[CINÉMA] Kafka, un portrait intimiste par Georg Maas et Judith Kaufmann
Nous sommes à l’été 1923, au large de la mer Baltique. Souffrant de tuberculose depuis quelques années déjà, Frantz Kafka n’a plus que dix mois à vivre et ignore encore la gravité de son état. Venu là pour s’isoler des siens, retrouver l’inspiration et s’adonner pleinement à l’écriture, l’auteur du Procès et de La Métamorphose fait la connaissance de Dora Diamant, une institutrice de maternelle, Juive originaire de Pologne. Très vite, les deux entament une relation profonde que la maladie condamne par avance, telle une menace planant sur la possibilité même d’un bonheur commun. Peu au fait des talents de l’écrivain, qui n’aura pas la chance de connaître la renommée de son vivant, la jeune femme s’éprend du personnage, de sa sincérité et de son extrême sensibilité, tandis que Kafka se laisse fasciner par l’énergie, la force et l’indépendance de sa compagne. À mesure que progresse la maladie, que celle-ci se fait incapacitante et que s’éloigne la perspective d’enrichir considérablement son œuvre d’écrivain, l’auteur s’efforce malgré tout de profiter de l’instant présent aux côtés de Dora.
Souffrance physique mais bonheur conjugal
Adapté du roman Les Splendeurs de la vie, écrit par Michael Kumpfmüller et publié en 2013 chez Albin Michel, Kafka, le dernier été n’aborde pas le genre biographique sous l’angle d’une rétrospective exhaustive de la vie de l’écrivain – procédé paresseux intellectuellement et souvent illusoire – mais se concentre sur les derniers mois de son existence, durant lesquels s’aggrave son état de santé (au point de finir ses jours au sanatorium) tandis que, paradoxalement, le bonheur conjugal est à son acmé. Une période de rire, de légèreté, marquée par la rédaction des nouvelles Un artiste de la faim, Joséphine la cantatrice et Une petite femme. Ces dix derniers mois furent également ceux de la redécouverte tardive (mais à point nommé…) du Talmud sous l’influence de Dora Diamant – Kafka ne s’étant jamais véritablement penché jusque-là sur la religion de ses parents.
Mesure et sobriété
Le film de Georg Maas et de Judith Kaufmann - cela mérite d’être souligné - ne se laisse jamais impressionner par son sujet mais choisit, au contraire, de traiter le personnage de Franz Kafka comme un homme ordinaire, un individu lambda, de la vie de tous les jours. Une approche simple et modeste, sans pompe, à l’image de cet écrivain solitaire et mélancolique dont la pudeur et l’autocritique lui firent demander, au seuil de sa mort, à son ami Max Brod de déchirer et de mettre au feu tous ses écrits non publiés. Dieu merci, l’amitié ayant ses limites, Brod eut la bonne idée de désobéir et de confier les textes à un éditeur…
Film intimiste à petit budget et aux décors relativement minimalistes, Kafka, le dernier été offre une fenêtre intéressante sur la psyché de l’auteur et donne l’occasion au ténébreux comédien germano-roumain Sabin Tambrea de se faire connaître du public français.
3 étoiles sur 5
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