Héritier lointain du très gauchisant Yves Boisset, Lucas Belvaux n’en a décidément pas l’étoffe. Sa trilogie du début des années 2000 est tombée dans l’oubli général, tandis que La Raison du plus faible, 38 témoins et Rapt ne brillaient nullement par leurs qualités de mise en scène. Pas son genre, cependant, avait le mérite d’une certaine lucidité sur le couple, quand Chez nous – seul film qui lui valut la reconnaissance médiatique - versait de façon grossière dans le militantisme subventionné (propagande ?) contre le Front national.

Aussi, quand Lucas Belvaux réalise un long métrage à caractère historique, le spectateur reste légitimement sur ses gardes. Adapté du roman de Laurent Mauvignier paru en 2009, Des hommes nous raconte la déchéance de Feu-de-bois, incarné à l’écran par Gérard Depardieu, qui, marqué à vie par les événements d’Algérie, est parvenu à s’aliéner, par sa violence verbale, morale et physique, les habitants de son village. Si la plupart ont cessé de lui chercher des excuses, sa sœur garde pour lui une certaine empathie, alors que son cousin Rabut oscille entre l’exaspération, la crainte et le dégoût.

Émaillé de flash-backs plus ou moins convenus, plus ou moins scolaires, et d’une voix off polyphonique intempestive – insupportable à la longue –, le récit est l’occasion pour Lucas Belvaux de nous servir le refrain bien connu sur la « mauvaise guerre » et sur les crimes exercés par les uns envers les autres. Les uns étant évidemment ceux auxquels on s’attend… De là, les séquences coup de poing et « platoonesques » illustrant complaisamment toutes sortes d’exactions perpétrées par de jeunes soldats français à l’égard des populations locales, femmes et enfants compris. On fera donc l’impasse, on l’a compris, sur les subtilités de l’Histoire, notamment sur le fait que, de 1955 à 1957, le nombre moyen d’Européens assassinés chaque mois par le FLN est passé de 5 à 50 ; ou le fait que les supplétifs musulmans sous les ordres du général Challe en 59 étaient plus nombreux que les indépendantistes – un phénomène qui devrait donner matière à réflexion – ; le fait également que la violence des événements se répercuta sur la métropole où 48 policiers ont été assassinés entre 1958 et 1961. Sans oublier les 4.000 Algériens, du FLN et du MNA, qui se sont entre-tués dans nos banlieues. Belvaux, lui, ne s’embarrasse pas de détails, quand bien même ceux-là seraient nécessaires à la compréhension de l’histoire. Par manque d’intelligence ou par malhonnêteté, le réalisateur va même jusqu’à comparer la situation de l’Algérie avec le massacre d’Oradour-sur-Glane par les SS de la division Das Reich. Une accusation intolérable proférée contre l’armée française et contre ceux qui l’ont servie au péril de leur vie.

Par son attitude, Lucas Belvaux nous rappelle, à son niveau, les « porteurs de valises » du réseau Jeanson, ces intellectuels parisiens de gauche, ennemis de la France, qui récoltaient et transportaient de l’argent pour financer le FLN. Le cinéaste n’est pas sans savoir, en effet, qu’en donnant, à travers son film, un tel crédit aux thèses actuelles de l’État algérien, il ne fait que servir la soupe à ceux qui réclament continuellement la repentance de la France et usent de chantage mémoriel pour lui faire les poches.

Minable.

1 étoile sur 5

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19 juin 2021 à 16:55

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