Cannabis : ce que les candidats à l’élection présidentielle (et pas qu’eux…) doivent savoir

Éric Zemmour a braqué les projecteurs, cette semaine, sur les consommateurs et trafiquants de crack, mais la drogue la plus consommée en France reste le cannabis. Ce que redoutait la loi de 1970 prohibant le cannabis s’est produit, tandis que d’autres méfaits inattendus et graves sont apparus ; cette loi n’a donc rien d’obsolète, au moins dans son esprit ; elle doit enfin être mise en œuvre. La présidentielle fournit l'occasion d'en débattre.

Si cette loi n’a pas empêché l’extension du « péril cannabique », c’est parce qu’elle n’a été ni enseignée, ni expliquée, ni justifiée et, tout simplement, pas appliquée. La dissuasion ne peut se limiter à des sanctions, surtout lorsqu’elles ne sont pas prononcées.

La toxicité physique du cannabis l’emporte sur celle du tabac, pour le corps (goudrons cancérigènes, oxyde de carbone affectant l’appareil cardio-vasculaire avec infarctus du myocarde et accidents vasculaires cérébraux) mais, bien plus encore, pour le psychisme (ivresse, dangerosité, anxiété, dépression, incapacitation cognitive avec « crétinisation », démotivation, troubles psychotiques dont la redoutable schizophrénie, escalade vers d’autres drogues…). Ses méfaits sont intensifiés par la teneur en tétrahydrocannabinol (THC) des produits en circulation (multipliée par 6,5 en 30 ans), par de nouveaux modes de consommation qui accroissent sa cession à l’organisme, par un âge d’expérimentation de la drogue de plus en plus précoce (désormais dès le collège) et par l’apparition de nouveaux cannabinoïdes de synthèse à la puissance décuplée.

La France n’a pas perdu son combat contre le cannabis, puisqu’elle ne l’a pas livré ! Depuis un demi-siècle, elle s’est complu dans l’indifférence, l’ignorance, la complaisance, laissant les mains libres aux tenants de la reddition. L’Éducation nationale et autres éducateurs absents, des politiciens démagogues annonçant régulièrement l’imminence de sa légalisation, une justice absolvant les contrevenants, un corps médical démobilisé, des addictologues/idéologues à contre-emploi, des lobbies capitalistes à l’affût de juteuses royalties, des médias intoxiqués… sont à l’origine de cette étrange défaite qui fait des Français les tout premiers consommateurs de cette drogue en Europe.

Des arguments fallacieux, répétés sur un mode « psittacique », visent à anesthésier la réflexion. On entend, par exemple : « si cette drogue peut être dangereuse, ce n’est pas chez tous » ; « la prohibition empêche la prévention » ; « la légalisation générerait des taxes que l’on pourrait consacrer à la prévention » ; « l’interdiction est une incitation à la consommation » ; « la légalisation ramènerait la paix dans les cités Far-West »… Aucune de ces arguties ne résiste à une analyse un tant soit peu sérieuse.

On entend aussi « légalisons vite, pour ne pas être les derniers à le faire », comme si une course de vitesse (pour foncer dans le mur) était engagée. Prenons le temps d’analyser les conséquences de ces expérimentateurs impatients, d’autant que les informations déjà disponibles sont inquiétantes et que des décisions hâtives seraient irréversibles.

Si chacun doit pouvoir se croire maître de son projet de vie, libre de choisir entre tenter de prospérer ou au contraire de s’annihiler, il n’a pas le droit, par sa consommation de cannabis/THC, d’infliger à sa progéniture, par un mécanisme épigénétique, des atteintes comme des malformations congénitales, une vulnérabilité aux toxicomanies, à l’autisme, à la schizophrénie, aux déficits cognitifs, à une dépression de l’immunité…

« La légalisation serait une faute morale », disait Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur : ce serait aussi une faute sanitaire, sociale et sociétale.

Les civilisations sont mortelles. Survivront plus longtemps celles qui sauront préserver leurs membres, et surtout les plus jeunes, de leur annihilation par les drogues, à commencer par le cannabis, antichambre de toutes les autres.

Jean Costentin
Jean Costentin
Docteur en médecine

Vos commentaires

26 commentaires

  1. J’ai fumé mon premier joint à 16 ans. J’en ai 70 maintenant. Je ne peux pas parler pour les autres générations, mais dans la mienne les crétins c’est surtout ceux qui n’ont pas osé toucher au fruit défendu. Ils ne comprenaient pas grand chose dans la vie en partant et un demi siècle plus tard, ils n’ont pas beaucoup avancé. Il n’y a qu’à regarder l’état du monde pour s’en convaincre : les « straights » sont aux commandes et tout est en train de s’effondrer.

    • Je vous rejoins entièrement; la crétinisation de notre société se fait surtout en manipulant les masses encore « mieux » que sous l’URSS; la pensée n’a jamais été autant contrôlée et formatée. Et je prétend même que l’interdiction des plantes non toxiques, comme les herbes et les champignons, n’a d’autre but que d’interdire aux gens de se libérer de ce joug sociétal. Mettre sur le même pied plantes et drogues chimiques de synthèse – celles là dangereuses- est, à mon avis, le summum du crétinisme.

  2. Fidèle appréciateur de Boulevard Voltaire en général, je suis très déçu de constater que mon commentaire, réfléchi et mesuré, a été censuré. J’y expliquais simplement pourquoi je n’étais pas en phase avec cet article…

  3. j’ai soixante-dix ans, suis en pleine santé, consommateur et appréciateur de cannabis depuis mon adolescence. La découverte progressive de ses effets complexes et de leur finesse a été d’une valeur importante et de longue durée dans ma vie. Je considère que la connaissance pratique d’un sujet contribue de façon importante à la validation du propos tenu sur le dit-sujet. Je recommande en outre l’ouvrage suivant : « LA LEGALISATION DES DROGUES. Une mesure de salut public » (2014, Odile Jacob).

