Drame raciste à Buckingham

Avec l’affaire Hussey, on retiendra peut-être que les Windsor entrent désormais de plain-pied dans l’ère woke. Pour que rien ne change… pour eux.
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Les deux événements ont eu lieu pratiquement en même temps. D’un côté, à Boston, le prince William et Catherine Middleton, princesse de Galles, assistaient, tout sourire, à un match de la NBA, à l’occasion de leur voyage officiel sur la côte est des États-Unis. De l'autre, la veille, à plus de cinq mille kilomètres de là, la reine consort Camilla recevait à Buckingham Palace. Une réception consacrée à la lutte contre les violences faites aux femmes. La reine Rania de Jordanie, la princesse Mary, épouse du prince héritier Frédéric de Danemark, assistaient à l’événement. Tout un symbole ! La monarchie britannique dribble sur ce qui fait le fond sonore - sinon de commerce - de notre société : le sport et le « sociétal ». Les Windsor appliquent à merveille la maxime du Guépard : « Il faut que tout change pour que rien ne change. » Ceux qui pensent que cette antique institution est un conservatoire de vieilles charrues et carrosses en tout genre risquent donc d’être déçus !

Et cette réception à Buckingham a été la scène d’un drame relayé aujourd’hui par tous les médias. Lady Susan Hussey, baronne Hussey de North Bradley, Dame grand-croix de l’Ordre royal de Victoria, dame de compagnie de la reine Élisabeth durant des décennies et, accessoirement, l’une des marraines du prince William, aurait tenu des propos racistes. C’est ce qu’a rapporté, le lendemain, une invitée à cette manifestation, Ngozi Fulani, une femme de couleur, fondatrice d’une association luttant contre les violences intrafamiliales au Royaume-Uni. Lady Susan a en effet interrogé de façon insistante Mme Fulani sur ses origines alors que cette dernière est née en Grande-Bretagne. Voici la retranscription de ce dialogue, tel que rapporté par Mme Fulani à BBC News, entre, d’une part, la représentante de la vieille Angleterre, cette Angleterre de moins en moins blanche et par ailleurs de moins en moins chrétienne, et, d'autre part, celle d’une Angleterre résolument tournée vers son avenir.

« Lady SH : D'où venez-vous ?

Moi : Sistah Space.

SH : Non, d'où venez-vous ?

Moi : Nous sommes basés à Hackney.

SH : Non, de quelle partie de l'Afrique êtes-vous ?

Moi : Je ne sais pas, ils n'ont laissé aucune trace.

SH : Eh bien, vous devez savoir d'où vous venez, j'ai passé du temps en France. D'où venez-vous ?

Moi : Ici, le Royaume-Uni.

SH : Non, mais de quelle nationalité êtes-vous ?

Moi : Je suis née ici et je suis britannique.

SH : Non, mais d'où venez-vous vraiment, d'où vient votre peuple ?

Moi : "Mon peuple", madame, qu'est-ce que c'est ?

SH : Oh, je vois que je vais avoir du mal à vous faire dire d'où vous venez. Quand êtes-vous venu ici pour la première fois ?

Moi : Madame ! Je suis une ressortissante britannique, mes parents sont venus ici dans les années 50 quand...

SH : Oh, je savais qu'on finirait par y arriver, vous êtes des Caraïbes !

Moi : Non, je suis d'origine africaine, d'origine caribéenne et de nationalité britannique.

SH : Oh donc vous venez de... »

La question est de savoir si l’insistance de Lady Hussey dans ses questions relève de la maladresse d’une dame d’un autre siècle et d’un autre monde ou du racisme systémique, comme on dit aujourd'hui. La réponse et la sentence n’ont pas traîné : c’est du racisme. La vieille lady est virée, son filleul, par la voix de son porte-parole, condamne ses propos en les qualifiant d’« inacceptables » et le palais a dénoncé des commentaires « profondément regrettables ». Plus de soixante ans au service de Sa Majesté sont ainsi balayés.

