Cordon sanitaire contre « l’extrême droite » : le modèle belge ?

© Belzie-Wikimedia
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Pour une fois, ce n’était pas de France Inter mais de RTL qu’est venue la bonne nouvelle ; soit le viatique permettant de réduire les voix dissidentes au silence. En effet, la radio dont l’un des slogans consiste à nous assener qu’il faut « vivre ensemble » nous rappelait que oui, mais pas avec tout le monde.

D’où cette évocation d’une sorte de « miracle belge » consistant à interdire « l’extrême droite » de tout accès aux médias. C’est sûr que de la sorte, les débats se dérouleront dans une meilleure ambiance inclusive et bienveillante, faute de contradicteurs. Dans la foulée, autant interdire à cette « extrême droite » de se présenter aux élections, en attendant de supprimer ces mêmes élections, afin que les démocrates de progrès puissent discuter entre eux du progressisme démocratique.

À en croire RTBF, le service public local, la réponse est claire et ne remonte pas à hier : « Lors des élections du 25 novembre 1991, plus communément appelé "dimanche noir", le Vlaams Blok [mouvement flamand identitaire et militant pour une Flandre indépendante, NDLR] triomphe pour la première fois aux élections fédérales et devient un grand parti. » Et c’est alors, toujours selon la très officielle télévision de l’État belge, « qu’inquiété par la montée du Vlaams Blok et par son programme, le député écologiste flamand Jos Geysels et cinq autres parlementaires déposent une proposition de résolution, le 19 novembre 1992, au Conseil flamand. Objectif ? Exclure l’extrême droite de toute coalition politique. » C’est ce texte adopté du côté flamand qui constitue la base de ce qu’on appelle, aujourd’hui, le « cordon sanitaire ».

Un « code de conduite », laïque et, surtout obligatoire ?

Pour information, ce « code de bonne conduite » stipule donc : « Respecter les statuts du MR [Mouvement réformateur, parti de centre gauche faisant pluie et beau temps outre-Quiévrain, NDLR] en adhérant aux valeurs de l’humanisme démocratique qui sont la primauté de la personne humaine et sa dignité, l’égalité des droits et des chances pour tous, le respect des libertés fondamentales, la responsabilité, la solidarité sociale, le travail, la liberté d’entreprendre et de créer, le libre choix de la vie (famille, école, médecin, associations, médias), la liberté de pensée et d’expression, la tolérance et le droit à la différence et la participation active des citoyens au débat politique. »

Autant dire tout et rien, à condition toutefois que les « citoyens » aux opinions discordantes soient exclus de ce même « débat politique ». Mais comme un texte aussi brillant ne se suffisait pas à lui seul, voilà qu’il est encore amendé en 1998 et en 2002 ; effet Jean-Marie Le Pen à l’élection présidentielle de la même année, on imagine. Toujours selon la même source : « La charte de la démocratie, actualisée en 2002, va beaucoup plus loin que les relations de pouvoir. Elle interdit notamment de participer à tout débat télévisuel ou radiophonique auquel un mandataire issu de formations d’extrême droite. »

Certes, les règles sont faites pour être contournées. Et le pays de Tintin et de Léon Degrelle, de Hergé et de Milou, de René Magritte, de Jean Ray et de Georges Simenon ne saurait y échapper. En effet, si ces nouvelles tables de la loi sont globalement appliquées en Wallonie du Sud, elles le sont déjà moins en Flandre du Nord, récents bouleversements électoraux obligent.

Ainsi, nous dit Le Figaro du 15 février : « Le Vlaams Belang [successeur du Vlaams Blok, NDLR] qui prône des valeurs très conservatrices fait la course en tête en Belgique, où l’on votera, le 9 juin prochain pour les élections fédérales, régionales et européennes. Selon le dernier baromètre Le Soir-RTL, un électeur flamand sur quatre donnera sa voix au VB. » Et là où tout se corse, c’est que « 22 % des suffrages seraient promis à son alter ego de droite, le NVA, conduit par Bart De Wever. À en croire ces sondages, ces deux formations, à la fois eurosceptiques et indépendantistes, pourraient bien représenter un bloc incontournable. »

Lutter contre une « extrême droite » qui n’existe pas…

La situation wallonne est évidement tout autre, ne disposant pas de formations politiques équivalentes. Ce qui explique aussi pourquoi il est plus aisé de lutter contre une « extrême droite » n’ayant d’existence que virtuelle, d’où l’entrain montré par la RTBF à lutter contre un « péril » résiduel en ces contrées francophones. La preuve en est que son président, Jean-Pierre Jacqmin, conclut sur ces perspectives assez peu réjouissantes consistant à savoir comment réagir à une éventuelle arrivée de Marine Le Pen à l’Élysée : « Nous allons clairement informer le public en temps réel. Nous allons faire comme avec tous les partis qui prônent la discrimination. Nous ne censurerons pas l’information, elle sera complète, mais remise en perspective. »

On en salive déjà à l’avance. « Fume, c’est du belge », comme aurait pu dire le regretté Jacques Brel…

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Nicolas Gauthier
Journaliste à BV, écrivain

Vos commentaires

50 commentaires

  1. Tout ce qui n´est pas de gauche est d’extrême droite, c´est l´entre-soi islamo-gauchiste, en Belgique comme en France. Les Belges pensent que la terre est plate et qu’a l’extrême droite, on tombe…..
    Si MLP est élue, il va y avoir une vague tsunami de gauchiste qui inondera la Belgique.

