Fin du moteur thermique en 2035 : entre choix de société et casse sociale…

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Avec le texte voté, ce 8 juin, par le Parlement européen, visant à interdire la fabrication de voitures à moteur thermique en 2035, les historiens des siècles à venir auront largement de quoi méditer sur la détestation institutionnelle de la bagnole et de ceux qui les conduisent.

Il n’y a pas si longtemps, l’automobile était synonyme de loisir et, surtout, de plaisir. Les autoroutes étaient faites pour rouler vite, les nationales taillées pour les délices de la promenade. Mieux, les bagnoles étaient belles ; même celles des pauvres : quoi de mieux carrossé qu’une 2 CV (Citroën) ou qu’une 4 CV (Renault) ? Rien, si ce n’est la tout aussi française Facel Vega, la limousine des stars, d’Ava Gardner au prince Rainier III, tout en passant par Ringo Starr.

Mais depuis que les autorités européennes se sont retrouvées sous la coupe des pays nordiques, protestants et puritains, jouir de conduire est devenu pêché mortel. D’où les limitations de vitesse, l’obligation du port de la ceinture et le racket des conducteurs devenu quasi industrie nationale. Il paraît que ça sauve des vies. Fort bien.

Mais là, il ne s’agit pas seulement que de sauver des vies, mais de faire de même de la planète, quoique les émissions de CO2 provenant de nos chignoles ne soient que de 12 %. Les 88 % restants ? Le transport aérien, les supertankers amenant ici des marchandises fabriquées par des esclaves asiatiques pour les revendre aux chômeurs européens. Sans compter d’autres industries tout aussi polluantes, ces centrales à gaz et à charbon censées produire l’énergie nécessaire aux futurs véhicules électriques.

Quant aux solutions alternatives, du moteur hybride (essence et électricité) à celui fonctionnant à l’hydrogène, il n’en est fait que pas ou peu question. En revanche, un codicille devrait pouvoir permettre aux Allemands et aux Italiens de produire des berlines haut de gamme, dotées de ces mêmes moteurs thermiques. On tolérera donc aux riches ce qu’on interdira aux pauvres, le vulgum pecus n’ayant pas forcément les moyens de rouler en Ferrari ou en Maybach. Vive la sociale !

D’ailleurs, en termes de casse sociale, l’addition promet d’être salée, à en croire le magazine Auto Plus (22 avril 2021) : « La fin du thermique pourrait menacer 100.000 emplois d’ici 2035 », chez les producteurs, les sous-traitants et les équipementiers. Pour l’État, la douloureuse ne serait pas moindre, à en lire Les Échos (21 mars 2019), avec « 500 milliards d’euros » à prévoir sur les vingt prochaines années. Explications : « Ce coût global comprend trois facteurs. D’une part, la somme des dispositifs d’aides à l’achat de véhicules à faible empreinte carbone (environ dix milliards par an). Le rapport table notamment sur un prolongement d’ici à 2030 du super-bonus à l’achat de véhicules électriques de 6.000 euros, puis d’un passage à 3.000 euros après cette date. De forts coûts d’infrastructures seront aussi nécessaires pour étoffer le réseau de bornes de recharge publiques. Actuellement, la France en compte 25.000. La mise en place d’un réseau intégralement réparti et bien adapté à l’échelle du territoire devrait coûter entre 30,7 et 108 milliards d’euros sur vingt ans. »

Mais au-delà de ces savants calculs, plus que d’un simple choix énergétique, il s’agit avant tout d’un choix de société, entre celle de la contrainte et de la punition – si on écoutait les écologistes, tout deviendrait collectif – et celle de ce libre choix consistant à être maître de sa propre vie, tout en en profitant de la manière la plus agréable qui soit, sans que l’État ne vienne s’immiscer dans notre sphère privée, allant jusqu’à nous interdire ce coup de pied au cul n’ayant d’autre but que de rappeler à nos enfants que les parents sont encore maîtres chez eux, pour ne citer que ce seul exemple.

À ce choix s’en ajoute un autre consistant à encore privilégier les Français urbains n’ayant pas fondamentalement besoin d’une voiture, transports publics aidant, et à stigmatiser ceux de la périphérie pour lesquels la voiture, outre le plaisir de conduire, demeure une nécessité vitale.