Décidément, le sort s’acharne sur les Hussey ! Pour les lecteurs qui suivent actuellement la dernière saison de The Crown, on rappellera que cette Lady Susan est l’épouse de Duke Hussey (1923-2006), gouverneur de la BBC de 1986 à 1996. Ce grand blessé de guerre, fidèle des fidèles de la Couronne, n’avait été informé qu’au dernier moment par les dirigeants opérationnels de la BBC de l’interview très controversée de Diana, princesse de Galles, pour l’émission « Panorama », en novembre 1995. Une affaire qui avait « assombri [ses] derniers mois à la BBC », avait-il reconnu dans ses mémoires. Une affaire qui marquait en quelque sorte un tournant dans l'histoire des Windsor en les faisant entrer symboliquement et malgré eux dans l’ère du people. Avec l’affaire Hussey, on retiendra peut-être que les Windsor entrent désormais de plain-pied dans l’ère woke. Pour que rien ne change… pour eux.

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Georges Michel
Editorialiste à BV, colonel (ER)

Vos commentaires

30 commentaires

  1. Cette expression «  si vis pacem para bellum » tant de fois exprimée , écrite , lue ici ou ailleurs prend de plus en plus tout son sens . A l’heure où les infâmes complices de notre futur destruction , tous ces élus censés nous protéger accélèrent plutôt tout ce qui contribue à notre enfermement, enchaînement , jamais depuis les années 39/45 la menace ne fut plus réelle qu’aujourd’hui , se sentant démasqués nos tortionnaires si démocrates , inventent tout ce qui peut les servir à nous soumettre nous les Patriotes …si vis pacem para bellum , n’est plus une expression littéraire mais doit être présent à l’esprit de chacun . Sun Tzu le Maître Chinois de la guerre disait «  celui qui n’a pas d’objectif n’a aucune chance de les réaliser «  et surtout «  si nous sommes compréhensifs, nous serons tourmentés « 

    • Pour ma part, Pierre Dac a été plus définitif : « je suis moi, je viens de chez moi et j’y retourne ».

  2. Personne ne se pose la question de la véracité de ce dialogue qui n’est rapporté que par une seule partie. Personne non plus ne se soucie de son contexte exact. Personne n’imagine que les réponses ou plutôt les non réponses de Madame Fulani, sont peut-être savamment calculées pour provoquer délibérément un incident (avec une dame très âgée qui radote) qu’on se fera un plaisir de qualifier de raciste. Ben voyons.

  3. Et en 1962, des familles qui ont fait le pays pendant plus de 150 ans, ont eu le choix entre la valise et le cercueil. Ça c’est de la xénophobie ! Cette vieille honorable dame a raison de demander la libération de son pays.

  4. L’insistance de Lady Hussey est pour le moins incorrecte. Elle laisse entrevoir une curiosité un tantinet malsaine. Le simple fait d’écarter les cheveux de Dame Fulani pour lire son badge transforme celle-ci en objet.
    Lady Hussey, qui a passé sa vie entourée de serviteurs, a acquis de « mauvaises manières » à l’endroit des plus petits qu’elle, socialement parlant. Quant à Dame Fulani, qui se drape dans sa nationalité britannique, il lui aurait été facile de décliner le nom du pays d’origine de ses parents. Conclusion : « Much ado about nothing ».

    • « une curiosité un tantinet malsaine », c’est justement ce qui intrigue dans cette histoire qui ne reflète pas l’attitude d’une personne distinguée.

  5. Le dialogue rapporté paraît un faux dialogue de sourdes. On comprend que dans ce milieu les origines (nobles ou non), ont une importance capitale, mais la sourde blanche n’aurait elle pas pu reformulé sa question pour ne pas blesser son interlocutrice ( par exemple « d où était originaire vos parents »). La noire a répondu à sa question en disant que ses ancêtres africains n’avaient pas laisser de trace de leur pays d origine. En retour elle se trouve accusée d’ignorance !
    Vraiment cette vielle femme blanche manque de tact et donc de noblesse. Est ce en France républicaine qu’elle a pris ces mauvaises manières?

      • Elle manque de tact, et en étant en Angleterre, n’est a priori pas plus chez elle que son interlocutrice qui est née dans le même pays qu’elle.