  4. Une fabrique de crétins, voilà ce que ce monde libertarien au service du capitalisme donne. Il parait qu’il y a un pognon de dingue à prendre…
    La solution le retour à la tradition et l’Etat Nation.

  5. La « crétinisation » ne disparaîtra pas avec la traque des « cannabis preneurs » mais avec une pédagogie que l’on souhaiterait trouver d’intervenants autres que médecins!
    Qui aurait pour but de faire savoir que le mode d’élection du Chef de l’Etat, imposé par 62% de OUI à un référendum d’octobre 62, aux données bouleversées par le passage au Quinquennat et qui est le moteur de ces grands-messes TV qui sont une insulte au bon sens!
    Gageons que 90% des votants ou non l’ignorent!

  6. Jamais le crack n’arrivera en France. C’est ce qu’on disait naguère. On sait ce qu’il en est. Nous avons tous connu dans nos familles de jeunes réduits à l’état de zombies qu’il a fallu extirper péniblement du simple cannabis, et pourtant le taux de THC était bien plus faible ue maintenant.

  7. Une loi mise en place mais non respectée…donc, « Vous voyez bien, nous avons les lois les plus restrictives et ça ne sert à rien.. »Et voilà, le tour est joué.. Légalisation….!

  8. Pourquoi cette tolérance quant à la consommation de drogues en France ? On a si bien su sanctionner les sans passe sanitaire, les sans ausweiss, les criminels en petit excès de vitesse, etc., et on n’arrive pas à sanctionner les trafiquants et les consommateurs de ces produits illicites ? Il faut savoir que la plupart du cannabis consommé en France vient du Maroc et qu’éradiquer ce trafic en France nuirait gravement à l’économie de ce pays. Ben voyons ….

    • Et pas que. Le trafic de drogue génère une quantité impressionnante de fric, et je ne connais aucun homme politique capable de résister à la tentation de prélever sa dîme au passage. Et c’est pourquoi ils sont si tolérants!

  9. La France, combat le cannabis, comme DON QUICHOTTE les moulins à vent.
    D’ailleurs, pourquoi les trafiquants français ne portent pas plainte
    A la Cour Européenne de Justice puisque ce commerce
    Est permis chez nos voisins et amis européens ?

  10. On voit et entend beaucoup de mises en garde contre le tabac et l’alcool mais rien ou si peu contre le cannabis, en tout cas rien émanant du gouvernement alors que c’est encore illégal.
    Ils ont su nous obliger pour les masques, les vaccins, mais là, rien

    • La GPA est encore illégale, et les usines ukrainiennes de GPA font pourtant la une des médias. Première étape avant sa future légalisation.

  11. Comment voulez-vous stopper la consommation alors que des policiers, gendarmes, politiques eux mêmes consomment ce poison ? Les douaniers peuvent intercepter des go fast de temps en temps, le gros du trafic continue. Tout le monde sait d’où vient le cannabis pour alimenter l’Europe. Si nos politiques voulaient vraiment mettre un terme à ce trafic ça serait fait depuis longtemps. Même chose pour la coke et autres produits toxiques.

  12. Sans parler des enfants qui s’intoxiquent en trouvant une boulette de shit ou une tête d’herbe et qui l’ingèrent. Et se retrouvent aux urgences.

  13. Quand vous parlez à des ados du « bédo » comme ils disent, ils vous répondront que c’est leur quotidien. Il y en a partout, tout le temps et que c’est tellement répandu et qu’ il y a tellement de monde qui fument que ça ne doit pas être aussi grave que ça….Bravo la prévention.

  14. Nous sommes le pays le plus consommateur d’Europe. De là à y voir une relation de cause à effet, il n’y a qu’un pas, que je franchis.

    D’où provient la marchandise, qui alimente le trafic, où sont les centres d’approvisionnement ?

    Ce que dénonce Mr Zemmour. Sans évoquer la guerre de concurrence en cas d’éventuelle légalisation.

    Appliquer les mesures qui s’imposent car le cannabis est néfaste, toxique et annihile toute faculté cognitive.

    Croyez-en un ancien fumeur de cette m…

  15. Fut un temps où E.Z se disait plutôt favorable à la légalisation du cannabis, heureusement, il semble avoir changé d’avis. Histoire de le conforter dans cette décision, qu’il lise cet article tous les soirs avant de se coucher, tout y est dit, et après ça, il n’y a plus rien à discuter. Cet article devrait être distribué à la planète entière, histoire de voir quels sont ceux qui ont un cerveau, et ceux qui n’en n’ont pas (peut-être déjà bouffé par le THC…)

    • La grande question reste posée : à qui profite ce commerce de la crétinisation? Tout le monde en haut lieu le sait depuis de dizaines d’années alors qui attend quoi pour agir? Bravo à Monsieur Zemmour pour son courage lors de sa « visite » au parc des drogués d’avoir « osé » dire à une droguée au crack de naissance haïcienne non naturalisée qu’elle avait choisi de se droguer. Personne ne peut juger mais accepter tout, ne jamais dire non à un enfant, à un jeune c’est le laisser dans l’ignorance.

      • J’ai toujours dit que NON était le plus beau mot d’amour qu’un parent disait à son enfant : NON tu ne feras pas cela parce que, (c’est dangereux, tu n’as pas l’âge, ce n’est pas légal etc. beaucoup de dialogues et d’amour mais aussi de la fermeté.

    • Personnellement, je n’ai jamais entendu Zemmour dire qu’il était favorable à la légalisation du cannabis, mais qu’il réfléchissait, doutait, et n’avait pas encore tranché la question ….

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