Lorsqu’il est sorti en 1993, Jurassic Park fut une véritable révolution dans l’univers des blockbusters. Subtil mélange d’effets spéciaux et d’animatronique, le film de Steven Spielberg se distingua par ses prouesses techniques et son goût assumé pour le gigantisme. Le succès fut tel que les paléontologues, aujourd’hui, reconnaissent volontiers à cette saga d’avoir su populariser les dinosaures auprès du grand public, d’avoir suscité des vocations chez les jeunes et permis de débloquer davantage de crédits pour la recherche.

Après trois films de qualité inégale, la saga a connu un renouveau en 2014 avec une seconde trilogie intitulée Jurassic World. Comprendre par là que la menace des dinosaures n’est plus circonscrite géographiquement mais s’étale désormais sur l’ensemble du globe, pour le plus grand malheur de l’humanité – ce qui était déjà le sujet du Monde perdu, sorti en 1997.

Pour ne pas (trop) répéter la première trilogie, ce renouveau (Jurassic World : le monde d'après, sorti le 8 juin, 2 h 50), signé Colin Trevorrow, mêle aux thématiques d’origine des considérations nouvelles sur la manipulation du génome, l’hybridité, le clonage… Un choix légitime en soi, eu égard aux évolutions des préoccupations scientifiques, mais qui dans ce dernier volet de la saga tend à nous faire oublier les véritables stars de la saga : les dinosaures.

Le spectateur éprouve tout au long du récit le sentiment désagréable que les scénaristes ne savaient plus quoi faire des intrigues mises en place dans les deux précédents volets et les ont laborieusement raccordées à la trilogie d’origine dans l’espoir que le retour attendu des héros de Jurassic Park, Alan Grant, Ellie Sattler et Ian Malcolm, nous fasse mieux avaler la pilule. Le résultat est cruel : les protagonistes du tout premier film volent la vedette aux personnages incarnés par Chris Pratt et Bryce Dallas Howard qui, clairement, accusent un manque de relief, alors qu'ils sont censés mener la danse dans cette seconde trilogie (!).

L’intrigue propose quelques bonnes idées (le trafic de dinosaures, notamment) vite éclipsées par un choix scénaristique douteux qui consiste à articuler le récit autour de Biosyn, une entreprise biochimique coupable d’avoir conçu des sauterelles géantes avec de l’ADN datant du Crétacé, ravageant sur leur passage toutes les cultures agricoles – les scénaristes ne sont pas loin du hors-sujet.

Oubliant que les dinosaures suffisent à l’univers de Jurassic Park, ils poursuivent également l’intrigue inutile et alambiquée du précédent opus autour d’une gamine issue d’un clonage, laquelle posséderait dans son patrimoine génétique la solution à tous les problèmes… Des enjeux que l’on ne ressent à aucun moment. Le sentiment persiste que l’intrigue part dans tous les sens, si bien que l’on ne sait pas de quoi le film veut nous parler. Les scénaristes sont en roue libre totale, basculent d’une idée à l’autre sans jamais rien creuser.

Quant à la question de savoir si les humains ne vont pas tous se faire bouffer à plus ou moins brève échéance par les dinosaures – le seul sujet qui nous préoccupe –, le réalisateur n’a rien d’autre à nous délivrer, en conclusion, qu’un discours utopique et lénifiant sur le vivre ensemble. Après tout, ce n’est que le sixième film de la saga Jurassic Park à nous démontrer l’impossibilité de la chose…

Visuellement, le film est éprouvant. Le cinéaste nous gave d’effets spéciaux et de scènes d’action sans prendre le temps de les installer ni de ménager la moindre tension. Le spectateur attend impatiemment que termine ce roller coaster nauséeux, consolé en partie par les sarcasmes toujours plus vifs de Jeff Goldblum.

1 étoile sur 5

https://www.youtube.com/watch?v=hUb4ZEhzIws

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 22/06/2022 à 10:21.

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17 juin 2022 à 18:34

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Un commentaire

  1. Quand par ennui je regarde un film hollywoodien à la télé, j’en ressors toujours avec une impression de vide et de perte de temps. Sans parler des messages mondialistes, transhumanistes, lgbt et antiracistes qu’il m’a fallu supporter. Et c’est pareil avec les vieux films de Hitchcock, sa conception de l’Humanité en général, et de la femme en particulier, me déplaisent.

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