Encore un « observatoire pour combattre les discriminations ». Et si l’on s’intéressait aux causes ?
Depuis longtemps, maintenant, la Seine-Saint-Denis est un laboratoire. C’est même un déversoir des bonnes intentions, avec les effets qu’on sait. Alors, on y crée maintenant un « observatoire pour combattre les discriminations ».
Lancé à Montreuil, ce mardi, par le conseil départemental, ce « nouvel outil », nous dit Le Parisien, « doit servir à lutter contre les discriminations liées à l’origine, la couleur de peau, la religion ou encore le quartier d’habitation ». Occasion, également, de nous révéler « le dernier baromètre [des discriminations], où de nombreux voyants sont au rouge ».
Dans ce département qui bat des records d’immigration, de chômage et de misère (voir les chiffres ci-dessous), les discriminations sont légion : « Ne pas décrocher un job à cause de son nom de famille. Se voir refuser la location d’un appartement du fait de sa religion. Être victime d’un contrôle de police au faciès », etc. La liste n’est pas exhaustive, et l’enquête de Harris Interactive réalisée en juillet dernier nous dit que les populations estiment à 92 % être discriminées « en raison de leur origine ou de leur couleur de peau » ; 37 % déclarent en avoir été victimes sur les cinq dernières années, et 61 % chez les 18-24 ans.
« On voit que la question des discriminations a subi un tournant majeur depuis plusieurs années et particulièrement en Seine-Saint-Denis, avec une forte hausse du sentiment mais aussi des faits subis par les habitants », dit le président PS du conseil départemental Stéphane Troussel. Pour y remédier de façon concrète, vont donc démarrer en janvier « des enquêtes sur l’emploi et le logement lancées en collaboration avec SOS Racisme. Avec un principe simple : envoyer à des entreprises des CV comparables, mais avec des adresses différentes, ou des dossiers similaires à des agences immobilières en modifiant l’âge, le sexe, l’appellation, etc. »
Des enquêtes, coûteuses sans doute, qui produiront des chiffres qui ne changeront rien à l’affaire… Car des chiffres et des enquêtes, on en a tant qu’on en veut. Prenons ceux de l’INSEE, par exemple, très officiels et, par là même, incontestables. Ils nous disent que la population de Seine-Saint-Denis a augmenté de 16 %, entre 1999 et 2016 ; que le département compte le plus fort taux de population immigrée en France, soit 30,7 % ; que la population étrangère y est de 24,5 % ; que le chômage y atteint 17 % et la pauvreté 28,4 %.
Ces chiffres proviennent d’une « Étude sur la population immigrée en Seine-Saint-Denis » publiée en mars dernier par le même Observatoire départemental afin de « permettre de mieux apprécier les enjeux et les besoins à prendre en compte dans la conduite des politiques départementales ». Par exemple, nous dit-on, « les enjeux relatifs à l’accès aux droits sociaux, à la prévention et à la lutte contre les discriminations, ou encore le point d’appui que peut constituer la diversité linguistique du territoire pour l’organisation des Jeux olympiques et paralympiques de 2024 (sic) ».
Les Jeux olympiques… une vraie niche ! Il faut dire que 30 nationalités sont représentées dans le département, les populations majoritaires étant toutefois issues d’Afrique, principalement d’Algérie (18 %), du Maroc et de la Tunisie, qui représentent un tiers des immigrés.
Les discriminations existent, certes, mais par qui sont-elles exercées ? Contre qui ? Pourquoi ? Quelle religion pose problème ; à qui, là encore ? Aucune enquête, jamais, n’aborde l’épineuse question des communautarismes, comme s’il était entendu que seuls les Français de souche et blancs de peau discriminent ces pauvres gens… Comme s’il était entendu, là encore, qu’entre Algériens et Maliens c’est le grand amour, comme entre les Chinois et les Tchétchènes…
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