Donc, pas lieu d’intervenir dans les quartiers à forte concentration de population suivant le ramadan ?
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Le ministre de l’Intérieur, parlant des quartiers dits sensibles et des nuits d’émeutes qui s’y succèdent depuis quelques jours, expliquait en début de semaine, sur BFM TV, que « ce sont des tensions qui ne sont pas d'un niveau de gravité exceptionnel mais qui se multiplient ». Ces violences, dit-il, prennent leur source dans « la dureté du confinement pour ces jeunes gens […] qui pensent que ça serait ludique d'attaquer les forces de police et d'attaquer les poubelles ». « Ludique » ! Vous avez bien lu.
Traduit en langage ordinaire, cela donne : « Ces pauvres petits jeunes gens qui ne peuvent pas sortir de chez eux ne cherchent qu’à jouer ! C’est de leur âge. Caillasser la police et brûler poubelles et bagnoles, c’est amusant, “ludique” ! C'est pas bien, les enfants, et attention de ne pas vous blesser... »
J’exagère ? Oh, que non ! N'est-ce pas dans la lignée des propos que M. Nuñez aurait tenus, fin mars, aux préfets de zones de défense durant une visioconférence : que le confinement n'était « pas une priorité » en banlieue ? Les forces de l’ordre auraient, d'ailleurs, reçu instruction, de la part de la préfecture de Paris, « d’éviter le contact et la confrontation avec les perturbateurs » et injonction de « faire un usage raisonnable et raisonné de l’armement collectif ». En clair : pas touche et pas d’armes. Les nuits d’émeute ? Puisque l’on vous dit que ce n’est pas grave : les p’tits jouent à l’extérieur ! On ne peut vraiment pas leur en vouloir de « perturber » un peu la vie tranquille des quartiers.
Dans le Calvados, selon une information relayée par Le Parisien, ces instructions ont été dûment relayées par la hiérarchie départementale : « Il n'y a pas lieu d'intervenir dans les quartiers à forte concentration de population suivant le ramadan. » Démenti formel de Paris, évidemment : « Il s'agit d'une initiative locale incompréhensible. » Mouais... « On intervient partout », martèle M. Castaner, contredisant ainsi son secrétaire d’État et blâmant son représentant normand. Et on est prié de le croire malgré les témoignages sans ambiguïté des syndicats de policiers. On les sent perdus, dépassés…
Il faudra se souvenir des paroles de ces « responsables » dans un jour, une semaine ou un mois, lorsque les banlieues s’enflammeront vraiment. Gare au premier incident un peu grave ! Pour l’instant, ils s’amusent chez eux. Mais lorsque les « djeunes » trouveront plus marrant – plus « ludique » – de ficher le feu à une Mercedes plutôt qu’à une Twingo d’occasion, ils débouleront dans les beaux quartiers, dans les banlieues chics, sous les fenêtres de nos ministres. On verra, alors, si M. Pokerman prend toujours les choses à la rigolade.
Et pendant que les forces de l’ordre, sur ordre, tournent le dos aux voyous, elles sont dans la bonne direction pour investir une église au cours d’une messe devant sept personnes. Aucun risque que les fidèles mettent le feu au tabernacle pour attirer les flics devant la sacristie et les bombarder à coups d’hosties.
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