L’État a retrouvé les auteurs de rodéos : des cadres sup en scooter et col roulé

Mis à jour ce 5 mai avec l'agression d'un élu en Gironde.
Notre ami Jean Kast revient sur le dernier fait d’armes de ces jeunes de banlieues si malheureux en France. À Roissy, ils ont contesté physiquement la confiscation d’une moto toute neuve saisie par deux policiers qui ont dû effectuer des tirs de sommation. Un policier et un « jeune » sont blessés. En Gironde, ce samedi soir, un élu municipal a été violemment agressé, frappé et roué de coup au sol après avoir tenté d'arrêter un rodéo sauvage. Et pourtant - initiative louable s’il en est -, le ministère de l’Intérieur invite à lutter contre le phénomène avec une publication en ligne spécifique, sous ce titre : « Luttons ensemble contre les rodéos ».
« C’est une démarche gratuite et anonyme qui permet de prévenir la police ou la gendarmerie rapidement ou d’orienter l’action de ses services, si vous constatez ce délit », explique le ministère. Pour vous faciliter la tâche, on vous dresse même le portrait-robot du délinquant (voir illustration). Sympa, vous le reconnaîtrez ainsi immédiatement dans la rue. Ce jeune bien coiffé, vêtu d’un jean de bonne coupe, d’un blouson et d’un col roulé, fait cabrer son… scooter. On hésite entre le quadra de l’assurance, l’étudiant en droit ou le jeune diplômé d’école de commerce en stage chez Andersen Consulting. Pas de doute, Jean-Bertrand a dérapé ! Louis-Jacques se moque du monde ! Le texte a été mis à jour le 29 janvier 2025, donc sous le ministère de Bruno Retailleau, qui ne se sera évidemment pas lui-même penché sur ce détail et trouvera peut-être cette illustration grotesque (on l’espère).
C'est Séverine qui dérangeait dans le métro !
Mais voilà, tout dessin est porteur d'un message. L'illustration est révélatrice de l’extraordinaire exercice d’aveuglement volontaire qui accompagne les communications et les actions de l’État, dès lors qu'on touche aux inflammables banlieues. Le fameux mot de Péguy qui recommande de « dire ce que l’on voit » et, surtout, « ce qui est plus difficile, de voir ce que l’on voit » n'a jamais représenté un tel défi. La terreur semée par ceux qui traquent les « stigmatisations » pousse à l’absurde, à la stigmatisation de Jean-Bertrand. David Lisnard se souvient ainsi opportunément de Séverine qui dérangeait tout le wagon du métro, dans une publicité ridicule de Île-de-France Mobilités.
Bien vu ! Après Séverine qui multipliait les incivilités dans le métro, voici ce crétin de Marc-Edouard qui réveille le quartier et crée du danger en faisant du rodéo en scooter.
Voilà au moins qui va faire rire les habitants et la police. Encore une pépite de la com émanant… https://t.co/H8skRdCNp6— David Lisnard (@davidlisnard) May 4, 2025
Sur le harcèlement de rue, une campagne de l'État montrait trois jeunes bourgeois siffler et insulter une jeune fille, qui se bouchait les oreilles.
Personne n’ose remarquer que le roi est nu. Un lien avec les banlieues ? Le constat factuel du profil des délinquants amateurs de rodéos est interdit, les textes ont des trous, les illustrations mentent, les fonctionnaires de nos administrations (payés par les Français) se torturent le cerveau pour ne pas dire et tendre un rideau entre le discours et les faits. Une forme de théâtre du bien, le plus loin possible du réel et des effets concrets. Au risque de prendre les Français pour des veaux et des demeurés.
Les amateurs de rodéo ont-ils peur ?
Ainsi, la France vote des textes, publie des notes, les illustre, explique les risques - en pure perte. Le texte sur le signalement des rodéos rappelle que, « depuis 2018, un texte de loi sanctionne spécifiquement les rodéos. Les auteurs de ce type de délit peuvent recevoir une peine d’un an d’emprisonnement, de 15.000 euros d’amende ainsi que la perte de six points sur le permis de conduire. Toutefois, dans certains cas, le permis peut être suspendu pour une durée pouvant atteindre trois ans, voire être définitivement annulé. Le Code de la route prévoit également la confiscation du véhicule avec lequel le rodéo a été effectué. » Fort bien !
Résultat : dans nos « quartiers pauvres », le rodéo sur motos neuves ou véhicules de luxe est devenu massif. Apparemment, ces chérubins habitant des quartiers gavés de subventions ne tremblent pas de peur. Quelques exemples très récents ? Dans l’Oise, ce 1er mai, la police a saisi quatre motos et mis cinq personnes en garde à vue après un rodéo sauvage. À Bordeaux-Lac, deux amateurs de rodéo en Audi et en BMW ont eux aussi fini au poste dans la nuit du 2 au 3 mai. Jeudi soir, un jeune de 27 ans a été interpellé à Escautpont, près de Valenciennes, en plein rodéo avec une motocross. Sans permis ni assurance, il zigzaguait entre les voitures et les piétons, accompagné d’un enfant de trois ans ! Ce 2 mai, trois véhicules de la police nationale ont été dégradés par des jets de projectiles, selon L’Indépendant. Deux policiers ont été blessés, suite à la rébellion d’un mineur, né en 2008, interpellé et placé en garde à vue. Le 30 avril, les policiers de Seine-Maritime ont interpellé un mineur en plein rodéo urbain dans les rues de Fécamp, selon Tendance Ouest. Il va falloir que Jean-Bernard et Louis-Jacques respectent la loi, sinon, confiscation du scooter. Non, mais !
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69 commentaires
Il faut dire que son prédécesseur aimait lui aussi le scooter. Mais pour d’autres rodéos dans des quartiers beaucoup plus chics.