Distribution de brevets d’opposition à l’Assemblée, mercredi après-midi, lors de la traditionnelle séance de questions au gouvernement. La première du mandat : un mandat prometteur... "Entre une opposition spectacle qui refuse de respecter les institutions de la République et une opposition sectaire qui préfère alimenter les peurs des Français, nous, chez Les Républicains, nous voulons incarner une opposition libre et responsable." C’est ainsi que le député LR de l’Ain, Damien Abad, voit les choses. C’est comme le cholestérol : il y aurait donc la bonne et la mauvaise opposition ! Les fréquentables et les intouchables. Les gentils et les mauvais diables. Comme chantait Jacques Brel sur "Les Remparts de Varsovie", "je trouve Madame mauvaise copine", vous ne trouvez pas un peu, quand même ?

Cela dit, mettons-nous un instant à leur place, aux LR. Juste un instant. Pas fichus de se qualifier pour le second tour de l’élection présidentielle, relégués, par la même occasion, dans l’opposition deux mandats à la suite et ce, pour la première fois de l’histoire de la Ve République (si l’on admet que les LR sont les descendants en ligne agnatique de l’UMP, du RPR, de l’UDR et de l’UNR), ça fait tout de même beaucoup pour un seul parti, dit de gouvernement, avouons.

Alors, se poser en véritable et unique opposition, "libre et responsable", ça vous donne un air de respectabilité qui vaut presque brevet de majorité. On se console comme on peut, que voulez-vous ! Plus de modestie, pourtant, lorsqu’on se prépare à "un long purgatoire" - pour reprendre l’analyse de Georges Fenech, député LR du Rhône, mercredi soir sur BFM TV -, ne nuirait pas.

M. Abad s'autoproclame, selon la formule consacrée, en opposition raisonnable, raisonnée même - comme on dit d’une certaine agriculture -, une opposition du juste milieu, en quelque sorte, qui reléguerait La France insoumise et le Front national au rôle décoratif de chiens de faïence posés sur la cheminée de son petit salon des certitudes et des idées reçues. À se demander si les LR ont bien compris ce qui leur est arrivé en mai dernier ; pire - ou mieux -, s’ils ont bien saisi le séisme qui a frappé l’ensemble de la vie politique française…

Mais le Premier ministre Édouard Philippe a remis en place M. Abad comme il le méritait, reconnaissons-le : "À vous écouter, vous seriez la seule opposition. En tout cas, la seule opposition responsable. Je ne doute pas que vous pensiez être la meilleure… Mais il y a d’autres oppositions. Elles vous plaisent peut-être moins. Mais enfin, elles existent. Et personnellement, je les prends comme elles sont. Avec leur style, avec leurs idées. Avec leur façon de s’exprimer… Je les prends telles qu’elles sont. Je les respecte toutes. Je répondrai à toutes les oppositions et je travaillerai avec toutes les oppositions." » C'est envoyé et, au passage, chiche !

"Opposition sectaire", affirme M. Abad ? Comme on dit, dans les cours de récréation : c'est celui qui dit qui est ! Et, à ce rythme-là, ce n’est pas le purgatoire qui se profile pour les LR mais bien l’enfer…

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06 juillet 2017 à 13:58

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