Selon So Foot, le problème du foot serait… le nazisme !

Ce mercredi, le numéro du mois de mai du magazine So Foot arrive en kiosque. Sa une ne passera pas inaperçue. Sur un étonnant fond vert, une croix gammée joue au football. En dessous de l’illustration, la revue spécialisée dans le traitement de l’actualité du ballon rond titre : « Comment l’extrême droite infiltre le foot ». Le magazine promet de le révéler, entre autres, grâce à des virées « au plus proche des hools [hooligans] néonazis qui investissent les tribunes ».
Après quelques pages consacrées à diverses actualités, le dossier s’ouvre avec un dessin représentant des gradins pleins de méchants néonazis. L’un fait le salut de Kühnen, l’autre un salut nazi. En fond, un drapeau français marqué de la croix de Lorraine - un symbole hautement fasciste, comme chacun sait !
L’extrême droite gagne tout: les urnes, les plateaux télé et les réseaux sociaux. Alors pourquoi pas les kops de supporters? De Reims à Rennes, virée au plus proche des hools néonazis qui investissent les tribunes.
En kiosque le 7 mai.
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— SO FOOT (@sofoot) May 5, 2025
Rien à signaler
Dans un premier temps, le magazine se penche sur le public de Reims, et plus spécifiquement sur un homme pris, trois ans plus tôt, en flagrant délit de collage d’affiches pour le Rassemblement national - un crime de lèse-majesté pour So Foot, un acte de militantisme qui classe directement son auteur dans la catégorie des fascistes. Le raccourci est grossier, peu importe. Un responsable du stade local indique à son sujet : « Ces gens-là ne sont pas les bienvenus. » Puis, il précise : « On met énormément d’énergie à faire le ménage, mais nos moyens restent limités. Les interdictions de stade ne se déclenchent pas comme ça, il faut des éléments concrets. » Il semble presque regretter qu’il n’y ait pas de débordements… C’est à n’y rien comprendre.
Quelques pages plus loin, focus sur la rencontre entre Rennes et Nantes qui a eu lieu le 18 avril dernier. Le reporter découvre avec stupeur des autocollants de groupuscules peu recommandables dans les toilettes du stade. Il note également que certains spectateurs ont remarqué une « recrudescence de tatouages de rune ». L'inquiétude est de mise, même si un supporter confie à So Foot : « On ne peut rien reprocher au kop concernant les drapeaux, les tifos et les chants… » C’est déjà trop !
Pour enrichir son dossier, So Foot s’intéresse ensuite à Mikheïl Kavelachvili, ancien attaquant de Manchester City devenu président de la Géorgie et considéré par le magazine comme « la figure de proue du virage autoritaire du petit pays du Caucase ». Un homme qui n’est plus engagé dans le milieu du football depuis plusieurs années, mais qui permet aux rédacteurs du journal de remplir des colonnes bien vides. Enfin, une double page est consacrée à Georges-Louis Bouchez, président d’un parti libéral et conservateur, de droite et de centre droit, en Wallonie, et du Royal Francs Borains, un club de D2. Preuve ultime que, pour la revue, tout ce qui n’est pas de gauche est d’extrême droite.
Rien à secouer ?
Vous l’aurez compris, il n’y a pas grand-chose à retirer de ce nouveau numéro à la une exagérée et qui donne la parole, en guise de spécialiste de la question, à Christophe-Cécil Garnier, un journaliste de StreetPress dont l’orientation politique est de notoriété publique. So Foot s’est emparé d’un non-sujet ou, en tout cas, d’un tout petit sujet (ne nions pas qu’il peut y avoir des hooligans dans les tribunes de certains stades), alors qu’il y a d’autres phénomènes bien plus importants autour des terrains de football, à commencer par l’entrisme islamique. La tâche est cependant moins aisée. L’émission After Foot en a fait le constat, il y a un mois. Pour éviter le boycott, les présentateurs du programme ont dû présenter leurs excuses après un débat sur les dérives communautaristes et islamistes. Signe que ce phénomène est bien réel et mérite une courageuse enquête.
Autre sujet possible, pour un prochain numéro de So Foot : le racisme anti-Blanc dans le monde du ballon rond. Emmanuel Petit l’a dénoncé, Théo Hernandez en a été victime et, chaque week-end, sur les pelouses amateurs de France, des jeunes gens en font l’expérience. Là aussi, il y aurait matière à faire un dossier. Le mensuel saura-t-il s’emparer de ces sujets ? Rien n’est moins sûr.

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24 commentaires
Les joueurs de foot ce sont des petits pois courant derrière un ballon. Et les supporters du foot ont un petit pois dans le ciboulot.