Défaite surprise du RN dans les Ardennes : les raisons d’un échec

Le RN perd un député à l'Assemblée. Les 1er et 8 décembre derniers, les électeurs de la première circonscription des Ardennes étaient appelés aux urnes pour une législative partielle provoquée par la démission du député RN Flavien Termet, qui avait gagné ce siège en juillet. Ce dernier s’était fait connaître à double titre : à 22 ans, il était le benjamin de la nouvelle Assemblée. Mais il avait surtout eu droit aux manières bien peu civilisées de son collègue LFI Sébastien Delogu. Lors du vote pour la présidence de l'Assemblée nationale le 18 juillet, le jeune député ardennais était en charge de recueillir les suffrages. Mais quand son tour est venu de monter à la tribune pour voter, Sébastien Delogu a cherché à intimider et provoquer Flavien Termet qui lui tendait la main, déclarant notamment, sur un ton menaçant : « T’es fada ou quoi ? T’es un fou, toi ! »
Des débuts prometteurs… mais trompeurs
Depuis cet incident, le député des Ardennes a connu des problèmes de santé et il a finalement dû annoncer sa démission, le 30 septembre, pour « raisons personnelles d'ordre médical ».
Le 1er décembre, Jordan Duflot, le nouveau candidat désigné par le RN, affrontait l’ancien député Renaissance Lionel Vuibert, élu en 2022 et qu’avait battu Flavien Termet en juillet dernier. Les choses semblaient très bien parties pour Jordan Duflot, au soir du premier tour. Après avoir appelé les Ardennais à « censurer une nouvelle fois le gouvernement d'Emmanuel Macron », il était arrivé très nettement en tête, avec 39,12 % des voix, devant Lionel Vuibert (sans étiquette), qui plafonnait à 25,42 %. Mais une très mauvaise surprise l’attendait, dimanche, pour le second tour : le centriste l'a coiffé finalement au poteau, avec 50,89 % des voix, contre 49,11 %, et seulement 372 voix d'écart. S’il n’a pas caché sa déception devant cette contre-performance très surprenante, Jordan Duflot n’a pas donné, non plus, d’indications sur les raisons possibles de son échec.
Un candidat pas assez présent ?
Pourtant, trois raisons principales ressortent d’une analyse approfondie du déroulement de cette élection. La différence la plus marquante qui apparaît dans cette partielle par rapport au scrutin de juillet, c’est la chute vertigineuse du taux de participation, passé, en six mois, de 67,29 % au premier tour et 67,50 % au second, à 30,46 % au premier tour et 30,87 % au second, en décembre. Et c’est clairement le candidat RN qui en a fait les frais. Pourquoi ? C’est le deuxième enseignement de cette partielle : en juillet, Flavien Termet avait réussi à résister au phénomène de « front républicain ». Cette fois-ci, si l’appel du socialiste Damien Lerouge (PS/NFP), éliminé avec 10,64 % des voix, à voter contre le RN était assez attendu, celui du candidat LR Guillaume Maréchal (16,04 %) l’était un peu moins. Sauf que la motion de censure adoptée grâce aux voix du RN est passée par là, aiguisant les tensions entre RN et LR. Les électeurs du centre et du centre droit ont visiblement voté massivement pour Lionel Vuibert, déjà soutenu par les macronistes. Le décompte des voix laisse peu de doute. Entre le 1er et le 2nd tour, Jordan Duflot n’a gagné que 1.927 voix, alors que son adversaire a presque doublé le nombre de ses électeurs, gagnant 5.211 voix !
L’Ardennais a eu la bonne idée d’analyser les résultats par bureau de vote, et notamment dans ceux où s’était opérée, en juillet, la bascule qui avait permis la victoire de Flavien Termet. Le taux de participation ainsi que le score de Jordan Duflot y sont en chute nette. Voilà qui donne de la crédibilité à l’hypothèse émise par le quotidien local pour qui c'est avant tout la relative absence sur le terrain du candidat RN qui aurait causé sa perte, alors que l’hyperactivité de Flavien Termet, en juillet, lui avait permis de trouver de nouveaux gisements d’électeurs et d’être élu. Une troisième leçon à méditer pour les prochains scrutins.

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56 commentaires
Le fond ripoublicain et rien d’autre.
Ah oui.J’oubliais la lâcheté des LR!Mais j’imaginais naïvement que les électeurs de ce parti en voie d’extinction allaient enfin réfléchir.Erreur grossière.
ce brave homme victime de l’EGO de LePen. CQFD…..
Lionel Vuibert (sans étiquette)? A l’instar d’innombrables élus locaux trop hypocrites pour avouer les couleurs de l’écurie pour laquelle ils roulent. Vuibert, certainement plus proche de Macron que de n’importe quel autre parti! Le parti du BIEN autoproclamé dont on peut apprécier aujourd’hui les résultats plus que calamiteux.