Exercice Orion : l’armée française prouve sa solidité en actes

Armée française Exercice Orion23 Orion

Dans une actualité triste et qui pourrait nous inciter au misérabilisme, il y a tout de même, parfois, de belles raisons d'espérer. Ainsi des informations qui nous parviennent, de loin en loin, dans les médias, sur l'exercice Orion, conduit par l'armée française en ce moment et qui montre que, dans le cadre d'une loi de programmation prometteuse quoique floue, la France pourrait bien se donner les moyens d'une politique de défense qu'elle veut audacieuse. Voyons donc à quoi cela ressemble.

Commençons par tordre le cou à un rapprochement que beaucoup sont déjà en train de faire : l'exercice Orion était prévu depuis des années et la guerre en Ukraine n'a pas modifié le calendrier. En vérité, l'armée de terre, en particulier, se prépare depuis presque dix ans à la possibilité d'un retour de la guerre classique. 7.000 soldats sont en ce moment engagés dans un exercice interarmées s'étendant sur quatorze départements français, mettant en œuvre beaucoup de capacités décisives de nos armées : il y a de quoi faire taire ceux qui parlent d'un déclassement. Cet exercice de « haute intensité », pour reprendre les éléments de communication du ministère des Armées, décline les phases principales, jouées en conditions quasiment réelles, de la planification et de la conduite d'une opération majeure face à une puissance de rang égal. Il intègre les éléments les plus modernes des conflits (drones et cyberguerre, notamment) tout en démontrant que la France est à la hauteur de ses prétentions - pourtant loin d'être négligeables, puisqu'elle s'engage notamment sur sa capacité à conduire une opération multinationale majeure impliquant une quinzaine de milliers de soldats.

Les premières images sont impressionnantes. Largage massif de parachutistes et de matériel de guerre, réarticulation au sol font partie des figures imposées d'un exercice militaire, certes. Ce que l'on ne mesure pas, en revanche, et dont on ne se rend compte qu'en écoutant d'anciens officiers en parler à la télévision, c'est que la synergie entre les armées, l'engagement de 7.000 militaires, tout en poursuivant les missions « réelles » qui sont assignées à nos forces armées au quotidien, est à la fois un retour aux fondamentaux et une démonstration des capacités françaises. Guillaume Ancel, camarade de promotion de l'actuel chef d'état-major des armées, ou le général Vincent Desportes, ancien directeur de l'École de guerre, ont tous deux rappelé (sur France 5 et LCI respectivement) qu'ils étaient, eux, les officiers des années 80, la dernière génération formée à la guerre de haute intensité, « blindée mécanisée », avant que nous ne devinssions un pays doté d'une armée expéditionnaire dont les missions principales étaient le rétablissement de la paix en Afrique, la guerre asymétrique (en Afghanistan, par exemple) et la réserve d'intervention sur des bases préétablies (en propre ou pour le compte de l'ONU).

Autre élément de poids : Orion, quoique conduit en toute transparence, n'est pas un « test ». C'est, bien davantage, rappelle le ministère, un jalon dans l'appropriation d'une guerre qui, bien qu'étant celle de toujours, s'est enrichie d'effets, notamment immatériels, et de mesures de coordination, techniques ou tactiques, qui nécessitent que les chefs acquièrent, jusqu'au plus petit niveau, davantage d'autonomie.

La séquence qui se déroule en ce moment est la deuxième de quatre phases qui se poursuivront jusqu'en mai. Pendant ce temps, on apprend par Le Canard enchaîné de ce mercredi que les Serbes vont acheter nos Rafale et que Dassault dispose de documents décisifs prouvant la faiblesse des avions de chasse américains F-35. Belle semaine pour le monde de la Défense en général, à ce qu'on dirait.

Tout n'est pas rose, évidemment : l'intérieur de notre cité commune continue de se délabrer. Mais, au moins, il y a encore du monde sur les remparts.

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Arnaud Florac
Chroniqueur à BV

Vos commentaires

21 commentaires

  1. On nous prépare à entrer en guerre, dans très peu de temps, nous aurons droit à une armée de petits bidasses à l’ancienne . Il faut maintenant nous préparer à voir nos enfants et nos petits enfants à partir au front .

  2. Pourtant nous sommes en 3 ème place des vendeurs d’armes dans le monde…
    Où sont nos usines qui fabriquent et exportent ?
    On entend dire sans cesse que nous importons nos munitions, que nos soldats sur de nombreux théâtres d’opération manquent de pièces de rechange pour le matériel souvent ancien etc….
    Merci de m’expliquer, je suis un peu perdu!
    Pour celles, ceux qui ne l’auraient pas compris, la paix se maintien en préparant la guerre.
    Négliger cet aspect nous met à la merci du premier conquérant.
    Voyez l’ Ukraine, c’est à deux pas de chez avec les moyens actuels .

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