[EDITO] Vent de folie chez les LR

Ce soir, il est libre, Ciotti. C'est peut-être sa seule folie !
fou

Qui est fou ? Éric Ciotti, si l’on en croit nombre de hiérarques des LR. Ces caciques que l’on qualifie, en vertu de la captation d’héritage du gaullisme effectue par ce parti - qui n’a, pourtant, plus grand-chose à voir avec le gaullisme historique -, de « barons ». Durant cette folle journée du 12 juin 2024 et au lendemain de l’annonce fracassante d’Éric Ciotti de s’entendre avec le Rassemblement national pour les élections législatives, on a voulu faire passer le président des LR pour une sorte de fou, de forcené, prêt à faire Fort Chabrol au siège des LR à deux pas de l’Assemblée nationale. N’a-t-il pas, ce mercredi matin, fait fermer les portes, renvoyé les permanents chez eux pour travailler en télétravail, refusé de participer au bureau politique convoqué par la secrétaire générale Annie Genevard, bureau politique qui allait se prononcer sur son exclusion du parti ?

 

Ciotti, un quasi-délinquant, si ce n’est un criminel... contre l'humanité

Pour un peu, on allait en appeler à la force des baïonnettes. Geoffroy Didier, eurodéputé sortant (ou sorti, puisqu’il avait été relégué à la onzième place sur la liste de Bellamy), n’a pas hésité à déclarer que, s’il fallait, on délogerait Ciotti « même physiquement » de son bureau (avec les flèches de l’arc républicain ? Pas très « État de droit », ça !). Et la sénatrice Agnès Evren affirmant qu’il fallait mettre « hors d’état de nuire Éric Ciotti à son parti politique ». Ciotti, un quasi-délinquant, si ce n’est un criminel… contre l’humanité, ça va sans dire. On se croirait dans un roman de Dumas pendant les guerres de religion. À l’époque, Ciotti aurait été coincé dans un sombre corridor, poignardé, passé au fil de l’épée, dépecé et, in fine, jeté dans la Seine. On n’en est plus là, mais l’idée y est, ce 12 juin. Finalement, le bureau politique a exclu le député des Alpes-Maritimes, qui conteste cette décision, car cette instance n’a pas été convoquée conformément aux statuts (pour des gens si légalistes, c’est curieux !). À l’issue de ce bureau politique, courte déclaration d’Annie Genevard, entourée de tout un tas de « barons », dont Wauquiez, Barnier, Tabarot (présidente de la commission d’investiture), Larcher, Pécresse (4,78 % à la présidentielle de 2022…), Copé, Fasquelle (trésorier du mouvement) : « La France a besoin d’une parole forte et indépendante, distincte de l’impuissance du "en même temps" et du saut dans l’inconnu du Rassemblement national… », déclare-t-elle, oubliant d’évoquer une troisième hypothèse : le « saut dans le chaos » que représenterait la victoire de l’extrême gauche à travers ce « Front populaire » dans lequel LFI a la part belle. Alors, déclare-t-elle, en lisant le texte qu’elle n’a visiblement pas rédigé : « Entre la bien-pensance dénuée du moindre courage et la rage dénuée de la moindre crédibilité qu’incarne La France insoumise, l’Assemblée nationale aura besoin d’un pôle de stabilité… » Voici donc où en sont réduites les ambitions d’un parti qui gouverna si longtemps la France : être un pôle de stabilité à l’Assemblée nationale. Il est vrai qu'avec 4,78 % à la présidentielle de 2022 et le triomphe romain aux élections européennes de 2024, avec 7,3 %, on ne peut espérer mieux. L’histoire des LR comme parti ayant vocation à être leader de la vie politique française est donc close. On le savait depuis longtemps, mais on continuait, chez LR, à faire semblant. Genevard, en quelque sorte, entérine cette réalité en positionnant son mouvement en « pôle de stabilité ».

