David Drilles : « Nous n’avons endommagé aucune permanence de parlementaire ! »
Le président des Jeunes agriculteurs des Pyrénées-Orientales explique son opposition au CETA et réfute tout amalgame entre l'action des Jeunes agriculteurs et les vandalisations de permanences par des casseurs. « Le CETA va à l'encontre des déclarations de M. Macron lors des États généraux de l'alimentation. »
Vous êtes responsable des Jeunes agriculteurs des Pyrénées-Orientales.
Dans votre département, il y a eu énormément d’opposition visant les députés de la majorité qui avaient voté pour le CETA. Certaines permanences parlementaires ont été endommagées.
Condamnez-vous ces actions ?
Il ne faut pas faire d’amalgame entre les permanences endommagées et les actions menées par les Jeunes agriculteurs. Nous n’avons endommagé aucune permanence. Un groupuscule de casseurs a endommagé la permanence de monsieur Romain Grau lors d’un rassemblement de 300 gilets jaunes présents à Perpignan.
En tant que jeune agriculteur notre action est d’être présents à Thuir sur la permanence de monsieur Cazenove. Cette action incarne notre mécontentement concernant le vote du CETA en l’état.
Cette réglementation va selon nous à l’encontre des consommateurs et de la résilience de nos exploitations.
Que vous gêne-t-il dans ce traité ? Qu’est-ce qui selon vous met en péril l’élevage français ?
Sans entrer dans le détail de la technique, les frais de douanes seront excessivement bas pour tous les produits venant du Canada.
Une quantité très importante de viande bovine venue du Canada va entrer sur le territoire français. Or, ces viandes n’ont pas le même cahier des charges.
Il y a déjà une distorsion de concurrence très importante à travers l’Union européenne avec le traité de Maastricht et la libre circulation des biens et des personnes. Avec cet accord, on se met encore plus en concurrence avec le Canada.
L’agriculture française est considérée comme la meilleure agriculture du monde. Et pourtant, on met en concurrence nos élevages avec des viandes moins chères et produites d’une autre manière.
Cela va à l’encontre des états généraux de l’alimentation et des engagements pris par monsieur Macron. Il disait vouloir apporter du revenu dans les cours de ferme. Depuis ces états généraux de l’alimentation, toutes les lois et toutes les choses mises en place vont à l’encontre de cet engagement. On s’aperçoit que l’agriculteur est toujours mis en concurrence avec des marchés qu’il ne peut pas concurrencer.
En France, l’agriculteur, bien que faisant de la qualité, a du mal à accéder à ses propres marchés.
Le CETA va mettre davantage en concurrence nos producteurs français avec une agriculture qui n’a aucunement le droit de rentrer. Faire manger ce genre de viande au consommateur, c’est le tromper.
Votre syndicat est-il mobilisé pour lutter contre le traité Mercosur ?
Le traité Mercosur est exactement le même que le CETA, mais on le ramène non pas sur le Canada, mais sur l’Amérique du Sud. Peu de monde serait favorable à voter pour le Mercosur. Il est avéré que les viandes sont encore de moins bonne qualité que celles du Canada.
Nous restons vigilants pour qu’il n’y ait pas de retournement de situation. Dans les prochains mois, le sujet du T.O.D.E, l’exonération pour les travailleurs occasionnels sera abordée. Ce sujet est extrêmement important pour nous syndicalistes concernant la distorsion de concurrence. Il y a un an et demi, nous avons eu un moratoire. Ce moratoire sera prochainement remis au vote. Si cette exonération de charge est votée, tout ira bien. En revanche, si les députés votent contre, cela sera excessivement dur pour les exploitations françaises. Si nos députés ne votent pas pour l’exonération, vous allez entendre parler des agriculteurs.
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