Grève du 5 : la lettre de Blanquer aux enseignants qui n’a rien de rassurant

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Un collègue regrettait amèrement, mardi, que M. Blanquer n'ait pas décidé d'envoyer un message aux enseignants et aux établissements pour l'hommage national à nos treize soldats morts pour la France au Mali. M. Blanquer avait d'autres préoccupations : la grève du 5, qui s'annonce massive pour toute une série de raisons.

Justement, M. Blanquer a trouvé le temps d'écrire, mardi soir, à tous les enseignants une lettre tombée dans leur boîte mail au moment où les derniers d'entre nous vont se décider à rejoindre le mouvement ou pas.

Une lettre courte. C'est sa seule qualité. Et même les mieux disposés n'y trouveront aucun motif d'être rassurés sur la réforme des retraites, puisque tel était le but de la missive.

M. Blanquer relaie l'élément de langage du gouvernement depuis le début : « Un euro cotisé dans le système apportera les mêmes droits. » La règle est simple, mais nullement juste et équitable pour ceux qui commencent bas dans l'échelle des salaires. La règle est simple : oui, les très gros salaires seront les grands gagnants de la réforme.

Les inquiétudes sur ce fameux « point » ? « Nous inscrirons dans la loi la garantie que la valeur du point ne pourra pas baisser ; ainsi nous garantirons le niveau des pensions et le pouvoir d’achat des retraités. » La valeur du point ne pourra pas baisser. Faut-il rappeler à M. Blanquer que même nos élèves de 3e les moins sensibles aux sous-entendus et à l'implicite comprennent tout de suite qu'il pourra surtout ne pas augmenter. Comme le point d'indice de la fonction publique.

Et nous touchons là au cœur du malaise enseignant et du conflit qui commence demain : à la dévalorisation déjà engagée de leurs retraites s'ajoute, depuis dix ans, une stagnation des traitements objective. Or, cette réforme profitera surtout aux agents percevant des primes, ce qui n'est pas le cas des enseignants. M. Blanquer tente d'y répondre : « Du fait du montant plus limité des primes versées aux enseignants par rapport à d’autres fonctionnaires comparables, le gouvernement s’est engagé à ce que la mise en place du système universel s’accompagne d’une revalorisation salariale permettant de garantir un même niveau de retraite pour les enseignants que pour des corps équivalents de la fonction publique. Cet engagement a été formulé par le président de la République et le Premier ministre. Il sera formalisé dans le projet de loi créant le système universel. »

Une revalorisation salariale ? Elle n'existe que dans les belles paroles d'un ministre et d'un gouvernement qui commencent à mesurer l'énorme erreur d'avoir ajouté au verre bien plein du mécontentement cette grosse goutte d'eau de la réforme des retraites.
En effet, le gouvernement n'a pris aucun engagement chiffré ni fourni aucun calendrier.

Je vous laisse imaginer les réactions à cette lettre, hier, en salle des profs.

Dans ce conflit qui s'annonce long, le gouvernement ne pourra pas s'arc-bouter derrière ces formules magiques qui n'ont rien de rassurant. Ni prendre trop longtemps les enseignants pour des imbéciles.

Frédéric Sirgant
Frédéric Sirgant
Chroniqueur à BV, professeur d'Histoire

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