Les Africains migrant illégalement et massivement, par vagues successives, vers l’Europe continentale et le pourtour méditerranéen fuient davantage la désespérance socio-économique que les violences physiques dans leurs pays d’origine. En Afrique, où sont écrites ces lignes, on observe un mouvement concomitant et inverse d’immigration.

De l’Afrique vers l’Europe, les populations africaines ne font plus confiance au slogan politique indécent de « l’émergence ». La pandémie a opportunément libéré de cette promesse creuse des États gangrenés par la prévarication et la corruption endémiques. Car c’est aux clans au pouvoir que profite ce qu’on nomme indûment « la croissance », tandis que les conditions de vie des populations stagnent, voire régressent. Les secteurs publics de la santé et de l’éducation, subventionnés par le puits sans fond de l’aide étrangère, sont sinistrés. Cette situation incite au départ un grand nombre des migrants attirés par les largesses financières de pays de Cocagne comme la France. La communauté internationale en porte une lourde part de responsabilité.

En mars 2020, le secrétaire général de l'ONU prédisait « des millions de morts du Covid-19 en Afrique ». Huit mois plus tard, le Centre pour la prévention et le contrôle des maladies de l’Union africaine déclare 64.790 décès confirmés et 2.280.488 guérisons pour 2.728.602 cas enregistrés au 1er janvier 2021 pour l’ensemble du continent – soit très inférieur au bilan mondial. Pour autant, contrairement à ce que relaie docilement une presse complaisante, ce faible impact ne doit rien à une meilleure maîtrise publique de la pandémie ; il doit tout à des spécificités naturelles, climatiques et immunogénétiques favorables. En réalité, personne n’en connaît l’ampleur exacte, car les chiffres officiels sont faussés par le manque de fiabilité des données publiques et par la volonté de conformer la réalité au discours politique, plutôt que l’inverse. Entretenir un seuil minimal d’inquiétude évite de tarir la source inépuisable des aides internationales de toutes sortes, accordées sans conditionnalité ni contrôle, conformément à la position officielle de la France affichée dès avril 2020 : « Pas de corona-morale en Afrique ! ». Pousse-au-crime institutionnel, ce message a été reçu « fort et clair ». Depuis, les détournements massifs d’argent public, les fraudes, le racket et les trafics vont bon train. Or, cette dérive, alliée au ralentissement de l’économie, incite les populations au départ.

De l’Europe continentale vers l’Afrique, on constate une recrudescence des mouvements migratoires, de pays en difficulté socio-économique et politique vers un continent où les mesures sanitaires sont beaucoup plus floues et contournables. C’est le cas du Liban, dont la diaspora d’environ un million de ressortissants est installée depuis des décennies en Afrique de l’Ouest et compte de nombreux binationaux, notamment libano-français. Ils sont rejoints depuis peu par des milliers de nouveaux investisseurs et particuliers venus tenter l’aventure dans des environnements d’affaires plus propices, en particulier au Sénégal et en Côte d’Ivoire. Cela vaut également pour d’autres pays méditerranéens et européens comme la France, où la dictature politico-sanitaire est appelée à durer, voire à s’alourdir.

C’est ainsi que la pandémie accélère un chassé-croisé migratoire à somme positive pour les pays africains en voie de développement inégalitaire par l’arrivée de personnes instruites, motivées et productives ; à somme asymétriquement négative pour les pays européens, en voie de sous-développement égalitariste. Les dirigeants africains se frottent les mains d’accueillir des immigrés imposables, dont la plupart n’accéderont jamais à la nationalité électorale ni à la propriété foncière. Car, à la différence de la France qui octroie sans compter ni condition sa nationalité, les pays africains - y compris ceux présentés faussement comme libéraux et accueillants - pratiquent toujours une politique xénophobe de naturalisation extrêmement restrictive envers les étrangers, d’Afrique et d’ailleurs.

Ainsi, la politique française est à l’opposé d’un modèle responsable d’immigration choisie, qui gère avec réalisme les capacités nationales d’accueil migratoire selon des critères supportables d’intégration économique et sociale. L’idéologie droit-de-l’hommiste sélective y règne en maître, et la toute-puissante Cour européenne des droits de l’homme veille au grain migratoire, envers et contre les intérêts prioritaires des nations.

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12 janvier 2021 à 20:17

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