 

Comme des aliénés dans la camisole de force que Mitterrand leur a confectionnée

Éric Ciotti, lui aussi, a entériné cette réalité. Mais en refusant de devenir « La France soumise ». Certes, on lui reprochera d’avoir négocié avec le RN dans le dos des instances dirigeantes de son parti. Certes, on dira qu’il a peut-être voulu sauver sa « circo » des Alpes-Maritimes. Certes. Mais ce n’est sans doute pas lui qui est fou. Les fous, ne sont-ce pas ces « chapeaux à plume », comme les qualifie lui-même Ciotti, sur le plateau de Christine Kelly, ce mercredi soir ? En bande folle, comme un monôme halluciné, ils vont au suicide, apparemment contents d'eux-mêmes, prêts à continuer à agir les mains liées dans le dos, comme des aliénés, dans la camisole de force que Mitterrand leur a confectionnée, il y a quarante ans de ça. À la fin de cette folle journée, sur le plateau de CNews, Ciotti n'a pas l'air fou du tout. « On n’a fait que 7 % », rappelle-t-il, réaliste. Réaliste, à la différence de ce « cénacle de chapeaux à plumes déconnectés de la réalité des Français », ajoute-t-il. Des Français qui lui disent : « Unissez-vous, la France est en danger. » Pas fou mais lucide, lorsqu'il décrit ce qui est en train de se passer : l'affrontement de deux blocs. Le bloc de gauche, dominé par LFI (avec même le NPA, rappelle-t-il), d'un côté et, en face, le bloc de droite qui veut sauver la France (on comprend que, dans cette vision, la Macronie est morte). Pas fou, Ciotti, lorsqu'il s'exclame : « Mélenchon serait donc plus fréquentable que Bardella ? » Pas fou, Ciotti, qui revendique les milliers de messages reçus qui l'encouragent dans sa démarche. Pas fou, enfin, lorsqu'il révèle qu'il a négocié autour de 80 circonscriptions avec le RN. Ce soir, il est libre, Ciotti, lorsqu'il affirme vouloir casser les codes. C'est peut-être sa seule folie !

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Georges Michel
Editorialiste à BV, colonel (ER)

Vos commentaires

70 commentaires

  1. Là ! on les entend. Sinon… Pas besoin d’être grand clerc pour comprendre comment ils en sont arrivés là ! Ils se disent… gaullistes ! alors qu’ils ne le sont absolument plus ( ou si peu ). En cas de crise, ils se montrent opportunément gaullistes, mais ça ne dure pas. D’où leur situation. Bellamy n’est pas mal, je trouve, dans le genre RN, bien sûr. Pourquoi ne font-ils pas un vote de leurs militants ? Pris de court eux-aussi ( bien joué cette dissolution et re-vote ultra rapide… est-ce bien démocratique de ne même pas laisser les gens se retourner ? ).

  2. Grand nettoyage de printemps, ça ne pourra qu’aller mieux. Nous avons trop de partis et de politiciens inutiles en France. Les caciques LR ont peur notamment les sénateurs qui craignent les prochaines sénatoriales en cas de raz demarée bleu Marine. Stéphane Ravier ne sera plus tout seul au palais du Luxembourg et Gérard Larcher va devoir se mettre à la diète.

