[STRICTEMENT PERSONNEL] Un clown chasse l’autre

Une blague ? Un gag ? Un canular ? Peut-être. Peut-être pas. Une hypothèse ? Une possibilité ? Pourquoi pas ? Une décision arrêtée ? Allez savoir… Quoi qu’il en soit, un bon coup de pub pour notre confrère Valeurs actuelles, et pour son sujet de couverture, donc pour le personnage, bien réel et bien connu, auquel l’hebdomadaire consacrait, cette semaine, un dossier d’où il résultait clairement que celui-ci pourrait bien faire acte de candidature (ou pas) à la prochaine élection présidentielle. Vous savez, celle qui devrait avoir lieu en 2027, à moins, évidemment, qu’elle ne soit anticipée. Vous donnez votre langue au chat ? Un effort ? Vous ne voyez vraiment pas ? Il faut qu’on vous aide ? Vous le répéterez ? Promis ? Eh bien, l’individu qui fait la une du magazine susnommé n’est rien d’autre et rien de moins que l’illustre ex-animateur de la fameuse émission naguère encore programmée sur C8 et naturellement disparue avec la chaîne censurée par l’Arcom : Touche pas à mon poste !
Après Coluche, Baba
Eh oui, c’est bien à Cyril Hanouna, le seul, le vrai, l’unique, Hanouna alias Baba pour ses millions de fanzouses, que le magazine droitier prête généreusement (on ne prête qu’aux riches) le projet de se lancer dans la course à l’Élysée. Il s’agirait en somme, tout simplement, d’un remake, d’une nouvelle version, avec Hanouna dans le premier rôle, d’une comédie qui eut son heure de succès au tournant de 1980 et de 1981, et dont le principal interprète n’était autre qu’un certain Michel Colucci, plus célèbre sous le nom de Coluche.
Petit rappel à l’intention des moins de soixante ans qui ne connaissent pas tous (tant s’en faut) cet épisode fugace dans la carrière de celui qui n’était pas encore saint Coluche, auréolé de l’invention des Restos du cœur et, pour cela, définitivement canonisé par les médias (sous réserve, bien sûr, qu’aucune révélation fâcheuse ne le fasse descendre de son piédestal comme tel autre saint, aujourd’hui voué aux poubelles de la petite Histoire). Coluche était seulement un amuseur populaire et populiste de grand talent qui, à l’automne 1980, huit mois avant le scrutin, avait pris l’initiative de se déclarer candidat à l’Élysée avec pour seul programme une boutade dont l’énoncé disait assez clairement qu’il ne s’agissait que d’une bouffonnerie : « Notre pays est coupé en deux ; avec moi, je veux qu’il soit plié en quatre. »
Or, il arriva ce qui ne devait pas arriver. François Mitterrand inspirait encore à une partie du corps électoral, et notamment à gauche, une défiance qui se nourrissait de certains de ses errements passés ? Valéry Giscard d’Estaing était englué jusqu’au cou dans une médiocre et affligeante affaire de diamants, le discrédit de la classe politique en général et du Président sortant comme de son challenger le plus dangereux était comparable à ce qu’il est aujourd’hui, c’est dire, et la candidature bidon, la candidature parodique du saltimbanque rencontra une audience et gagna une crédibilité que nul - à commencer par le premier intéressé - n’aurait imaginée et qu’il était le dernier à avoir prévue et à concevoir d’assumer. Les mécontents, les malheureux, les déshérités, qui étaient déjà légion, virent dans l’outsider venu d’en bas le justicier qui les vengerait, le porte-parole de leur malheur, leur incarnation. Les grands intellectuels post-soixante-huitards qui tenaient alors le haut du pavé (Bourdieu, Derrida, Guattari) lui conférèrent la légitimité qui lui manquait et le magnifièrent en le décrivant comme un Messie déconstructeur de la société de consommation. À l’apogée de sa popularité, les intentions de vote en faveur de Coluche s’élevèrent, d’après un sondage, jusqu’à 15 %. À défaut d’être élu, le candidat était en mesure de bloquer sur son nom des voix qui manqueraient à Mitterrand, ce qui permettrait à Georges Marchais d’arriver en tête de la gauche et assurerait sur le fil, au second tour, la victoire de Giscard.
10 % d'intentions de vote
Dépassé par le succès, terrorisé par les menaces de mort qu’il recevait, traumatisé par la mort violente de son régisseur, qui n’avait en réalité rien à voir avec sa candidature, Coluche se laissa facilement persuader par les discrets émissaires du PS d’annoncer son retrait de la compétition et la bulle creva aussi vite qu’elle avait gonflé…
Bien qu’aucun indice sérieux ne donne à croire que Cyril Hanouna s’apprête à se lancer dans une arène politique où il prendrait vraisemblablement plus de coups qu’il n’en donnerait, l’interview qu’il a accordée à Valeurs actuelles révèle un homme qui a des idées, des éléments de programme, des propositions, pour certaines démagogiques (diminuer le nombre et le salaire des députés, instituer une perpétuité réelle des incarcérations), pour d’autres étonnantes (moduler suivant les revenus des intéressés les remboursements de la Sécurité sociale), pour d’autres encore positives (généraliser les référendums populaires). À en croire le sondage qui accompagne le dossier de Valeurs actuelles, jusqu’à 10 % des électeurs seraient disposés à voter pour lui, aux dépens pour l’essentiel du RN ou de Reconquête, ce qui le mettrait éventuellement en mesure d’assurer l’échec, aux législatives ou à la présidentielle, des partis et des personnalités dont il est apparemment le plus proche. Pourvu que sa popularité, en tout cas sa notoriété, ne lui monte pas à la tête et qu’il ne cède pas à la tentation de se lancer dans un métier qui n’est pas le sien !
