Grenoble, Nîmes, Valence : ces villes moyennes impuissantes face aux dealers

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Il y a un mois tout juste, on apprenait que le facteur ne passerait plus dans le quartier Saint-Bruno, à Grenoble, à cause des dealers. Aujourd’hui, c’est une médiathèque de Nîmes qui ferme ses portes pour les mêmes raisons, de même que des écoles de Valence… Ceux qui avaient encore le goût de la lecture iront voir ailleurs ou, dégoûtés, n’iront plus nulle part. La mairie de Nîmes vient, en effet, de décider la fermeture de la médiathèque Marc-Bernard, au cœur du quartier Pissevin, le bâtiment étant devenu un point chaud du trafic de stupéfiants.

« Depuis décembre dernier, des dealers exercent une pression de plus en plus forte sur le quartier avec l’instauration de "barricades/checkpoints" pour encadrer leur commerce illicite, et ce, au droit de la médiathèque. Ainsi, depuis plusieurs mois, les 18 agents du centre culturel sont victimes de menaces et d’agressions verbales au vu et au su de tous », dit le communiqué de presse signé par le maire Jean-Paul Fournier (LR). Et de préciser qu’ils « font même l’objet de contrôles et de palpations en pleine rue avant d’accéder à leur poste de travail ». Il ajoute qu’« un nouveau palier a été franchi puisque les trafiquants ont pénétré dans le bâtiment, jusqu’ici sacralisé, allant jusqu’à filmer et photographier le personnel, et accédant au toit pour surveiller les alentours et prévenir de l’arrivée des forces de police ».

Interrogée, ce mercredi matin, dans « Live Toussaint », sur BFM TV, la préfète du Gard, Marie-Françoise Lecaillon, affirme quant à elle que « ce quartier n’est pas une zone de non-droit ». Stricto sensu, elle a parfaitement raison, il y a bien un droit qui s’applique : c’est celui des dealers. Au point qu’un journaliste de M6 venu, lundi, en reportage a été violemment agressé par des adolescents. Au point, aussi, que la sous-préfète Chloé Demelenaère s’est fait caillasser lors d’une journée de ramassage des ordures par des bénévoles…

La réalité, c’est que la ville de Nîmes, comme nombre de villes moyennes aujourd’hui, voit ses quartiers pourris par les trafics et les règlements de comptes entre bandes. On se souvient, d’ailleurs, qu’en décembre 2020, déjà, l'école maternelle et élémentaire Georges-Bruguier faisait la une, car transformée en « point de passage pour les dealers en cas de fuite ». Quinze profs en arrêt maladie, des gosses terrorisés, contraints de « se réfugier dans la cantine en se cachant sous les tables ». L’idéal, pour une scolarité tranquille, en somme.

C’est aussi ce qui se passe à Valence (Drôme), où deux écoles de la cité du Plan viennent d’être fermées après que des parents ont été menacés de mort, lundi, par des individus armés. Paniqués et réfugiés dans l’école, ils ont refusé d’y ramener leurs enfants. De même, directeur, enseignants et personnels ont exercé leur droit de retrait : pas d’école pour les 500 enfants scolarisés là.


Le directeur d’académie de la Drôme, Pascal Clément, est comme la préfète du Gard : il se veut rassurant. L’école reprendra jeudi, dit-il, « avec une cellule d’écoute mise en place dans chacune des écoles » ainsi qu’« une équipe mobile de sécurité académique » (sic). Et « au-delà de ça, dit monsieur le directeur d’académie, nous apporterons des réponses éducatives et nous travaillons notamment avec la ville à une prise en charge globale du temps de l’enfant (resic) pour que les élèves retrouvent un cadre serein ».

C’est pour qui, les « réponses éducatives » ? Et c’est quoi, « la prise en charge globale du temps de l’enfant » ? Une visite de Pap Ndiaye avec trois clowns trans, peut-être ?

Marie Delarue
Marie Delarue
Journaliste à BV, artiste

Vos commentaires

24 commentaires

  1. Dupont -Moretti : « il n’y a pas d’insécurité en France, seulement un sentiment d’insécurité ». Donc les Français seraient trop sentimentaux

  2. N’est il donc pas possible de rétablir l’ordre et la sérénité dans ce pays ?? A quoi servent le Gouvernement et les autorités judiciaires ??

  3. De mémoire, en 1995 (ou dans les années autour) un petit voilier a été arraisonné par la police à Cosne sur Loire. Avec à la clef l’arrestation des occupants et la saisie de quelques dizaines de kilos de cocaïne.
    Certes dans des communes comme Nîmes Avignon… la maîtrise du terrain est à la faveur des dealers mais ce phénomène existait déjà dans le début des années 90. Maintenant ça se voit plus car les media communiquent enfin sur le sujet. Certes à l’époque il n’y avait pas d’armes à feu ou très peux. Mais les règlements de compte étaient déjà légion. Le nombre de morts était bien moindre et donc moins intéressants. Et que pensez-vous qu’il arrivera dans des communes de 10000 habitants d’ici moins de 5 ans ? Les dealers sont partout.

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