Macron inquiet d’un processus de décivilisation : à qui la faute ?
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Cet article a été publié le 25/05/2023.
Cet article a été publié le 25/05/2023.
« Décivilisation » : Emmanuel Macron n'a pas inventé le mot. Disons qu'il l'a remis à la mode. C'était en mai dernier, quelques semaines à peine avant les émeutes qui ont embrasé la France...
Mercredi, en Conseil des ministres, Emmanuel Macron, évoquant les violences, « quelle que soit la cause », qui frappent notre pays, a parlé d’un « processus de décivilisation ». Aussitôt, le chœur des pleureuses a donné de sa grosse voix. Pour se désoler de ces violences ? Penses-tu ! Pour reprocher au président de la République l’usage de ce mot nauséabond. Le fils spirituel de Savonarole et de Torquemada - entendez Edwy Plenel - et quelques-uns de ses épigones y ont vu le signe d'une dérive fasciste du chef de l'État : en 2011, Renaud Camus a publié chez Fayard un essai intitulé Décivilisation. Si ce n’est pas une preuve ! Quand le vitrier propose à Edwy Plenel de « remplacer » sa fenêtre, Edwy Plenel le met-il dehors en le traitant de facho ? D’autant que le néologisme n’est pas de Renaud Camus mais du sociologue allemand Norbert Elias, dont les parents sont morts en camp de concentration. La reductio ad hitlerum va être compliquée, même si, dans ce domaine, on sait Mediapart capable de grandes prouesses.
Le mot décivilisation - déjà utilisé notamment par David Lisnard et Bruno Retailleau bien avant Emmanuel Macron - est aussi fort que juste. Plus fort et plus juste qu’ensauvagement, car s’il désigne la même réalité, il décrit en plus une marche arrière : une régression morale. Le synonyme pourrait être un autre néologisme : « rensauvagement ». Retour à la loi du plus fort et du chacun pour soi. Foin de l’honneur et du respect. De la veuve et de l’orphelin. Les femmes et les enfants après. Ou jamais. Oui, c’était mieux avant. Quand nous étions civilisés.
Dans son œuvre « Sur le processus de civilisation », qui comprend deux volets - La Civilisation des mœurs (1975) et La Dynamique de l’Occident (1975), Norbert Elias explique que la civilisation occidentale s’est échafaudée autour de deux resserrements concomitants : la circonscription de la violence légitime autour d’un État solide, en mesure de la contenir et l'utiliser avec justice ; la contention des pulsions par un corset moral d’autocensure, s’exprimant par un formalisme fort dans les rapports sociaux. L’État est aujourd’hui faible, son monopole de la violence légitime est contesté, le corset moral a disparu, emporté par le reflux du christianisme et, par conséquent, de la conscience individuelle qu’il avait développée. Quant aux code de vie en société… les institutrices se font appeler Léa ou Stéphanie par les enfants (« Madame ? Mais je n’ai pas 80 ans ! »), les ministres écrivent des bouquins pornos, les Présidents font des galipettes dans l’herbe avec des youtubeurs et il n’y a guère que les croque-morts qui ne soient pas en jean, les mains dans les poches, lors des enterrements (avec peut-être le macchabée. Et encore).
Toutes les cases de Norbert Elias sont (dé)cochées. Nous sommes bien dans un processus de décivilisation. Emmanuel Macron a raison. Sauf que s’il n’en est pas le seul promoteur - la décivilisation s’inscrit dans le temps long -, il n’a rien fait pour en inverser la vapeur, bien au contraire : C’est McDonald's qui déplorerait la montée de l’obésité. Le en même temps est une forme de schizophrénie. Le Président qui pointe la décivilisation est l’Emmanuel Macron du Puy du Fou, pas celui de Macfly et Carlito. Or, il est « l’un et l’autre », comme dit la chanson. Peu de chance, donc, puisqu'on parle de processus, que le processus de réflexion sur la décivilisation se poursuive : l'autre fera taire l'un.