  3. Ci-après, le message que je viens d’envoyer à ma fédération LR de l’Oise et à un sénateur de ma connaissance…
    ___________
    Bonjour,
    Je ne suis pas d’accord avec les chapeaux à plume de LR qui nous conduisent depuis trop longtemps de défaites en défaites. Avez-vous bien mesuré que nous avons fait 7% aux européennes alors même que nous avions un bon candidat ayant fait une bonne campagne ? Le peuple de droite, jamais aussi nombreux, ne nous prend plus au sérieux.
    Et si on invoque le général de Gaulle, on doit alors invoquer son immense sens tactique, sa capacité à faire des alliances (parfois même avec des communistes et des anciens collabos…) et surtout sa cohérence visionnaire qui toujours le poussait à servir l’intérêt supérieur de la Nation Française. Ces alliances parfois douteuses n’ont fait que l’aider à convaincre un large auditoire populaire sur l’essentiel et la validité de ses convictions. Et au résultat, il a gagné !
    Ciotti a raison de penser que le moment est à une « union des droites »:
    Parce que l’arithmétique compte : les additions sont une étape indispensable vers la victoire électorale. Ce que la gauche, elle, comprend très bien avec son « Front Populaire » bis.
    Parce que la tactique compte : nous sommes à un moment où, paradoxalement, le RN a besoin de LR car il sait, proche d’un accès au pouvoir, qu’il a besoin de nos forces vives, de nos réseaux d’élus et de nos capacités de parti de gouvernement. Rejoindre le RN, se rendre ensuite indispensable à son côté, c’est de facto augmenter notre influence sur la gouvernance du pays. C’est comme la France et l’OTAN : nous y avons plus d’influence à l’intérieur de l’Alliance que dans notre superbe isolement à l’extérieur dont nul n’avait cure, et Sarkozy l’avait bien compris en 2009.
    Parce que les tripes doivent aussi parler en politique : j’en ai assez, plus qu’assez, d’appartenir éternellement au camp des vaincus et dindons. La France s’écroule dans tous les domaines, jusqu’à pouvoir disparaître dans son essence et sa continuité historiques. J’en ai assez de Macron qui synthétise tous les abandons et les palinodies qui nous mené là. Le constat est partagé par tous et partout. Et je possède la conviction viscérale que les seules solutions sont à droite. Et que ce qu’il y a de droite chez tel ou tel mérite plus d’être pris en considération que ce qu’il y a de critiquable ou de risqué chez les mêmes…
    Quelles leçons de cohérence ou d’honneur ont à donner à Ciotti ceux qui évoluent au gré de leurs aller-retours au-dedans et au-dehors du parti, pour tantôt se tenter Alexandre le Grand et finalement se reconnaître Edgar Faure ?
    Pour moi, ce sera vote pour un candidat procédant de l’esprit « union des droites », qui n’est certes pas une fin en soi, mais une phase d’un plan d’opération politique devant amener au redressement de la France.
    LANTENAC

  4. Ciotti n’a plus eu la force de résister à s’allier à un parti, des partis, qui sont nettement plus proches de ses convictions. Je m’étonne simplement que d’autres LR n’aient pas suivi : Bellamy, Morano, etc. Quant à la Rousseau qui s’allie sans hésitation aucune aux chemises brunes, elle devrait avoir honte d’oser encore se montrer et faire des commentaires sur les élus probes, non alliés aux fachistes.

  5. Quel pôle de stabilité ? Celui qui a refusé de voter une motion de censure en rase campagne et qui se retrouve maintenant acculé et obligé de choisir entre des solutions qui lui déplaisent mais dont une seule est bonne pour les Français qui attendent un pôle de stabilité qui stabilise un RN ambitieux mais pas forcément très convaincant . Une occasion de se grandir sans prendre le risque d’être mouillé par l’échec .Capillotracté ? Au point où en sont LR et la France , et quitte à être ridicules autant servir !

  6. LR est à la dérive avec ces ringards qui encombrent le paysage politique de leur inutile prèsence depuis des années.
    Ciotti a parfaitement raison.

  7. Je la fait courte. Dans les années 70, quand nous avions créé sous Giscard le Comité de liaison des étudiants de France ( le CLEF) qui venait d’une part rassembler toutes les corpos par leur association nationale), d’autre part être la force d’opposition à l’UNEF trosko gaucho etc. On a reçu des sous du ministère de l’éducation qui nous avait dit : « prenez en vos rangs tous ceux qui veulent rester non alignés ». On a donc rassemblé les étudiants en médecine , en pharmacie, en dentairé, des grandes écoles … dont les associations nationales avaient des élus et pignon sur rue. En droit, on a été obligé de prendre une association (l’ANEF) totalement inconnue qui ne représentait quasi rien même à Paris. Le président était Roger karoutchi et le secrétaire général un certain Nicholas Sarkozy. Si si. Mais eux étaient RPR et ont tellement voulu prendre la direction du syndicat que rapidement Giscard a créé un syndicat concurrent (le Celf) nous a supprimé les subventions’ ce qui nous a conduit à dissoudre le CLEF. Et voilà les traites….

