Emmanuel Macron : c’est moi, le patron ! Vraiment ?

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« Il fait ce qu’il veut quand il veut… on s’est habitués à être parfois un peu loin des décisions. »

Rapportés dans Le Figaro, les réactions de quelques ministres à l’interview surprise d’Emmanuel Macron au journal de 20 heures, mardi dernier, ne surprennent personne mais en disent long sur la communication comme sur la méthode macronienne. Quelques jours après la décision surprise de ne pas confiner, prise par le chef de l’État à rebours de son Premier ministre et du Conseil scientifique auquel il a lui-même donné un pouvoir extraordinaire depuis un an, cette communication présidentielle a de quoi interroger.

La décision de ne pas confiner, annoncée non par Emmanuel Macron lui-même mais par son Premier ministre, partisan farouche du confinement – on appréciera la rouerie du procédé –, a pris tout le monde de court, les médias en premier. Certains, par une volte-face dont la rapidité n’a d’égale que l’incohérence, n’ont pas hésité à qualifier cette décision de « churchillienne ». N’exagérons rien !

Tout simplement parce que le président de la République, après s’être appuyé pendant un an sur un Conseil scientifique composé non pas d’élus mais de médecins, pour prendre des décisions aux conséquences tellement lourdes qu’elles ont grevé l’avenir des Français, a semblé reprendre la main. Retrouver le sens du politique, le rôle du chef.

Est-ce vraiment le cas ?

On le sait, il n’y a plus qu’un an avant le lancement de la campagne de l'élection présidentielle. Le tremblement de terre politique, économique et social qu’a constitué cette épidémie a mis au jour toutes les failles de l’industrie française, les retards dans la recherche scientifique, les pesanteurs de la bureaucratie et les carences du système de santé malgré un personnel soignant souvent de grande qualité : tous ces éléments ont empêché une réaction rapide, ciblée et efficace face à cette urgence sanitaire.

Et ça ne colle pas avec cet « esprit du macronisme », ce nouvel élan de modernité qu’Emmanuel Macron voulait insuffler à la France. Comme dit Myriam Revault d’Allonnes dans les colonnes du FigaroVox, Macron voulait soumettre « l’action politique à des critères d’efficacité, de rentabilité, de modernisation et d’innovation. Mais qu’en est-il des valeurs de solidarité, de fraternité et de l’intérêt collectif ? »

La start up nation a donc vécu, et le mauvais feuilleton des masques et des tests que nous étions incapables de produire, des hôpitaux très rapidement surchargés, le stop and go, confinement, déconfinement, couvre-feu, reconfinement, etc., a révélé le grand déclassement de la France - déclassement dont, soyons honnêtes il n’est pas seul responsable puisqu’il en a hérité. Mais qu’il s’est montré incapable de réformer, se heurtant à un système... dont il est lui-même issu.

Mardi, la prise de parole sur la stratégie vaccinale, qui relève plutôt de la logistique et de l’organisation et qui, à ce titre, devrait être du ressort de ses ministres, a aussi montré la faiblesse d’une stratégie européenne dont il était le promoteur. Par ailleurs, elle laisse apparaître, certes, une volonté de reprise en main du processus de décision politique, mais surtout le manque de coordination entre Macron et ses ministres.

L’intendance suivra ! Oui, mais quand l’intendance cafouille, lambine, prend des chemins de traverse et avance à un train de sénateur, terrorisée, de plus, par le risque pénal, bref, quand l’administration n’est ni dirigée ni réformée, peu importe la volonté politique, la décision du chef. Les décisions ne seront pas exécutées, ou si mal.

À un an de la fin de son mandat, tandis qu’approche l’heure du bilan, il est temps pour Emmanuel Macron de s’en rendre compte.

Marie d'Armagnac
Marie d'Armagnac
Journaliste à BV, spécialiste de l'international, écrivain

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