette époque j’étais réveillé à l eau froide a minuit,et commencais ma journée,pardon ma nuitée,jusqu’a midi et plus dans la période de vacances,alors ces 60huitards avec leur »peace and love »pour certains,comme celui réfugié en Allemagne coulant sa vieillesse paisible!ils ont peut être fait évolué la société du moment,certes,mais s ils avaient été au labeur?
Etant donné le montant de mes impôts, j’ai une petite idée de qui paiera, malgré l’habitude je n’arrive pas à m’y faire quand je vois des « glandeurs » qui vivent très bien d’allocations diverses à ne rien faire.
Pas d’accord avec cet article, incompréhensible blocage français de qui ? de Bruxelles ? probable et d’eux seul certainement. Les seul à refuser ce régime de retraite Français enviés par les étrangers d’en bas travailleurs. Oui, à mon age avec une vie complète de travail ininterrompus ou je considère comme beaucoup que la vie active est considérée comme une corvée et la retraite comme une libération permettant enfin de profiter de l’existence. Notre retraite est la récompense d’une vie de travail où nous avons cotisé comme demandé pour cela. L’allongement de la vie doit profiter à qui ? au capitalistes ou à ceux qui vivent, du reteste il semble que cette allongement à tendance à s’essouffler. Rappelons nous, combien de retraités ne survivaient pas beaucoup de temps à leur départ en retraite il fut un temps. Oui, n’en déplaise, nous sommes sur terre, sans l’avoir demandé, pour vivre plus que pour ce nécessaire travail. Allons, faisons des grèves qui ne dérangent personne et regardons le résultat où bien soyons des bénis oui oui, quant à la Nupes, c’est un problème d’électorat pour ces haineux vociférants. Et si nous mettions au travail tout ceux en état de le faire, c’est impossible ?
Vrai!à savoir déjà,ceux qui sont une chance pour la France,mais déjà,il y aura des départs volontaires?
Une fois de plus les vrais causes ne sont pas abordées: la réindustrialisation de la France ne se fera pas, car l’U.E a décidé que la France doit être désindustrialisée, quant au problème de l’inflation le coupable est lui aussi connu: macron qui a voulu punir la Russie sur ordre du bras armé des USA, c’est à dire ncore l’UE, au liuede rester neutre dans ce conflit qui ne nous regarde pas
Les syndicats veulent juste redorer leur blason , qu ont t ils fait. Pendant le confinement, qu ont t ils fait pour soutenir les non vaccinés ,jetés comme des malpropres sans paye , sans droit au chômage , que font ils contre les états’, dont la France, qui livrent des armes pour entretenir une guerre , les canons tonnent à quelques centaines de km de chez nous ,e t ils s occupent des retraites, alors que de toutes façons tout sera changer dès la prochain quinquennat et que si la 3e guerre mondiale éclate , personne n aura de retraite
j’approuve.
Je suis tout à fait en accord, ils ont bien dormi depuis 2017, pas un mot pendant tout ce temps, et les revoilà, avec une bonne mine reposée, contre une réforme pour laquelle il n’a pas été possible d’avance d’un iota à l’assemblée Nationale, une réforme qui sera à revoir dans peu de temps et qui, de toutes façons, sera votée par force : il ne faut pas se faire d’illusion.