Divers pays ont été, ces derniers temps, le lieu d’un renversement des équilibres sur lesquels repose une démocratie. Des saltimbanques, des amuseurs, des cabotins, des clowns y ont été portés à la tête de grands partis, voire de l’État, pour le meilleur comme pour le pire. Ainsi de la France où nous voyons tous les jours, dans une Assemblée dont l’hémicycle n’est plus qu’un hémicirque, s’affronter des pitres vociférants, des élus dont l’intérêt national, le bien commun sont le cadet des soucis. Comment pourrait-il en être autrement, sous un Président qui, quatre fois désavoué par son peuple, s’accroche aux lambeaux de son pouvoir et aux rideaux de son palais ? Malheur aux pays où de lamentables clowns font leurs entrées et leurs sorties sous les huées du public et voudraient faire prendre leurs lamentables défroques pour des habits d’hommes d’État !
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45 commentaires
Malheur aux pays ? Je ris , leurs habitants votent et choisent et leur voix vaut celle des censitaires,. Pour qui D. Jamet aurait un faible ?
Le clown, on l’a déjà à la tête du pays et il s’appelle Macron . Il fait rire tout le monde sauf les français qui en bavent . Derrière sa grossièreté, Coluche avait une verve spirituelle, sagace et intelligente. Macron n’a même pas cela .
On est tous le clown de quelqu’un d’autre Monsieur JAMET, quand on sait par exemple que l’actuel présidant est le fruit de Hollande lui même en place grâce aux exploits de DSK, il n’y a plus de règle et la fonction présidentielle relève bien du costume télévirtuel…Il reste la prétention des hommes mais guère plus!
Au point ou nous en sommes, une statue ferait mieux l’affaire!
Les clowns ne devraient pas faire de politique! George Clown-ey non plus !
Tant qu’a supporter des clowns en politique, autant en avoir un de métier…
Le bon sens !
Avec son peuple majoritairement de veaux , la France ne peut que s’enfoncer. Les durs surnageront, comme d’habitude, et la majorité des autres galèrera. C’est leur lot et c’est leur faute. Il l’auront bien cherché et recherché. Et après ils pleureront..et je ne les plaindrais pas . Finalement comme disait Macron me semble t’il, ce sont des riens.
Quand on a un politique qui échoue sur tout, détruit un pays, son économie et qui dit n’importe quoi, tantôt blanc, tantôt noir (façon de parler), quand il fait rigoler les gens à l’étranger, ne peut-on dire que l’on a déjà affaire à un clown ? Un clown triste sans doute, mais un clown.
Coluche bis, un clown, sans aucun doute, mais nettement plus sympathique que celui de l’Elysée qui n’a rien trouvé de mieux que d’aller conseiller les cardinaux sur le choix d’un prochain pape, ils ont dû bien rigoler ! nous moins, car le Président de la France est grotesque !
Perso, je trouve que depuis 2017 on a déjà un clown à la tête du pays….
Depuis que le patron de VA a fait partir Lejeune, ce magasine ne s’arrange pas… Les ( parce qu’ils se mettent plusieurs pour pondre des inepties) manquent totalement de maturité politique. Hanouna a réussi, une fois encore, une superbe opération publicitaire qui ne lui a pas coûté un rond. Bravo ! Our VA, C’est du même niveau que Bardella qui croyait faire une prise de guerre avec Malika Sorel et qui doit, aujourd’hui avoir un peu de mal à s’asseoir…
J’ai résilié mon abonnement dès le départ de Lejeune (un abonnement de plusieurs années) en indiquant bien le motif de mon départ.
Ouais, bof, un clown a au moins le pouvoir de faire rire. Lui (on parle du même), c’est pas son cas !!
N’oublions tout de même pas que, surprenants ou non, certains ex-clown peuvent faire de bons chefs de guerre et preuve, indiscutablement, d’une certaine « bravitude »…
A qui vous référez- vous ? S’il s’agit de l’Ukraine je doute qu’il y ait eu plus « globalement négatif ». Quant à la « bravitude » je ne connais que celle de Clémenceau, vieillard allant faire le tour des tranchées (et à l’époque, il n’y avait pas de flashs télévisés).
Bien vu!
Ouais ? Excellent chef celui qui devient président,d’un pays en paix et qui l’amène où il en est aujourd’hui parce qu’il manquait tellement d’expérience qu’il a cru qu’il pourrait manger Poutine parce que les Européens et les Americains qui lui disaient : » vas-y, on te soutient »… et dont la « bravitude » consiste à passer son temps à aller quémander 3 sous… Et qui va bientôt devoir rendre les clés d’un pays amputé de 4 oblasts et de la Crimé sous sa présidence. Vous me direz, la France n’est pas mieux lotie avec Macron…
Quel est le point commun entre , Trump , Zélensky et Hanouna ? ils ont tous les trois animé une émission de télé-réalité qui a eu un très grand succès .
Et Berlusconi !
Je suis abonné à V.A et après cette Une grotesque…..je me suis demandé s’il ne fallait pas résilier mon abonnement……en tout cas , c’est mon dernier abonnement !!
Je ne suis plus abonné à VA mes commentaires critiquant l’immigration et l’islam étaient acceptés , et puis il y a eu de longs jours ou le site des commentaires était indisponible , lorsque le site fut à nouveau ouvert , censure maximale sur ces sujets .
Ce n’est jamais un plaisir que de ne pas être retenu mais prenez compte que notre presse est comme les petits perdreaux, la menace de l’épervier Arcom plane sur elle.