  2. Je crois que la Belgique, surtout Bruxelles et la partie wallonne, est le seul pays qui soit encore plus pourri que la France par l’immigration. Passer quelques jours là-bas est une immersion dans un univers de science fiction post-apocalyptique.

  3. Les résistants au fascisme doivent déjà prévoir en cas de victoire de Marine Le Pen la constitution d’un gouvernement en exil en Belgique en se réclamant de De Gaulle à Londres en 1940.

  4. Moi qui vote RN, je suis aussi contre l’extrême droite, comme je suis contre l’extrême gauche, sachant que le RN n’est pas d’extrême droite et qu’à la NUPES certains élément sont très, très près des extrêmes mais voilà, ils se disent être de gauche, ce qui vaut absolution de tous leurs excès. Pauvre France!

  5. Souvent j’ai lu que des politiques et des sociologues français attribuaient la situation actuelle au fait que les personnes exogènes se sont trouvées plutôt rassemblées notamment dans des barres d’appartements de type HLM.
    Les Belges n’ont pas du tout fait cela et ont logé lesdites personnes exogènes n’importe où au sein de la population, la répartissant notamment dans les plus petites villes et villages.
    Cette différence d’avec la France n’a pas généré la dilution attendue : les personnes se sont rassemblées plus tard spontanément par quartier. Quelques-un de ces quartiers sont connus des français, mais ils ne représentent numériquement rien en terme de réalité de la population arrivée au cours des 50 dernières années.

  6. C’est pour quand la république islamique Belge?
    Là il n’y aura plus besoin de censure, Les Belges d’origine n’auront plus que les yeux pour pleurer, ils deviendront des migrants dans les pays voisins.

    • Mais ça l’est déjà, factuellement. Seul le nom n’a pas encore été déposé officiellement car certains ont encore des pudeurs de gazelles.

    • Difficile, car les pays voisins subissent le même sort, notamment la France, et, peut-être pire encore, l’Angleterre!

  7. Quand on sait que 60% de la population de Bruxelles est issue des pays du Maghreb et de l’Afrique subsaharienne , on peut penser que cette nation belge a perdu son âme et ses racines . Quand un pays n’accepte plus la pluralité des opinions et de l’information, on appelle çà une dictature .

    • La rivalité entre Flamands et Wallons a secoué la Belgique pendant des décennies, à un tel point que le pays était pratiquement coupé en deux. Ca les a tellement occupé qu’ils n’ont même pas vu les millions d’Arabes qui en ont profité pour entrer. C’est une vraie histoire belge !…

  8. Suite… Ils seront désignés à partir de listes pré-etablies comme le truc bidon de personnalités préférées des Français. L’extrême-droite serait évidemment écartée ;donc mission accomplie, démocratie vraie, assurée.

  9. Mais, chers voisins inconscients, l’extrême droite est déjà au Pouvoir en France depuis 7 ans. La macronie, grande exploiteuse du peuple, favorise son aristocratie : les mondialistes richissimes, le Monde de la Finance internationale (favoriser une élite au détriment du peuple, de façon totalitariste, c’est bien la définition de l’extrême droite, n’est-ce pas ?) Nous en souffrons assez pour en témoigner.

  10. C’est ni plus ni moins que de la dictature c’est exactement l’idée du macron avec l’aide de RSF et du conseil d’état

    • Pas l’aide de rsf, il a fallut qu’il leur demande de le faire, sans cela il n’y aurait jamais pensé, mais élection obligent. rsf est fait du même bois que le demandeur macron, maintenant il retourne sa veste et dit le contraire envers Cnew. Il ne font que faire comme leur maitre du « en même temps ». Ou alors ils sont idiots au point que je n’ose y penser.

    • J’ai toujours pensé que la France était le laboiratoire de l’europe, vu que c’est un pays de bisounours, sur l’islam, le patriotisme etc. mais là honnêtement je pense que les belges ont un train d’avance sur nous. Vous allez me dire qu’avec toutes ces grèves ils n’en ont aucun mal, effectivement !

  11. « Pas de liberté pour les ennemis de la liberté » disent ils. Et comme ce sont eux même qui definissent les » ennemis de la liberté  » ils vont en toute bonne conscience supprimer la liberté d expression. Inquiétons nous et indignons nous

  12. Pourquoi à votre avis avons nous en France autant de Belges et d’Anglais ? que fuient ils ? Lorsque l’on voit à quoi ressemblent leurs grandes villes on peut s’inquiéter à l’avenir chez nous !!!mais on ne parle jamais de leur régime fiscal et social ? qui en sait plus sur ce sujet ? Tous les profiteurs ne viennent pas que de l’autre côté de la méditerranée !!!

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