Le premier tour des élections présidentielles polonaises a eu lieu, ce dimanche 28 juin, avec une participation historique : 62,9 %. Si la campagne a été ennuyeuse, le profil des candidats, lui, est particulièrement intéressant.

D’abord, plantons le décor. En Pologne, le pouvoir du président est moindre que celui de son homologue français, il n’a pas d’autorité sur le Premier ministre qui gère seul le pays. Par contre, en période de cohabitation, son pouvoir de nuisance est bien plus important que celui d’un Président français car il a un droit de veto. Aussi, pour le parti conservateur au pouvoir (PiS), un président issu de l’opposition progressiste serait très handicapant.

Je pense que ce qui aurait le plus frappé un Français, lors de cette présidentielle, c’est qu’aucun des onze candidats n’a demandé l’introduction de l’IVG et du mariage gay en Pologne, sauf un : Robert Biedroń. C’est le candidat progressiste-socialiste. Il est anticlérical, pro-LGBT, pro-migrant, pro-IVG, etc. Si vous lisez Le Monde, Libération et autres La Croix, vous n’avez pu manquer un portrait élogieux, faisant de lui le futur président de la Pologne. Maire d’une ville équivalente à Belfort, il a bénéficié d’une couverture médiatique en Europe et en Pologne sans aucun rapport avec son CV. Au début, il y a un an, cela a plutôt bien marché. Puis, au bout de quelques mois, les Polonais se sont aperçus que c’était un personnage sans épaisseur, idéologue et sectaire. Selon les sondages, il ferait 2,9 %. Ensuite, il y a six mois, un nouveau candidat, Szymon Hołownia, est apparu et a eu les faveurs des médias progressistes (en Pologne, deux tiers des médias sont progressistes, ils appartiennent à des groupes allemands ou des fonds américains tels que ceux de George Soros). Catholique progressiste, il écrivait dans l’équivalent de La Croix et était animateur sur la chaîne polonaise progressiste TVN. Tout allait bien pour lui jusqu’à il y a environ un mois : il s’est réveillé en pleine nuit et a commencé à se filmer sur les réseaux sociaux en pleurs, braillant qu’il allait défendre la Constitution polonaise. Malgré cette bouffée délirante, il ferait, selon les sondages, 13,3 %.

Ne vous méprenez pas, Szymon le catholique et Robert le gauchiste ne sont que les rabatteurs pour le second tour du candidat du principal parti d’opposition progressiste, Rafał Trzaskowski. Jeune et beau, il est l’actuel maire de Varsovie. C’est le frère jumeau de Macron en tout. Comme Macron, c’est un candidat inattendu, car il a remplacé au pied levé, il y a un peu plus d’un mois, la candidate de la PO (Plate-forme civique) qui, à cause de ses gaffes à répétition, était en chute libre dans les sondages. Comme Macron, son incompétence n’a d’égale que son arrogance. Comme le Macron d’avant le Covid-19, émettre des doutes sur la mondialisation, les migrants ou l’idéologie LGBT fait de vous un facho. Comme Macron, il n’a que l’Europe et le réchauffement climatique à la bouche mais, dans les faits, ne promeut qu’un monde sans frontière et le green business. Comme Macron, c’est le candidat des médias mainstream et de l’establishment. Il est arrivé second lors de ces élections, avec 30,4 %.

Face à lui se trouve le président sortant, Andrzej Duda, catholique pratiquant, affichant son patriotisme. Du temps du général de Gaulle, on l’aurait qualifié de centriste, aujourd’hui de conservateur. Trump et lui s’apprécient beaucoup, même s’ils ont des styles totalement opposés. Il a fait une campagne un peu morne avec, pour programme, de continuer et consolider sa politique pro-familiale. Il a gagné le 1er tour haut la main : 41,8 %.

Dans deux semaines le second tour. Il devrait se résumer en une seule phrase : tous contre Duda.

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28 juin 2020 à 21:00

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