« La nature d’une civilisation, c'est ce qui s'agrège autour d’une religion », écrivait André Malraux. Plus de religion, plus de civilisation. Ou bien, autre hypothèse, pas tout à fait absurde : autre religion, autre civilisation. La France est Perrette pleurant sur le lait renversé. Comment refaire pousser fleurs et fruits sur un arbre que l’on a soigneusement déraciné et que l’on ne veut surtout pas replanter ?
Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 28/08/2023 à 11:22.
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Gabrielle Cluzel
Directrice de la rédaction de BV, éditorialiste
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57 commentaires
Décivilisation est un mot barbare, prétentieux pour ne pas employer les mots : « révolte, contestation, opposition suicidaire, : notre président est prétentieux et incapable ( appelons un chat , un chat et « Macron, un fripon » ) : l’acte concerné est un acte de révolte : le président doit démissionner !!! SRGC
Ce texte est sublime. Une pièce artistique.
Belle écriture chère Gabrielle.
Pour moi le grand responsable est l’hypocrite Macron. Depuis 6 ans c’est le chaos en France. Aujourd’hui il fait semblant de découvrir la décivilisation parce qu’il voit monter la révolte de tous les Français. Ses trois gouvernements d’incapables ministres tous enfants de bourgeois de drauche n’ont jamais voulu respecter le régalien.
Deux ministres à remplacer immédiatement Dupont Moretti et Darmanin. Les citoyens veulent de la sécurité partout.
Si les prisons sont pleines, nous devons remettre en place la peine de mort. Il n’y a plus de choix pour faire respecter notre police et la gendarmerie et le personnel hospitalier.
Les seuls qui aient le quasi droit de mort sont les malfrats et les militaires en cas de guerre. Les malfrats peuvent tuer sans trop risquer et avec les magistrat « border line » et les remises de peine… L’automobiliste est presque plus sanctionné et en outre lui a droit à la double peine, retrait de points PLUS amende…
Nous sommes d’accord.
*****
C’est délibérément, sciemment que Macron « décivilise ». Il est là pour cela.
Salomon a demandé sagesse et bon sens, si seulement nos politiques en avaient même sans demander !
Pour ce qui me concerne , ça fait 6 ans que j’écris ici ou là que Macron est « Nocif » pour la France ! Davantage que Hollande , alors qu’au cours de son mandat , je ne pensais pas que nous puissions avoir pire ! Effectivement , si la France est en cours de « décivilisation » , l’énergumène en question en est devenu , de très loin , le premier contributeur .
J’ai beau chercher , je ne me rappelle pas avoir vu l’ensemble des présidentes de la « République française », de Mitterrand à Hollande, en train de participer à des hommages devant des cercueils que macron en 6 ans ! …
Sa dictature idéologique et ses activités sociologiques ont atomisé la FRANCE mais il accuse les autres tel un sale gosse « c’est pas moi … c’est eux ! … » Le nez dans la merde, il continuera à dire que c’est les autres qui puent ! … L’auto proclamé « premier de cordée » étrangle le peuple français avec sa corde européiste/mondialiste et pour s’assurer que ça va être efficace, il compte sur vonderlayen et met la FRANCE « aux dépends » des USA et de l’OTAN …
Ce couple de coucous politicards ont l’infamie de la corde qui dit à son pendu: « je suis ton seul soutien ! … »
macron et son bilan ont un qualificatif commun dans tous les domaines: la mort qui cloue le cercueil de la FRANCE !
Mort de la Santé
Mort de La Sécurité
Mort de La Justice
Mort de l’Education
Mort du Nucléaire électrique
Mort de L’EMPLOI
Mort de La Souveraineté FRANCE
Ami, entends-tu le vol noir des corbeaux sur nos plaines?
Ami, entends-tu les cris sourds du pays qu’on enchaîne?
