François-Xavier Bellamy, pressenti pour conduire la liste LR aux élections européennes, suscite l'hostilité de deux égéries de La République en marche, Marlène Schiappa et Aurore Bergé. La raison ? Dans un entretien au JDD, il a mentionné son opposition à l'IVG : « Une conviction personnelle qu'[il] assume. » Il n'en faut pas plus pour que les deux tigresses sortent leurs griffes contre cet intellectuel de droite, catholique de surcroît.

Voulant déconsidérer un adversaire politique, elles se déconsidèrent elles-mêmes.

D'abord, en confondant volontairement une position personnelle et la position d'un parti. Les Républicains n'ont jamais inscrit à leur programme l'abrogation de la loi Veil. Prétendre, comme Aurore Bergé, que "si [Bellamy] est choisi pour être l'incarnation de la droite aux européennes, c'est aussi à un choix de société et de civilisation que les Français auront à répondre", c'est pratiquer, avec des arrière-pensées politiciennes, un amalgame qui n'honore pas son auteur.

Ensuite, par leur intolérance à l'égard de ceux qui pensent différemment d'elles. François-Xavier Bellamy n'a jamais caché qu'il avait participé, dans le passé, aux Marches pour la vie qui réunissent, chaque année, plusieurs milliers de personnes. Présenté dans le JDD comme un « catholique conservateur », il a souhaité préciser son opinion, rappelant ses propos sur France 5, en janvier 2018 : il n'était pas question d'abroger la loi Veil, mais de faire baisser le nombre d'IVG en France. Un objectif abominable, n'est-ce pas ?
Valeurs actuelles cite des propos plus complets : « Pourquoi est-ce qu’on ne pourrait pas se mettre tous d’accord pour se dire que ce devrait être un objectif commun et rationnel de santé publique, indépendamment de tout jugement moral ou de toute considération religieuse, de réduire le nombre d’avortements en France, alors que notre politique de prévention n’y parvient pas ? » Il appelle à en discuter « sereinement ».

Mais les anges de la Macronie ne discutent pas avec le diable, c'est bien connu. La police de la bien-pensance peut donc continuer sa marche.

Les deux furies ne font pas dans la dentelle, enfermées dans leurs idées préconçues, prêtant à l'accusation de fanatisme. Non contentes de caricaturer la position de ce philosophe, elles ne s'interrogent pas sur les raisons qui peuvent le pousser à la soutenir. "L'IVG pour toutes" est un droit acquis, donc une vérité absolue. Il serait sacrilège de s'interroger sur son bien-fondé, sur ses limites, ou de prendre en compte l'avis des milliers de personnes qui ont défilé samedi, dans les rues de Paris, dont beaucoup de jeunes. Ce sont forcément des réactionnaires, contre le progrès et la liberté ! D'ailleurs, ils sont aussi contre la PMA pour toutes et l'utilisation de l'embryon dans la recherche !

Plutôt que de se comporter en ayatollahs des droits des femmes, Marlène Schiappa et Aurore Bergé devraient se montrer plus ouvertes aux opinions d'autrui. Accepter, au moins, le dialogue. Elles pourraient combler les lacunes de leur culture, en méditant les pensées de Pascal sur la relativité des lois humaines. Elles y apprendraient, par exemple, « qu'on ne voit rien de juste ou d'injuste qui ne change de qualité en changeant de climat » et que « le larcin, l'inceste, le meurtre des enfants et des pères, tout a eu sa place entre les actions vertueuses ».

Mais cela dérangerait sans doute leurs certitudes. Décidément, les dévots de Macron manifestent leur sectarisme dans tous les domaines. On comprend que beaucoup de Français soient sceptiques sur l'issue du « grand débat » organisé jusqu'au 15 mars.

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22 janvier 2019 à 18:51

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