  6. Quelle pourrait être une autre issue que cette guerre qui s’annonce ? Le pire dans cette situation reste forcément l’exceptionnelle soumission des «  dirigeants de nos démocraties «  ……comme le Covid ne fera jamais les millions de morts que ces mêmes dirigeants voulaient nous faire croire , je pense que cette holocauste qui s’annonce prendra le relais , la théorie du domino est en cours , une civilisation và remplacer une autre avec la complicité de ceux qui étaient censés protéger la première…il ne faudra pas oublier au moment voulu , de «  remercier «  ces politicards complices

  7. Donc et si l’on a bien compris on va se retrouver dans un cul de sac. Il va devenir impossible de différencier un pêcheur Corse d’un migrant lybien sous peine de condamnation. Encore une arme nouvelle prochainement mise en place avec le concours certain de la macronie et de sa soupape Nupes. Au train ou vont les choses tout africain est français donc inutile de se poser des questions existentielles inutiles.

  8. Moi, je vois surtout une femme qui a honte de ses origines, la black en l’occurence. D’autres, plus intelligents, cherchent à retrouver leurs origines et font appel à une science appelée la généalogie. Il n’y a pas à rougir de ses racines.

    • Tout le monde n est pas obsédé par ses gênes.
      Cette femme noire a répondu que cess ancêtres africains n ont pas laissé de traces. C est probablement la vérité .
      Quelle utilité pour elle de faire des recherches généalogiques pour savoir s ils venaenit du Mali ou du Congo…? Personnellement cela m’est égal de savoir si mes ancêtres sont plus romains ou gaulois…
      La vieille dame l’assimile immédiatement a un membre de peuple africains et persiste alors que plusieurs fois son interlocutrice lui dit qu’elle est britannique et rien d autre.
      Cette vieille dame apparait donc raciste en n admettant pas que, du fait de sa race noire, son interlocutrice fasse partie du peuple britannique. Elle appartient pour elle forcément à un autre peuple, même si la femme noire lui explique que non.
      La première question n’est pas a priori raciste. Mais les questions suivantes me semblent très suspectses de racisme.
      Si ecette femme n’ est pas raciste,, elle est très maladroite.

  9. Qu’y -a-t-il de mal à ce qu’une dame âgée demande à une femme de couleur ses origines?
    Pour quelle raison l’autre femme ne lui a-t-elle pas répondu qu’en 1950 sa famille est arrivée des Caraïbes ,a-t-elle honte de ses origines familiales?
    Et bien entendu on crie au racisme,toutes les occasions sont bonnes.
    La réaction des Windsor est lamentable ,de véritables carpettes ,le règne de Charles III s’annonce plutôt mal,pour sauver leur couronne et leur fortune,il est envisageable que le fils du prince William devra laisser son trône à son cousin métis .

  10. Vu l’apparence de cette dame, Lady Hussey a posé des questions peut-être un peu lourdement! Mais pas de quoi en faire un fromage ou plutôt une affaire d’état!

    Je ne comprends pas que certaines personnes issus de l’immigration récente ou plus ancienne se sentent offenser lorsqu’on pose une question sur leurs origines. Alors que d’autres abordent ce sujet naturellement sans acrimonie!

    Cette dame n’aura jamais le physique d’une anglaise ou d’une écossaise même si elle a la nationalité britannique.
    Moi-même si je suis naturalisée malienne ou nigériane, je n’aurai jamais le physique des gens du pays!

    Ca devient agaçant que les médias s’emparent d’une parole,d’une phrase, d’un constat pour en faire une affaire qui est du racisme. A force de voir du racisme ou il n’y en a pas, ceci monte justement les gens les uns contre les autres,

  11. Que d’histoires pour pas grand chose…la victimisation est dans les gènes de certaines personnes qui n’ont que cela pour se faire remarquer.

  12. Vouloir voir le racisme partout, surtout où il n’est pas, mais où certains voudraient qu’il soit, n’est- ce pas être fondamentalement raciste? Il y a de quoi s’interroger sur cette perte de raison du monde occidental.

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