Gilles Kepel : cible des islamistes, désormais victime des wokistes

© Capture écran CNEWS
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Nul n’est prophète en son pays… Professeur des universités, spécialiste du monde arabe et de l’islam, auteur de nombreux ouvrages salués par la critique, militant communiste à ses premières heures, Gilles Kepel semblait cocher toutes les cases pour se faire accepter durablement au sein du monde universitaire. Et pourtant, après une carrière de plus de trente ans, « l’université me pousse dehors le plus vite possible pour mettre à ma place des enseignements wokistes », confesse l’auteur de Prophète en son pays, au micro de Sonia Mabrouk, ce 5 septembre.

Gilles Kepel mis sur le banc de touche

Déjà en 2021, dans l’un de ses précédents ouvrages, Gilles Kepel sentait le vent tourner. « Les islamo-gauchistes, décoloniaux et autres intersectionnels, tenant le haut du pavé à l’université, interdisent tout approche critique », écrivait-il. Auprès du Point, il ajoutait : « Il existe une volonté délibérée [à l’université] de faire en sorte que des étudiants qui ont choisi des sujets difficiles ne puissent obtenir de financement ou de postes. » Et de préciser : « Ceux qui ont fait leur thèse avec moi ont à peu près la certitude de n’avoir aucun poste à la sortie, à moins d’avoir abjuré. » Deux ans plus tard, l’enseignant, passé par les postes les plus prestigieux (CNRS, Sciences Po, ENS Ulm…), est à son tour directement la cible du wokisme qui infiltre les facultés françaises. Une honte pour l’essayiste Paul Melun, qui écrit sur son compte X (anciennement Twitter) : « Nos plus brillants professeurs remplacés par des enseignements wokistes. L’université française devient une machine à broyer le talent. »

Pour Gilles Kepel, nul doute que ce mouvement woke, qui impose un climat d’intolérance et un esprit de déconstruction dans les universités, est l’allié objectif de l’islamisme qu’il a tant combattu au cours de sa carrière. Dans Prophète en son pays (L'Observatoire), son dernier ouvrage, il rappelle qu’en 2016, alors qu’il est « livré à la vindicte de la nébuleuse "islamo-gauchiste" » et « condamné à mort par Daech » pour avoir développé son point de vue sur les émeutes de 2005, il se retrouve lâché par ses collègues. « Il y avait une congruence étonnante entre la marginalisation croissante à laquelle j’étais condamné par le monde académique et l’élimination physique prônée par les djihadistes », analyse-t-il. Ou, dit de façon plus prosaïque, « la libération anticipée d’un poste de professeur liquidé par le djihad permettrait-elle […] de promouvoir plus rapidement un enseignant.e plus politiquement correct.e qui introduirait dans l’ENS […] la religion woke » (sic) ?

Le wokisme à l’attaque des facs

Le cas de Gilles Kepel est malheureusement loin d’être isolé. Comme lui, Florence Bergeaud-Blackler, anthropologue et chargée de recherche au CNRS, a vu sa crédibilité remise en cause par certains de ses confrères et ses conférences annulées après s’être attaquée aux réseaux des Frères musulmans en Europe dans sa dernière enquête. Sur une tout autre thématique, Sylviane Agacinski a connu le même sort. Pour avoir publiquement pris position contre la gestation pour autrui (GPA), cette professeur d’université, élue à l’Académie française, a été empêchée de tenir une conférence à la faculté de Bordeaux en 2019.

Derrière cette chasse aux universitaires dissidents se cache l'adhésion grandissante d'une partie du corps professoral et des étudiants aux thèses woke. Les exemples sont nombreux. À l’ENS Ulm, où Gilles Kepel dirige la chaire d’excellence Moyen-Orient et Méditerranée, des étudiants se sont ainsi illustrés en demandant l’interdiction de certains couloirs aux hommes « cisgenres » (hommes qui se sentent hommes). Autre illustration de ce wokisme, les sujets des thèses soutenues par de nombreux doctorants. « Dans quelle mesure la blanchité des travailleurs sociaux façonne leur rapport aux publics avec lesquels ils travaillent ? » s’interroge ainsi un étudiant de Lille. Et un de ses congénères de travailler sur le « parcours d’insertion des personnes trans migrantes en France » - un cumul des thèses intersectionnelles...

