Chantal Jouanno, héroïne d’un scandale dont on attend encore le troisième acte
J'en suis encore sur les fesses. Et pourtant, c’est déjà de l’histoire ancienne, au rythme où vont les choses.
Acte I : Chantal Jouanno, choisie pour organiser le grand débat national imaginé pour répondre aux attentes et à la colère des gilets jaunes, voit révélée dans la presse sa rémunération de 14.700 euros bruts mensuels en qualité de « présidente de la Commission nationale du débat public » (CNDP). Salauds de journalistes ! À ce sujet, un détail m'amuserait (façon de parler) : combien d'heures de travail effectives ce salaire rémunère-t-il exactement ? Car, soyons honnêtes : de nombreux postes — cadres supérieurs, dirigeants d'entreprise (et cela, jusqu'au président de la République dont, chacun le sait, c'est à quelques biftons près la rémunération) — sont payés à ce niveau confortable. Certes, mais la question bonus qui suit, c'est : à l'heure de travail réellement exécutée pour assumer la présidence de cette ô combien indispensable commission Théodule, combien, donc, touche Son Altesse Jouanno ? Je n'ose imaginer la réponse !
Acte II : le 8 janvier, au 20 Heures de France 2, considérant que "les conditions de sérénité nécessaires pour ce débat" ne sont plus assurées, Dame Jouanno se la joue royale : elle se retire. Si, si. Mais attention, non pas du poste qu'elle occupe à la CNDP — et de la somptueuse rémunération associée ! Non, non, non : elle se retire de la mission qui lui avait été confiée ès qualité de présidente de la CNDP — mission qui relevait, de surcroît, exactement de l'intitulé de son titre ronflant et de son périmètre ! En clair ? Les sous, je garde, mais le travail, je refuse ! Pincez-moi, je rêve...
21 janvier 2019, quasiment deux semaines plus tard : de Chantal Jouanno, personne ne dit plus mot. Le grand débat national est lancé : un clou chasse l'autre. Mais le croirez-vous ? Madame est toujours en poste ! En clair ? À ceux qui attendaient un éventuel acte III : circulez, il n'y a rien à voir ! Et ne nous trompons pas : le premier scandale, dans cette affaire, est bien cette assourdissante absence d'acte III. La nature humaine est connue : les actes I et II de la pièce ne peuvent plus surprendre ceux qui l'ont approché d'assez près. En revanche, qu'à ce jour l'employeur de madame Jouanno (autrement dit vous, moi, c'est-à-dire les élus qui nous gouvernent — et en particulier Emmanuel Macron, le premier d'entre eux) n'ait pas, aussi sec, démis Chantal Jouanno de ses fonctions est totalement surréaliste. Je vous laisse une seconde imaginer un scénario équivalent en entreprise : « Monsieur le directeur, merci pour le travail que vous souhaitiez me confier dans le cadre du poste et du périmètre que j'occupe, mais non, vraiment, je suis pour cela trop grassement payé : le poste, je garde, mais le travail, je refuse ! »
À votre avis, combien de temps l'innocent en question aurait-il mis à trouver le chemin de l'agence Pôle emploi la plus proche de chez lui ?
Bienvenue dans le monde de nos élites.
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