C'est parti pour la session 2018 du baccalauréat. Et, pour commencer, l'épreuve de philosophie. Plus de 750.000 candidats ont planché sur les sujets, différents selon les filières : la vérité, la culture, l'injustice, le désir... Des thèmes très classiques, mais on attend moins des élèves une réflexion originale que des capacités à exprimer leur pensée de façon claire et ordonnée.

Il est probable que les correcteurs récompenseront d'une bonne note les copies écrites dans un français correct, composées avec rigueur, qui ne se contentent pas d'énumérer quelques citations apprises par cœur, ni de répéter, comme des perroquets, des lieux communs. Tous ceux qui ont corrigé des copies savent que les meilleures sont celles qui se lisent le plus vite : on comprend tout de suite et on n'a pas besoin de s'interroger sur ce que l'élève a bien pu vouloir dire.

Comme d'habitude, on a eu droit au stress des uns, à la décontraction ou l'amateurisme des autres, au petit prodige qui passe le bac alors qu'il n'a pas encore toutes ses dents, aux corrigés mis en ligne dès midi. Les médias ont peu souligné que la session 2018 est l'antépénultième à se passer sous cette forme. En 2021, le nouveau bac sera arrivé, avec la mise en place progressive de la réforme du lycée. Outre l'épreuve anticipée de français, les élèves passeront, au printemps, deux épreuves écrites portant sur les enseignements de spécialité et, en juin, l'écrit de philosophie et un grand oral.

Autre nouveauté : l'élargissement du contrôle continu (qui existait déjà en éducation physique), objet de polémiques. D'aucuns dénoncent la future baisse de niveau, les pressions qui pourront s'exercer sur les professeurs de la part des élèves, des parents ou de l'administration, un baccalauréat qui n'aura pas la même valeur selon les établissements. D'autres estiment, au contraire, que ce contrôle continu poussera les élèves à travailler plus régulièrement, d'autres qu'on va passer plus de temps à contrôler qu'à apprendre...

Tout cela n'est pas faux mais, avant de critiquer le futur baccalauréat, il faudrait se demander si le baccalauréat actuel est satisfaisant et à quoi il sert. Chacun sait que les barèmes sont adaptés, que les moyennes des correcteurs sont harmonisées (toujours vers le haut) pour que le pourcentage de réussite ne suscite pas d'émeute. S'il est rare que de bons élèves échouent au baccalauréat, il n'est pas rare que des élèves soient les premiers à s'étonner d'être reçus.

Un autre aspect de la réforme du lycée est resté quasi inaperçu. Les enseignements de spécialité sont censés permettre aux élèves d'approfondir les « dominantes » qu'ils auront choisies. Mais tout le reste, dont la philosophie, sera enseigné dans des cours communs indifférenciés. Les anciennes filières vont disparaître, tous les élèves auront le même enseignement. Or, il est moins que certain que les mêmes approches pédagogiques puissent être pratiquées en filières scientifiques, économiques, littéraires, voire technologiques.

De plus, l'expérience prouve que, chaque fois qu'on a supprimé des filières – au nom de l'égalité ou pour réaliser des économies budgétaires –, il s'en est suivi un nivellement des connaissances. En 1993, la fusion des séries C, D et E dans la seule série S n'a pas contribué – loin s'en faut – au progrès des enseignements scientifiques. Ne parlons pas du collègue unique, dont on voit aujourd'hui les ravages.

Le baccalauréat est théoriquement le premier diplôme d'accès à l'université. Dans les faits, il n'est pas pris en compte pour l'orientation dans l'enseignement supérieur, puisque les décisions sont prises sur dossier, avant d'en connaître les résultats. Le seul rôle qu'il puisse tenir, c'est d'inciter les élèves à travailler sérieusement toute l'année.

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18 juin 2018 à 18:20

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