Ils sont moins d’un millier en France. Essentiellement ruraux, ils approvisionnent les pompiers, les infirmières, les agriculteurs, les retraités isolés, les commerciaux en déplacement sur les petites routes de campagne… mais sauvent aussi les urbains égarés, dont le voyant sur le tableau de bord, dangereusement allumé, ne laisse pas le temps de rejoindre une grande surface. Ce sont les petites stations-service traditionnelles. D’aucuns viennent aussi s’approvisionner chez eux par soutien, comme l’on vient acheter son pain - mais aussi sa bouteille de gaz ou un peu d’épicerie -, même s’il est plus cher, chez le boulanger du village : pour ne pas assister à la disparition de l'un de ces commerces qui faisaient la sociabilité de notre France des campagnes, quand on ne l'appelait pas encore périphérique. Si rien ne change, ce pompiste sera le rémouleur et le maréchal-ferrand de demain : un métier de carte postale.

Ils étaient déjà en soins palliatifs, la crise en Ukraine risque bien de river le dernier clou du cercueil.

Jean Castex a annoncé, le 11 mars 2022, la mise en place pour tous les Français d’une remise carburant à la pompe de 15 centimes par litre HT. Sauf que ceux qui en profitent sont les stations-service qui vident en un jour ce que les très petites stations vident en un mois. Tant que les cuves sont pleines, elles ne peuvent pas profiter de cette remise. C’est double peine : déjà ordinairement peu compétitives avec les grandes surfaces, elles doivent continuer à vendre très cher une essence non remisée durant de longues semaines, au risque de dégoûter les plus fidèles de leurs clients.

Au point qu’en Haute-Loire, un pompiste de Saint-Paulien a décidé, il y a quelques jours, d’arrêter tout là et de baisser le rideau. Il a, du reste, été invité à en débattre - houleusement - chez Cyril Hanouna avec le ministre délégué aux Transports sur le plateau de « Touche pas à mon poste ! »

Une avance sur trésorerie de 3.000 € a été ouverte pour les gérants de stations traditionnelles, propriétaires de leur fonds de commerce distribuant moins de 500 hectolitres mensuels (et de 6.000 € pour celles se situant entre 500 et 1.000 hectolitres). Mais cette avance reste remboursable…

Pour Jacques Vaysse, garagiste à Salles-Curan (Aveyron) et président de la branche carburants de la FNA (Fédération nationale de l’automobile, porte-parole des artisans de l’automobile depuis 1921, qui compte actuellement 95 % de TPE), il faudrait que l’État s’engage sur une aide complémentaire non remboursable de 3.000 €. Il confie à Boulevard Voltaire ses inquiétudes : le problème est que cette période de transition ministérielle et les incertitudes qu’elle génère ne sont pas favorables aux prises de décision. Il appelle au secours les médias, leur demande de tirer la sonnette d'alarme, car il en va de la survie de tous les petits pompistes qui maillent le pays. Si l'on voulait renforcer un peu plus la diagonale du vide, on ne s'y prendrait pas mieux !

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15 mai 2022 à 16:15

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21 commentaires

  1. Depuis des décennies, quand l’état a un besoin criant d’argent , il augmente les taxes sur le carburant (ou/et les cigarettes) Résultat plus de 80 % de ce que vous payez est fait de taxes, voir de taxes sur les taxes TVA sur TIPP. Seulement maintenant cela devient insupportable. Ceux qui peuvent renoncent à utiliser leur voiture, mais il y a ceux qui ne peuvent pas : les taxis, les ambulanciers, etc …. Et comme l’état est incapable de gérer son budget , ce n’est pas demain que ça changera.

  2. Au quotidien, la disparition des Stations services rejoint le cortège de tous les commerces ou administrations fermés ,créant un problème pour les habitants qui sont obligés de faire des kilomètres en plus, pour tout simplement leurs besoins quotidien .Avec le prix des carburants qui a explosé ,cela plonge encore un peu plus beaucoup de nos compatriotes dans des difficultés .Vu la semaine dernière, une jeune Femme ne mettre que 15 euros d’essence dans le réservoir de sa voiture .

  3. La disparition des Stations Services a démarré depuis longtemps .La décision prise par des politiques aux ordres des lobbys de la grande distribution ,a tué une profession ou bien souvent un couple travaillé ensemble .Ces dix dernières années sont désastreuses, pour qui comme moi circule à moto sur le réseau secondaire .Plus de Stations mais des points essence qui fonctionne avec l’infernale carte « bleu » .Une volonté de saccage de la FRANCE réalisé par tous les traitres qui officient à la tête.

  4. A tous les bobos écolos qui ont conduit à la réélection du président haï par près de 70% des Français, je souhaite une bonne forme physique quand ils devront aller se ravitailler à la campagne pour se nourrir, le jour très prochain où les commerces des grandes villes n’offriront que des étals vides de tout produit naturel.

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