Nicolas Gauthier
Nicolas Gauthier
Journaliste à BV, écrivain

Vos commentaires

105 commentaires

  1. 2035 fin des véhicules thermiques pour tout le monde ? Y compris les véhicules militaires, de police ou de secours ? Mais où va t on ? Ont ils réfléchi une demi-seconde aux conséquences de leur décision ?
    Pour votre Avc attendez un peu l’ambulance est en charge.

  2. Avant de décréter bêtement une interdiction de plus (qui s’apparente à une tromperie), ces « super intelligents technocrates » feraient bien de se poser la question simple : comment fabrique t’on tant d’électricité pour une société tout électrique !
    Question subsidiaire : la gestion des déchets !!!

  3. Si l’utilisation de véhicules électriques est justifiée dans les grandes villes, ailleurs on devrait laisser le choix, cette obligation du tout électrique partout relève de la dictature.
    Et en plus c’est irréaliste, obliger tous les particuliers à avoir une borne de recharge chez eux, pour recharger pendant des heures tous les jours , n’est pas acceptable.
    le bilan écologique des véhicules électrique est désastreux, ou sont fabriquées les batteries, d’ou viennent les terres rares …

  4. L’acte final de l’imposture écologique, élevée au rang de dictature. Une nouvelle forme d’esclavage puisque le Tiers Monde va être promu au rang de pollueur principal, au service des riches nantis qui se permettent de cracher dans la soupe. J’ai 85 ans et avec un peu de chance, je ne verrai pas cette époque pourrie que l’on laisse à nos arrière-petits enfants. Le pire, c’est que tout cela repose sur le mensonge de pseudo-scientifiques qui ne croient pas eux-mêmes à leurs assertions.

  5. Sans parler de l’autoroute gracieusement ouverte aux Chinois qui eux, continueront à produire des voitures thermique.

  6. Les voitures électriques hors de prix et l’électricité de plus en plus chère, la rénovation énergétique des maisons (même avec quelques aides parcimonieuses), l’inflation qui détruit les bas de laine, les taxes en ribambelles, vont reléguer une grande partie de la population française dans la pauvreté, l’empêcher de vivre, mais peut-être est ce le but, car respirer c’est dégager du gaz carbonique.

  7. Quelle désolation! nos représentants (ou plutôt nos soi-disant représentants) se tirent une balle dans le pied et vont détruire un des derniers pans de l’industrie française. Et pourquoi? pour plaire aux écolos qui ne comprennent rien à l’écologie. Et comment va-t-on trouver toute l’électricité nécessaire avec un parc auto entièrement électrique ? Et comment trouver tous les métaux rares nécessaires et quid du recyclage de ces batteries et autres panneaux solaires? « merci » les écolos bobos

  8. J’ai écouté Mme Morano sur ce sujet. Explications alambiquées, européiste convaincue. A fuir !

  9. Avons nous été interrogés?. Cette décision nous tombe dessus sans consultation des intéressés et des citoyens, et l’on s’étonne de l’abstention. Les bobos des villes y trouveront leur compte mais quid des autres des zones périurbaines et rurales.Et le transport de marchandises? Personne n’en parle. Tristes temps, tout sera interdit, les milices de Mélenchon y veilleront.

  10. Ce qui vient d’être voté est un pur scandale !
    L’UE est devenue l’Utopie Ecologique et nous conduit dans le mur, d’autant que nous sommes les seuls à choisir cette voie extrême.
    Réveillons-nous et votons dimanche pour un candidat qui prône le Frexit !
    C’est peut-être risqué mais moins que ce vers quoi nous allons en ne changeant rien.

    • De tout temps, la Russie, la Chine et l’Inde ont fabriqués de l’électricité à partir de centrales à charbon et ils continuent. La guerre déclenchée par la Russie augmente d’autant le CO2.

  11. 8 milliards, on est trop nombreux, le modèle 30 glorieuses a vécu.
    L’enjeu de 2035 est double
    – en finir avec la voiture personnelle pour passer en auto loc
    – limiter les déplacements à un périmètre restreint autour de chez soi
    Vers une société à la chinoise.

  12. Ces irresponsable devraient précipitamment fuir le confort des fauteuils dorés du parlement et autres institutions et s’entraîner à pédaler, vite, vite, très vite, pour produire l’électricité pour les véhicules qu’ils veulent rendre obligatoires !

    • Et chausser de bonnes baskets en s’entraînant à courir aussi très vite, quand sonnera l’heure de rendre des comptes.

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