Face à la violence des mineurs, le gouvernement dégaine un énième Grenelle

© Capture écran CNEWS
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Cent jours à Matignon et une nouvelle annonce médiatique pour marquer le coup. À la demande du président de la République, Gabriel Attal a annoncé, ce 18 avril, lors d’un déplacement à Viry-Châtillon (Essonne), le lancement d’une grande concertation sur les violences des mineurs. L’objectif, promet l’exécutif, est d'arriver à des « annonces très concrètes » pour endiguer l’hyperviolence des jeunes. Mais après l’agression d’Angèle à Cannes, l’homicide de Philippe de Vieux-Condé, la mort de Thomas à Crépol, le passage à tabac de Samara à Montpellier, le meurtre de Shemseddine à Viry-Châtillon et les semaines d’émeutes l’été dernier, cette annonce - tardive - peut sembler bien dérisoire.

Encore un débat...

Grand Débat, Grenelle des violences conjugales, Beauvau de la sécurité, États généraux de l’information, Grenelle de l’Éducation, Ségur de la Santé, États généraux de la laïcité, États généraux de la justice… Après sept ans à l’Élysée, la concertation publique et le débat, coups de communication magistraux pour faire mine de s’attaquer sérieusement à un sujet, sont devenus les instruments privilégiés d’Emmanuel Macron. À chaque fois, l’exécutif promet de résoudre un problème par le débat. Mais au terme des semaines de discussions et de promesses, les mesures, quand elles sont prises, ne suffisent pas à convaincre les Français.

De plus, au-delà du fait que le gouvernement considère la concertation comme l’arme la plus judicieuse pour endiguer rapidement la violence des mineurs, la déconnexion de l’exécutif sur ce sujet apparaît bien plus problématique. Dans Le Parisien, Emmanuel Macron dénonce ainsi « le surgissement de l’ultra-violence dans le quotidien », comme si le phénomène était récent. Pourtant, pour ne citer que les événements médiatiques les plus récents, l’agression d’Angèle à Cannes par deux mineurs âgés de 14 et 15 ans date de l’été 2022. La mort de Thomas à Crépol remonte au mois de novembre 2023. Les émeutes pendant lesquelles près d’un tiers des émeutiers étaient mineurs ont éclaté l'été dernier. Où était, alors, le chef de l’État ? Plutôt que de s'attaquer aux racines du problème, le président de la République tenait alors « l'oisiveté » de la jeunesse pour responsable de la violence, et son ministre de l'Intérieur, qui assurait alors que « beaucoup de Kévin et Matthéo » avaient été placés en garde à vue suite aux émeutes, refusait de voir un lien entre délinquance et immigration.

Une opposition dubitative

L’annonce de cette énième concertation n’a pas manqué d’agiter l’opposition. D’un côté, la gauche pointe du doigt le virage « réac » emprunté par le gouvernement. De l’autre, la droite regrette ce nouveau coup de communication qui ne sera sûrement pas suivi d’effet. « Même si les mots sont là, ce sont les actes dont on a besoin », réclame ainsi Xavier Bertrand. Et le président de la région des Hauts-de-France de fustiger l’initiative : « Ce n’est pas un énième Grenelle qui va faire reculer l’ultra-violence. » Un sentiment partagé par François-Xavier Bellamy (Les Républicains) : « Ça suffit, les Grenelle. Emmanuel Macron est au pouvoir depuis sept ans. Il y a longtemps que tout le pays connaît trop bien la réalité meurtrière de la violence des mineurs. […] Il faut agir. » Et pour Sébastien Chenu, député du Rassemblement national, l’annonce de cette grande concertation n’est, encore une fois, que paroles.

Les précisions apportées par Gabriel Attal ce 18 avril n’ont sûrement pas rassuré l’opposition. Alors que le phénomène de l’ultra-violence des mineurs n’a rien de récent, les délais annoncés par l’exécutif peuvent tout d’abord sembler en total décalage avec le quotidien des Français. Le Premier ministre donne ainsi « huit semaines, pas une de plus, à ce travail collectif pour aboutir ». Entre temps, il promet « un point d’étape central dans quatre semaines pour l’avancée des travaux et les premières mesures que nous pourrons annoncer ».

Le locataire de Matignon a ensuite promis un « sursaut d’autorité », porté par trois grands volets d’action. À l’école d’une part, Gabriel Attal souhaite que les fauteurs de troubles soient sanctionnés sur leur dossier scolaire, que les parents soient impliqués par la « signature d’un contrat » et que les internats deviennent un outil de lutte contre la délinquance. Il souhaite également réinstaurer « une véritable culture du civisme » à l'école avec « des mesures simples, concrètes, de bon sens » qui s’appliqueront dès la rentrée prochaine. D’un point de vue judiciaire ensuite, le Premier ministre se dit prêt à ouvrir les débats pour une « atténuation » de l’excuse de minorité. « La culture de l’excuse, c’est fini », assène-t-il. Enfin, il promet vouloir endiguer « l’entrisme islamiste ». Des mesuretttes, en somme, qui ne suffiront sans doute pas à endiguer le phénomène.

Clémence de Longraye
Clémence de Longraye
Journaliste à BV

Vos commentaires

39 commentaires

  1. Qui fera la loi dans ces internats les petits caïds ou alors des tortionnaires la est toute la question ..

  2. Huit semaines ! Bien sûr. Il n’y a pas urgence… Il faudra comptabiliser scrupuleusement le nombre de victimes et d’assassinats qui seront perpétrés pendant ces huit semaines. Et il faudra déposer plainte nominativement contre ce misérable président et son super communiquant.

  3. « le lancement d’une grande concertation sur les violences des mineurs. » Un enfant président et son premier ministre gamin, ça ne peut que se terminer dans une cour d’école : « Tar ta gueule à la récré ». Chacun ses compétences.

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