La Cour des comptes dénonce des dérives chez les fonctionnaires territoriaux de Mayotte

Mayotte a été annexée en 1841 sous Louis-Philippe, cinquante ans avant le reste des Comores (et avant Nice et la Savoie !). Cette île se sent, depuis, française et ne veut pas quitter le giron national. Lors de l’indépendance des Comores, elle a fait sécession et a confirmé, lors de plusieurs référendums, son attachement à notre pays avec des taux dépassant souvent les 90 %. Elle a préféré devenir un département d’outre-mer plutôt qu’un territoire d’outre-mer, afin que les liens avec la métropole soient les plus forts possible. Mayotte est presque aussi intégrée que le département de l’Ardèche. Néanmoins, le SMIC y est plus bas, ainsi que le RSA. Si ce dernier était le même qu’en métropole, il serait supérieur au revenu moyen d’un salarié du privé !

Mayotte est accablée de problèmes, submergée par une immigration comorienne qu’on n'arrive pas à endiguer (près de 50 % d’habitants sont clandestins), en proie à une anarchie qui fait honte à la France, son économie fonctionne mal, malgré un formidable taux de croissance de 9 % par an. L’agriculture n’arrive pas à fournir la nourriture nécessaire, qui est massivement importée et coûte 30 % plus cher qu’en France. 50 % des Mahorais sont analphabètes en français. 84 % vivent en dessous du seuil de pauvreté. 45 % des salariés appartiennent à la fonction publique, contre 20 % en France. Les emplois privés sont, en effet, rares, surtout que la croissance démographique est explosive. L’île est sous perfusion et elle s’effondrerait si la France cessait de la financer.

Or, la gestion des 2.600 agents de la fonction publique territoriale est, selon la Cour des comptes, source de nombreux abus. Dans un département qui manque de tout, le personnel dévore un tiers du budget, contre 11 % pour les nécessaires investissements.

Le recrutement a été, dans le passé, massif et pas toujours fondé sur la compétence (c’est un euphémisme) mais plutôt sur le clientélisme. Résultat : des agents sont inemployables, car sans aucune qualification. En outre, ils sont trop nombreux pour les tâches à effectuer, d’où un important taux d'inoccupation et un fort absentéisme non justifié (pourquoi aller au bureau s’il n’y a rien à faire ?). Le temps de travail n’est que de trente-trois heures par semaine avec quatre jours de fêtes musulmanes supplémentaires et un aménagement des horaires pendant le ramadan. Les fonctionnaires disposent de cinq jours d’autorisation d’absence pour maladie grave du conjoint au lieu de trois habituels, de douze jours pour enfants malades au lieu de six et de cinq jours pour la circoncision d’un fils. Le département possède cent soixante-neuf véhicules entretenus par cinquante agents dont seuls deux sont mécaniciens. Beaucoup de voitures sont en panne car on y manque de pièces détachées. Les formations proposées aux fonctionnaires sont souvent folkloriques (par exemple, on a proposé des stages de relaxation sophrologie qui ont coûté 12.000 € de transport aérien).

De plus, les élus font, aux frais de la princesse, nombre de séjours soi-disant de travail, mais qui ressemblent plus à des vacances.

Bref, une belle gabegie !

Christian de Moliner
Christian de Moliner
Professeur agrégé et écrivain

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