La petite phrase a fait grand bruit dans « Catholand ». Au point que le diocèse de Tours a dû se fendre d’une mise au point. Dans un article de la Nouvelle République intitulé « La mosquée de Tours attend son toit, son dôme et des dons », le président de la communauté d’Indre-et-Loire, Salah Merabti, profite du début du ramadan pour « [faire] le point sur les travaux de la Mosquée » et remercier tous ceux qui, « à l’extérieur, ont montré leur solidarité ». Et de citer « le patron de Coca-Cola Algérie qui [leur] a offert 150.000 € pour la toiture », « des dons d’élus de la Métropole », mais aussi « de la communauté juive de Tours, et du diocèse pour la partie cultuelle de la mosquée », ce qu’il juge « réconfortant ». Ce n’est pas l’avis de nombre de fidèles catholiques qui s'étonnent et s'indignent qu'un tel usage ait été fait de leur denier du culte : « Si j’avais voulu financer la construction dune mosquée, je l’aurais fait directement ! », grince Dominique, paroissien tourangeau.

Face à la bronca, Monseigneur Vincent Jordy, nouvel archevêque de Tours, a jugé opportun d’apporter des « précisions », même s’il n’a pas été décisionnaire dans cette affaire, puisque le don a été fait, si l’on s’en tient aux dates, sous le ministère de son prédécesseur Monseigneur Bernard-Nicolas Aubertin :

« En 1996, lors de la visite à Tours du saint pape Jean-Paul II, les subventions étant quasi inexistantes, le diocèse avait lancé un appel à dons pour assurer le financement de cet accueil. À cette occasion, la communauté musulmane de Tours avait souhaité faire un don symbolique. En retour, le diocèse de Tours avait souhaité faire un don similaire et symbolique à l’occasion du lancement du projet de la mosquée de Tours, il y a plus de 15 ans maintenant. »

Une justification qui peine à convaincre les mécontents : mettre sur un même pied la visite ponctuelle d’un pape chef d’État et la construction pérenne, dans le paysage, d’un immense lieu de culte ? « Jean-Paul II est parti, la mosquée restera », glisse une fidèle.

Cette initiative n’est pas la seule. En 2015, le diocèse d’Auch avait fait don de 5.000 euros pour la reconstruction d’une mosquée locale, déclenchant une polémique similaire.

Si le don, à Tours, date déjà, ce « bad buzz » tombe, en tout cas, spécialement mal. Il y a quinze jours, L’Express titrait « Comment la crise sanitaire a vidé les caisses de l’Église catholique ». Au-delà de ce facteur conjoncturel, le denier du culte connaît une érosion plus structurelle, liée à une contraction de la base des donateurs - moins de catholiques pratiquants - et au changement de nature, le temps passant, de celle-ci, devenue plus conservatrice. Pas certain que ce type d’initiative la mette en confiance pour dégainer son carnet de chèque.

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17 avril 2021 à 20:30

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