Emmanuel Macron a semé le vent ; aujourd’hui, il récolte la tempête !

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Le gouvernement français tente désespérément de sortir d'une impasse qui n'est pas un accident mais la forme originelle et structurelle de son existence. Les Français ont élu Emmanuel Macron par défaut, d'abord à la suite d'un coup d'État médiatico-judiciaire qui les a privés d'une alternance logique, et ensuite pour ne pas voir son adversaire du second tour accéder à l'Élysée.

Le Président "jupitérien" n'a été élu que par 44 % des inscrits, et parmi ceux-ci, près de la moitié (43 %) ont voté "par défaut", contre son adversaire et non pour lui. Il est soutenu à l'Assemblée par une majorité légale, mais qui n'a aucune légitimité démocratique (lors du premier tour des législatives, 51,3 % des électeurs se sont abstenus. La République en marche et son allié, le MoDem, n'ont réuni que 15,39 % des inscrits et ils totalisent 354 députés sur 577, rejoints par des transfuges républicains, que leurs électeurs n'avaient sans doute pas élus dans cette intention). Une majorité de Français ne se sent pas représentée. Lorsque des mesures impopulaires et inefficaces, assorties de propos méprisants et de comportements douteux, sont devenues la marque du régime, une grande partie de la population s'est sentie trahie.

C'est ce qui explique l'ampleur géographique du mouvement des gilets jaunes, le nombre relativement élevé des manifestants et la durée d'un mouvement qui ne s'essouffle pas vraiment, la détermination de beaucoup, et la violence de quelques-uns. Les saillies provocatrices de certains ministres irresponsables, assimilant les opposants à des "chemises brunes", c'est-à-dire à des nazis, ont jeté de l'huile sur le feu. Plus de dix milliards de cadeaux sélectifs ont été distribués, mais toujours avec ce "saucissonnage" des seuils, des plafonds dont le président du groupe LREM à l'Assemblée, M. Le Gendre, a cru pouvoir dire qu'il était un excès d'intelligence.

Avec cette balourdise, il révélait sans le vouloir la véritable dimension du problème. Une fracture parcourt la plupart des pays développés depuis longtemps : elle sépare non les riches et les pauvres, mais la classe mondialisée peu soucieuse des frontières et les classes moyennes de plus en plus "déclassées", fragilisées, touchées par la concurrence étrangère des produits et des hommes, et par les atteintes à ses mode et niveau de vie.

Par un étrange paradoxe, les Français - une minorité décisive d'entre eux - ont élu un Président qui est le visage caricatural de l'oligarchie, celle des hauts fonctionnaires puisqu'il est énarque, et des milieux d'affaires, puisqu'il a été banquier. Mondialiste, fier de parler anglais devant ses pairs de Davos, eurolâtre, Macron devait réussir un redressement économique rapide, une résorption du chômage pour faite oublier ces tares originelles. Il a préféré étaler son arrogance et ses prétentions.

Arrive donc l'heure du bâton, et le père Fouettard s'appelle Édouard Philippe. Mieux vaut, en effet, que ce soit un "républicain" renégat plutôt qu'un socialiste comme Castaner, gaffeur, qui incarne aux yeux des partisans de l'ordre le visage de celui-ci. Ainsi, le gouvernement veut ficher davantage et réprimer plus sévèrement, par le biais d'une résurrection de la loi anti-casseurs d'Alain Peyrefitte en 1970, abrogée par Mitterrand en 1981. Les casseurs seront fichés et seront les payeurs. Ces propositions sont clairement de "droite" puisqu'elles ont été émises ou soutenues par la "droite" à l'Assemblée comme au Sénat, récemment, mais en visant d'autres auteurs.

On ne peut, ici, que souligner le cynisme d'un gouvernement qui, lui, n'est pas de droite mais veut appliquer aujourd'hui contre des manifestants, qui sont pour beaucoup plutôt de droite, des méthodes de répression qu'il n'a pas voulu utiliser contre les Black Blocs ou les voyous de banlieue. Il s'agit, une fois de plus, d'une manœuvre qui tente d'utiliser les images des violences subies par les forces de l'ordre.

Le pouvoir actuel prétendait réunir les Français. Sa source ne lui permettait pas d'atteindre cet objectif. Il a aujourd'hui suscité le résultat inverse, un pays déchiré où l'on s'affronte dans la rue et qui offre une image internationale déplorable. Les gilets jaunes n'en sont nullement responsables. Celui qui sème le vent récolte la tempête. Jupiter, c'est Éole, et s'il y a un responsable qu'il faut aller chercher, c'est comme il l'a dit un jour : lui-même !

Christian Vanneste
Christian Vanneste
Homme politique - Ancien député UMP, Président du Rassemblement pour la France, Président de La Droite Libre

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