Alors que le show-biz brésilien est vent debout contre Bolsonaro, comparé à Trump, les footballeurs brésiliens se démarquent en affichant massivement leur soutien pour lui.

Ronaldinho publie un post Instagram de soutien à Bolsonaro, portant un maillot floqué de son numéro 17, engendrant plus de deux millions de « likes » et plus de 100.000 commentaires. Felipe Melo, du Palmeiras, dédie son but inscrit face à Bahia "à Dieu, à sa famille et au futur président Bolsonaro", qu’il soutient sur les réseaux sociaux. Rivaldo, champion du monde, publie des messages pro-Bolsonaro : "Fier d’être Brésilien ! Quand je vois ces vidéos d’allégresse [de la foule avec Bolsonaro], cela me rappelle la fête quand nous avons gagné la Coupe du monde 2002." Cafu, capitaine et double champion du Monde, a très tôt annoncé son soutien en vidéo : "Le capitaine du 5 fois champion Brésil votera pour Bolsonaro."

Parmi les stars engagées, il y a le très respecté gardien de but champion du monde 1994 Taffarel, les anciens comme Edmundo, Carlos Alberto Torres (FC Porto), Ederson (OL) et les joueurs actuels (le jeune Lucas Paquetá du Milan AC, Jádson et Rogers des Corinthians, les Brésiliens de l’OL Rafael, Marçal, Marcelo et sa femme). On trouve des stars d’autres sports : Wallace et Mauricio de Souza, de l’équipe de volley-ball du Brésil, qui l’ont dévoilé au moment d’être sacrés champions du monde face à la France, le basketteur de NBA Nenê Hilário, la star du futsal Falcao. Des stars d’autres sélections comme le Croate Luka Modrić, élu meilleur joueur FIFA cette année, ont liké des posts Instagram pro-Bolsonaro.

Le soutien est si massif chez les sportifs que ce sont les anti-Bolsonaro que l’on compte sur les doigts d’une main, comme Juninho, installé à Los Angeles mais virulent critique de ceux qui ont choisi Bolsonaro. Cantona fulmine aussi.

Ces soutiens dérangent en raison de l’aura mondiale de ces sportifs. Parce qu’ils sont adulés, ils malmènent le discours de diabolisation. Respectées car modèles de comportement, les stars les plus religieuses adoubent Bolsonaro, comme les très pieux Kaká (Ballon d’or 2007 et champion du monde 2002), Alisson Becker (gardien de Liverpool) et Lucas Moura (Tottenham, ex-PSG). Beaucoup de stars sont noires ou métisses, déconstruisant l’idée d’un candidat « raciste ».

Contrairement aux dénis consistant à mépriser ces soutiens, les discours des sportifs sont construits et les arguments posés. Lucas Moura répond calmement à ses détracteurs sur Twitter : "Si [Bolsonaro] était vraiment raciste, il serait en prison. Vous l’accusez gratuitement sans argument." "Vous voulez faire quoi, face aux bandits ? Il ne promeut pas la violence mais la justice et que les malfrats aient peur de la police. Mais si vous avez une meilleure solution…"

Comment expliquer cet enthousiasme ? Outre le besoin d’ordre et de sécurité dans un pays où la criminalité a explosé, c’est "parce qu’ils se reconnaissent dans les valeurs religieuses que stimule en permanence Bolsonaro. Dans le milieu du foot, ça a beaucoup d’importance", indique l’universitaire Anibal Chaim dans L’Équipe. Les joueurs sont attachés à leurs racines chrétiennes.

Les footballeurs sont en phase avec la population qui a apporté au candidat 46 % des suffrages au premier tour. Mais ces positions requièrent du courage. L’Équipe rapporte : "Quant à Lucas Moura, c’est sur Twitter qu’il a choisi son camp. Il s’est fait insulter, a perdu des followers, mais a assumé." Lucas a été défendu sur Twitter par son compatriote Melo. Le statut d’ambassadeurs du Barça qu’avaient acquis Ronaldinho ou Rivaldo comme stars mondialement respectées est remis en cause. Wallace et Mauricio de Souza ont été sermonnés pour avoir affiché sur la photo de la victoire leur soutien à Bolsonaro.

Neymar et Gabriel Jesus, les attaquants de la Seleção, ont aimé sur Instagram un post de soutien à Bolsonaro d’Alan Patrick, milieu brésilien du Chakhtar Donetsk, qui résume en creux la déconnexion de la gauche : "Les vrais problèmes du Brésil : crise économique, chômage, violence, santé, éducation et corruption. Ce dont ils discutent lors de cette élection : idéologie de genre, machisme, racisme et féminisme." Ces lubies progressistes repoussent les joueurs, aux sentiments chrétiens et pro-famille. L’exemple du Brésil montre que la gauche n’est plus le seul horizon d’attente ni le seul engagement que peuvent assumer les personnalités.

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28 octobre 2018 à 21:18

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