La possible mise à l’écart de Gilles Kepel devrait alarmer les pouvoirs publics sur l’état de l’université française. Jean-Michel Blanquer avait eu le courage de dénoncer l’entrisme de « l’islamo-gauchisme » dans les facultés. Gabriel Attal s’attaquera-t-il à l’entrisme woke ?

Clémence de Longraye
Clémence de Longraye
Journaliste à BV

Vos commentaires

27 commentaires

  1. Le développement de ces tendances idéologiques délétères s’aggrave avec l’immobilisme du gouvernement français; la prise de distance avec l’entrisme européen, si grave en conséquences soit-elle, paraît incontournable.

  2. La gauche a changé mon pauvre monsieur. Vous qui prôniez les idées communistes, avez vous oublié que vous étiez seul à détenir la vérité. De quoi vous plaignez vous aujourd’hui, d’être écarté par les gauchistes modernes. Mais vous ne récoltez que la mauvaise herbe que vous avez semée.

  3. Hé oui, encore une fois la lâcheté des gens, qui, pour garder leur petit poste, vont se soumettre au wokisme tout droit venu des’ États Unis
    Idem pour les médecins de plateau prônant le vaccin venu des États-Unis
    Idem pour ceux qui nient la violence due à l’immigration voulue et financée par des gens comme Soros qui est lui aussi américain

    C’est mal barré

  4. Quel est l’objectif final des wokistes ? Pourquoi mènent-ils ce combat stupide ? Pourquoi les médias et les politiques ont-ils souvent de la bienveillance avec ces âneries ?

  5. Allons, mr le ministre vous êtes sur la bonne voie. Encore un effort. Il reste le wokisme et cette inepte écriture inclusive. Vous passez un test de présidentiable.

  6. Pour qu’il s’exprime librement il a fallu que Cnews lui tende le micro on a vue place de la république les pancartes défavorable à ce médiat. Curieux que l’excellence déplaise tant à certains.

  7. Pour avoir connu il y a prés de quarante ce blablateur de la religion de « paix et d’amour »,lors de ma formation professionnelle, il ne récolte que ce qu’il a semé ! Je ne verserai pas une larme sur son sort !

  8. C’est clair, les universités françaises étaient déjà bien en bas au tableau du classement international…
    Bientôt elles en disparaîtront définitivement.

  9. Depuis 40 ans le poids et l’influence des gentils islamistes gonfle dans les pays occidentaux. Et le plus grand scandale c-est que ces fachos sont financés par de nombreux pays prétendument civilisés, ainsi que par l’Europe. Qu’en pense donc le con-tribuable victime de ces barbares qui nous coûtent un pognon de dingue, tant par les subventions qu’on leur offre que par le coût de leurs actions barbares, toxiques pour une société civilisée.

  10. En tant que spectatrice, j’ai un sentiment de découragement devant la persistance, l’insistance, l’agressivité de ces mouvements minoritaires. Il suffit de regarder les interviews pour voir l’arrogance de ces personnes moulins à parole, coupant les commentaires de leurs interlocuteurs, ils ne lâchent pas même devant l’indéniable. Bref, ils nous ont par l’usure pour la plupart d’entre nous et devant l’immobilisme du gouvernement nous restons impuissants devant ces rouleaux compresseurs qui continueront leur progression si rien n’est fait.

  11. La chasse aux sorcières est ouverte depuis déjà quelques années. L’originalité de celle-ci, c’est qu’elle est multiple, si jadis on se contentait de traquer les adeptes supposés de la magie noire, ou plus récemment du communisme, durant la période du maccarthysme, nous sommes passés aujourd’hui à la vitesse supérieure. La traque se poursuit tous azimuts sur les partisans d’une extrême droite imaginaire (tout ce qui est à gauche de mélenchon), sur toute personne qui pose des questions un peu trop insistantes ou gênantes sur l’islam, l’immigration, la théorie du genre, la GPA, l’écriture inclusive, etc. Les générations futures jugeront certainement avec beaucoup de sévérité et d’incompréhension notre époque.

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