  8. La France est au bord du gouffre et le responsable de cette catastrophe est prêt à l’y précipiter. Le barrage contre l’arrivée de Jean-Marie Le Pen en 2002 lors du 2° tour de l’élection Présidentielle a permis de mettre en lumière que ceux qui ostracisaient son mouvement n’étaient pas de vrais démocrates mais des profiteurs. Vingt deux ans ont passé et enfin une majorité de Français a enfin ouvert les yeux. Eric Ciotti, Marion Maréchal et j’ose l’espérer bien d’autres ont compris qu’une opportunité s’offrait pour redresser la France et l’éviter de basculer. Seule une union de ceux qui s’opposent à la chute de la France, dès le premier tour des élections législatives, permettra de pouvoir obtenir une majorité pour bloquer le projet fou de celui qui règne en maître depuis bien trop longtemps. Les politiques qui ne l’ont pas compris sont soit des aveugles soit des traîtres aux idées de l’homme politique dont ils se réclament.

  9. Et les électeurs dans tout cela qui s’en inquiète ??? Ils font tous leur petite « cuisine » entre eux , bien assis dans leurs fauteuils de notables !! Le réveil va être très dur !!

  10. Mon entier soutien à Éric Ciotti, un homme loyal et courageux et fidèle à ses idées et celles de ses électeurs. Peut-être que la méthode employée est critiquable mais en réalité il ne pouvait pas faire autrement. Il savait très bien que la fronde serait en marche, et qu’il valait mieux que l’information vienne de lui dans la presse plutôt que ce soit un autre qui cache le morceau pour que Ciotti soit contraint de renoncer (et de quand-même partir plus tard). Moi je lis fais le parti que d’autres députés LR sortants vont le rejoindre et cela se passera de la même façon qu’avec ceux ayant rejoint Macron, c’est à dire sans que personne ne voit quelque chose. Quant à la scène de hier, on a assisté à un pathétique assaut du capitole de Bertrand, Pécresse et compagnie dans le rôle des putschistes pour contrôler un parti… Ciotti ne fait pas que bouger la poutre, il démonte la charpente de l’arc Républicain.

  11. LR , le seul parti à avoir un serrurier attitré, quelle comédie ! Ciotti à bien raison . Larcher et compagnie les français n’en veulent plus, ils ont participé eux aussi au déclin du pays.

  12. Les fou dans cette affaire ce sont les barons du LR ils non jamais compris le peuple de France pour eux le peuple c’est eux,justement NON le peuple c’est nous vous vous n’étes que nos employer car c’est nous qui vous payons pas le contraire,seul Ciotti est recevable de ce qui ce passe pas vous les chapeaux à plumes.

  13. Ces LR qui ont détruit le parti mais qui s’accrochent à leurs sièges, écoeurant ! Ils font le jeux de Macron qui ne jouit que de l’idée « après moi le déluge » et qui oeuvre à la destruction de la France au profit d’une Europe dans laquelle les peuples n’existent plus. M. Ciotti a tout à fait sa tête et sa raison, de même que Marion Maréchal. Tout deux ont la France en tête et non pas leur petits intérêts comme tous ces LR qui n’ont que leur survi en objectif. LR devient le parti de la démission, le parti de la destruction de la France. Lamentable. Il faut aller de l’avant et M. Bardella est largement plus fréquentable que Mélenchon et représente un réel espoir pour tous. Autodidacte qui n’a pas été pourri par Science Po dont on voit le désastre ni de l’ENA qui est devenu, en lisant bien l’école des ANES. Eric Zemmour dans sa prise de position n’est pas mieux, pendant deux ans il a prôné le rassemblement des droites et lorsqu’elle est là, certes sans lui mais est-ce une bataille d’égo, il la refuse et exclut ceux qui font ce regroupement. Ce genre de virage n’est pas très propre !

  14. Continuez monsieur Ciotti à vous opposer à ces « chapeaux à plumes » qui nous font battre depuis 30 ans et permettent avec indifférence de détruire la France pour conserver leurs prébendes personnelles.

  15. Cioti n’est pas un traitre à ses idées. Il était temps de renverser la table. Les cadres de LR ne sont que des socialistes comme Bertrand ou des macroniens. Bravo Eric Cioti

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