Encore sous le choc de l'évacuation précipitée du théâtre des Bouffes-du-Nord, les services de sécurité de l'Élysée découvrent, effarés, que le nom de code top secret par lequel ils désignent l'objet de toute leur attention est dévoilé dans la presse. Emmanuel Macron, dont on ne peut prononcer le nom sans provoquer quelques courts-circuits et autres ruptures de canalisation, est ainsi nommé « Vega » par l'équipe de cerbères qui le protège. « Charlie Tango » à « Zéro Bravo », attention, Vega descend de voiture sous les sifflets et les huées... Vega vient d'esquiver un lancer de tomate... Madame Vega l'a reçue, etc.

Dans les colonnes du Figaro, l'un des Vega's boys explique la stratégie d'anonymat déployée lors des sorties privées : « Le mieux est de le faire entrer quasi incognito, parfois dans la pénombre... » Entrée masquée façon Don Diego de la Vega, d'où le nom de code... « Si le public ne le reconnaît pas avant la fin de la représentation, 60 % de la mission est réussie. » Les 40 % ratés représentent l'identification du Président par les acteurs. Jouer à rideau fermé verrait la mission réussie à 100 %, mais le public n'est pas encore mûr pour tant de sécurité républicaine.

À ce stade d'impopularité, les réunions électorales de la prochaine présidentielle pourraient prendre un tour confidentiel. Affiches anonymes et meetings dans des souterrains humides. Le tout relayé par des radio-amateurs. Puis le clou de la campagne avec une grande réunion dans les catacombes parviendrait à rassembler plus de 1.000 personnes, dont 680 gardes du corps et 25 tireurs d'élite.

Une « source informée » concède au Figaro le maillon faible de la protection actuelle : les réseaux sociaux. Assis trois rangs derrière le couple présidentiel dans la salle des Bouffes-du-Nord, Taha Bouhafs, l'oxymorique « journaliste militant » qui alerta les frondeurs via un tweet, ne pouvait être détecté. « Dans ce genre de circonstances, on ne dispose pas de la liste nominative de l’assistance, et contrôler tout le monde ne ferait qu’éveiller les soupçons du public », confie un ex-super flic au quotidien. Appelé à commenter cette péripétie, Benalla n'est pas de cet avis et déplore qu'aucun « criblage » des spectateurs n'ait été effectué : « Nom, prénom, date de naissance, et on vérifie, par exemple, s'il n'y a pas un fiché S dans la salle », précise-t-il. Ah, de son temps, ça filait droit : tout le monde face au mur, les mains en l'air ! Fouille au corps, les récalcitrants ficelés sur les fauteuils du théâtre. Du travail de pro.

Vega est également le nom d'une étoile située à 25 années-lumière de la Terre. On ne pouvait trouver nom de code plus pertinent.

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22 janvier 2020 à 11:15

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