Et ce futur Premier ministre ? Dans la tête du capitaine Nemo

Le Président s’est levé de son banc. C’est décidé : la Première ministre, ce sera...
nemo

Il se fait passer la vidéo en boucle sur YouTube, chantée par Gilbert Bécaud sur fond de tambours : « Et maintenant, que vais-je faire… Quelle sera ma vie. Et tous ces gens qui m’indiffèrent… » Un toit bleu, une forêt, un banc devant une rivière. Le capitaine songe : Mélenchon, il a rendez-vous avec la nature et la révolution. Mais moi ? Toujours pas de Premier ministre en vue. Nemo, le labrador présidentiel, passe la tête en remuant la queue. Le capitaine a fermé les yeux.

Le sacre a été parfait. Ouverture de Haendel. Les courtisans, sur leur trente-et-un : un parterre de sourires. Dans son costume bleu roi, il a serré les mains de ceux qui l’avaient si fort désiré. Des regards rasaient les rangs comme des oiseaux : pourquoi pas moi ? Je leur ai fait croire que j’avais des pistes secrètes. Une invitée, de prairie vêtue, pense printemps. Au fait, il est où, Nemo ? Il n’a pas à être là, Monsieur le Président. Dommage, il m’inspirait, je consacrerais bien cette année aux droits des animaux.

Le discours a été sobre, avec quelques images performatives : « Une seule boussole : servir… malgré les sirènes idéologiques mortifères… Léguer une planète plus vivable, une France plus vivante et plus forte. » On ne pourra pas me reprocher d’avoir souhaité une France invivable, morte et faible. C’est après la proclamation du Conseil constitutionnel, le salut au drapeau, avec prise d’armes, dans les jardins de l’Élysée, que la chanson est revenue, lancinante, avec l’image du banc solitaire devant une rivière. Et maintenant ,que vais-je faire ? Aucune idée.

Réélu sans élan, par défaut, a écrit la presse. Sans avoir besoin de faire campagne. Le Président sourit. Qui a écrit : « À vaincre sans péril, on triomphe sans gloire » ? Corneille, Monsieur le Président. Le Président est entré dans son bureau. Récapitulons : majorité sortante 24,5 %, RN 15 %. La Formule 1 de la NUPES, lancée à 100 à l’heure, à Aubervilliers. Casque aux oreilles, capuchon sur le cou, le Président a sorti ses cartes. Il me faut une femme. Dans La vie est un songe, de Calderón, les princes lisent leur destin dans les étoiles. Les musulmans ont voté pour moi : je regarderai le ciel ce soir. J’ai toujours eu la baraka. Wait and see. J’ai un fort désir de les faire, toutes et tous, poireauter.

La guerre mondiale n’aura pas lieu. BHL Chrysostome l’a dit, à BFM. Des chantiers m’attendent. L’inflation ? Je change tout en or. Les retraites ? Je dégaine le 49.3. La Très Grande Europe, c’est avec Ursula, toujours partante. « Bouge ton corps, avance tes mains, repousse le lierre » : quel beau moment ce fut, à Strasbourg ! Mélenchon ? De la casse en perspective : il faut que j’attache l’Arc de Triomphe. Le Pen et le Z, je les neutralise par les ondes. Énorme, la pelle qu’il vont se ramasser, aux législatives, énorme. Les gilets jaunes, je verrai. Tiens, Nemo est revenu !

Le Président s’est levé de son banc. C’est décidé : la Première ministre, ce sera...

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Marie-Hélène Verdier
Agrégée de Lettres Classiques

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