Ohé, partisans, ouvriers et paysans, c’est l’alarme
Ce soir l’ennemi connaîtra le prix du sang et les larmes
Décivilisation, oui il ne fallait pas être Einstein pour le découvrir. Le plus surprenant c’est que le président l’annonce presque naïvement. Ne réalise-t-il toujours pas qu’il est aux manettes et que veiller au bon fonctionnement de la France c’est son rôle. Les disfonctionnements dans les domaines régaliens se sont accentués depuis son arrivée à l’Elysée. En ignorant l’ensauvagement de notre société, en nommant des ministres tels que Dupont-Moretti et Pap Ndiaye … il est en partie responsable de cette décivilisation. Il est le seul à pouvoir faire changer les choses mais il est aveuglé par son idéologie et semble réaliser aujourd’hui ce que la plupart des Français dénoncent depuis des années. Décivilisation oui, alors qu’allez-vous faire Monsieur le Président ? Nous attendons des actes, le temps n’est plus aux paroles aussi justes soient-elles.
Très bonne analyse Gabrielle. Vous avez fait le tour du sujet. Pour vous accompagner, une brutalité de l’esprit me vient . Tout rapprochement avec votre sujet serait de mauvais goût. Que peut-on attendre d’une « lopette » à la tête d’un Etat ? Elle s’applique trois théorèmes. « Dans le paraître tu t’appliqueras ». Ce qui la rend courtisée, adulée, par sa simple présence ou verbiage. Le théâtral avant tout. Heureuse ! » Dans l’inaction tu te maintiendras » . Ce qui lui évite d’affronter, de prendre des coups qu’elle reçoit malgré tout , l’action inhabituelle la rendant totalement maladroite, voire pointée du doigt. « Dans la déconstruction tu t’efforceras » . Un réflexe qui lui évite de mettre en avant son impuissance à construire et qui la rend première de cordée des minorités agissantes en promotions négatives. Elle délègue.
Ça ce voit tellement qu’il ne peut même plus mentir pour évoquer les faits
Lorsqu’il parle de décivilisation et qu’il a l’air de dénoncer celle-ci, c’est uniquement pour faire plaisir au LR et glaner quelques voix au parlement. Au contraire, Macron est le géniteur de la décivilisation et il la pratique avec enthousiasme, allégresse et application progressiste et woke. Car c’est bien lui qui remet en question l’Histoire de la France, qui remet en question la survie du peuple français, la culture française, l’enseignement de la langue française, l’économie et l’industrie ; c’est lui qui veut désintégrer et noyer la France dans un espace baroque et sans âme, mortifère même : l’Europe.
Exactement !
Le Président Macron est inattaquable quand il préside une cérémonie comme celle d’hier à Roubaix. Cet excellent acteur interprète correctement le discours qu’un talentueux « nègre » lui a écrit. Malheureusement, quand il se laisse aller à l’improvisation, il déraille complètement, car il n’a apparemment aucune moralité et aucun bon sens et son ego surdimensionné lui fait perdre tout esprit critique. Il ne mesure probablement pas ce qu’une menue dérogation de langage peut lui faire perdre en crédibilité : « ceux qui ne sont rien », « ceux qu’il a très envie d’emmerder », les « illettrées ». A ve point de vue, il est le premier « décivilisé » et cela commence à se voir. Il ne comprend pas qu’il se condamne lui-même quand il dit que le mépris c’est de refuser le dialogue et de mentir.
Il faut être bien niais pour se poser la question …et de constater l’état du pays ..tant qu’il sera là notre pays sera en péril .
Excellent ,merveilleusement écrit et tellement vrai …Merci.
Redéfinition du « en même temps » : hypocrisie. Il ose parler de décivilisation alors qu’il fait ou laisse entrer 500 000 non civilisés par an et interdit à quiconque de demander l’avis des Français.
Quant à ensauvagement, terme édulcorant cher à Chevènement, c’est en réalité de la criminalité non réprimée ou combattue, au choix.
Tout à fait d’accord !
Vous avez raison sur toute la ligne.