Chasse aux sorcières à Marseille : Franck Ferrand mis à l’index !

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Décidément, la liberté d'expression n'est pas la tasse de thé d'une certaine gauche. Marsactu, journal local d'investigation, nous apprend que la ville de Marseille « supprime son podcast avec Franck Ferrand, jugé trop à droite ». Jean-Marc Coppola, adjoint chargé de la culture, croyant justifier cette décision, a déclaré à l'AFP : « Ce n'est pas le contenu de ces podcasts qui pose problème, c'est leur auteur », ajoutant : « Je ne souhaite pas que la ville de Marseille soit associée à ce personnage, qui porte des valeurs qui divisent. »

Il faut dire qu'aux yeux de cette gauche, Franck Ferrand est devenu persona non grata depuis qu'il tient une chronique dans l'hebdomadaire Valeurs actuelles et intervient dans le cadre d'une émission historique sur CNews. Histoire d'en rajouter une couche, l'adjoint communiste précise que « si M. Ferrand veut se rapprocher de ce que pense Éric Zemmour, c'est son problème ». Le polémiste, qui contribue, avec Christine Kelly et ses chroniqueurs, au succès de l'émission « Face à l'info », est sans doute, à ses yeux, le propagateur d'une pensée maudite. Cet élu marseillais voudrait démontrer que le PCF n'a pas totalement abandonné ses inclinations staliniennes qu'il ne s'y prendrait pas autrement.

La chasse aux sorcières n'est pas nouvelle chez cette gauche qui pratique une tolérance à deux vitesses. Elle réclame, à juste titre, un débat démocratique mais trouve tout naturel d'en exclure ceux qui n'ont pas l'heur de lui plaire. On le voit dans une actualité qui évoque, pour lutter contre l'épidémie, la fermeture des frontières. Ceux qui étaient conspués, quand ils en demandaient, dès le début de la crise sanitaire, un contrôle renforcé, sont toujours considérés comme des galeux quand les faits leur donnent raison. Invité de Laurence Ferrari, dans « La Matinale », sur CNews, Bernard-Henri Lévy n'a pu s'abstenir de regretter que les idées de Marine Le Pen sur l'Europe et le souverainisme occupent le devant de la scène.

On pourrait en dire autant de la diabolisation subie par son père, dont on a récemment sorti un entretien avec Claude Sérillon, daté du 19 avril 2007. Chacun peut apprécier ou non le personnage, ses provocations et ses prises de position, mais force est de constater qu'il fait preuve, depuis des décennies, d'une grande perspicacité dans son analyse de l'immigration et de l'islamisme. Mais pas question, pour ces esprits englués dans leurs certitudes, de le reconnaître puisqu'ils ont décrété, une fois pour toutes, qu'il n'était pas fréquentable. C'est bien connu, on ne déjeune pas avec le diable, fût-ce avec une très longue cuiller.

La majorité actuelle n'est guère plus tolérante. Le Conseil constitutionnel, en retoquant la loi Avia, a souligné qu'elle portait une atteinte à la liberté d'expression ni adaptée ni proportionnée au but poursuivi. Emmanuel Macron lui-même, en de nombreuses occasions, a montré qu'il n'aimait le débat que lorsqu'il aboutissait à ses propres conclusions. La bien-pensance se considère volontiers comme détentrice de la vérité, tend à imposer ses normes et à mettre un bâillon aux dissidents.

On ne peut que rendre hommage aux médias, journaux ou chaînes de télévision qui accordent à la diversité des opinions la possibilité de s'exprimer. Et, plus généralement, aux Français qui, de plus en plus nombreux, résistent au conformisme et veulent penser par eux-mêmes. Quand on ostracise quelqu'un, comme à Marseille, parce que ses fréquentations déplaisent, on offense l'intelligence et on flirte avec le totalitarisme.

Philippe Kerlouan
Philippe Kerlouan
Chroniqueur à BV, écrivain, professeur en retraite

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