Le président du groupe LR au Sénat et candidat à la présidence de son parti n'est pas le moins crédible des hommes de droite. S'il avait été candidat à la place de Valérie Pécresse, peut-être eût-il obtenu un score moins calamiteux. Dans un entretien au JDD, il dévoile son projet, au cas où il accéderait à la tête du parti : « Il faut tout changer », déclare-t-il, « la marque "Les Républicains" est morte. Je veux construire un parti populaire et patriote capable de rassembler tous les électeurs de droite. » Prise de conscience bien tardive ?

Les cadres dirigeants des Républicains n'ont en commun que le nom de leur parti. Entre ceux qui ont rallié Macron dès son premier mandat, ceux qui l'ont rejoint en cours de route ou pour son second mandat – à commencer par Nicolas Sarkozy, qui fut longtemps leur mentor – et ceux qui le soutiendraient bien aujourd'hui, s'il n'était pas en si mauvaise posture, il est difficile de distinguer nettement ce qui sépare les Républicains de la Macronie.

Certaines personnalités détonnent dans ce parti hétéroclite, comme Laurent Wauquiez, François-Xavier Bellamy ou Bruno Retailleau. Même s'ils partagent des idées proches de celles d'Éric Zemmour ou de Marine Le Pen sur l'immigration, l'islamisme et l'indépendance de la France, ils ne font rien pour se rapprocher d'eux. Invité du « Grand Rendez-vous » sur CNews, ce dimanche 30 octobre, François-Xavier Bellamy s'est montré embarrassé quand Sonia Mabrouk l'a interrogé à ce sujet. Il s'est contenté de confirmer qu'il ne se sentait « pas proche » de Macron et qu'il voulait, avec Bruno Retailleau, « reconstruire une force politique pour donner la majorité » à la droite.

Tous deux, qui représentent pourtant la droite la plus authentique et la plus compatible avec le Rassemblement national ou Reconquête, refusent de reconnaître leur proximité avec ces deux partis sans renoncer à en appeler à leurs électeurs. Quant à Laurent Wauquiez, avec l'appui déclaré d'Éric Ciotti, il prépare avec prudence la prochaine présidentielle. Gravissant le mont Mezenc, à la fin du mois d'août, comme il le fait traditionnellement chaque année, il a déclaré, sans prendre de trop grands risques, que « [sa] conviction [était] que nous avons une mission : préparer dès aujourd’hui l’après-Macron ».

Peut-être est-il politiquement plus efficace de s'adresser aux électeurs plutôt qu'aux appareils d'un parti ? Le Rassemblement national ne fait pas autrement et en tire manifestement un bénéfice. Mais cette stratégie profitera-t-elle à un parti qui, du RPR à LR en passant par l'UMP, a si souvent montré la fragilité et la versatilité de ses convictions ? Faut-il s'étonner que ses électeurs lui fassent de moins en moins confiance, ce qui explique sa défaite cinglante à l'élection présidentielle et son échec relatif aux législatives, bien plus que le manque de charisme de Valérie Pécresse ?

Si Bruno Retailleau voulait vraiment « tout changer à droite », il faudrait qu'il commence par changer lui-même et qu'il rompe avec l'ostracisme dont son parti a toujours fait preuve à l'égard de concurrents qui, eux, n'hésitent pas à porter leurs convictions en bandoulière.

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30 octobre 2022 à 16:02

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65 commentaires

  1. Bellamy,E.Ciotti , B. Retailleau…Mais pourquoi ne font-ils pas comme T.Mariani ou comme Chenu auxquels ils ressemblent beaucoup. Ils auraient toute leur place au R.N

  2. Il y a bien trop de LR partis manger à la gamelle de la macronie . Ils ont trahis leurs électeurs et sont se sont ainsi rendus complices de la situation de la France , déclassée , délabrée , au bord de la faillite .
    La droite se situe désormais chez Zemmour et au RN , les électeurs ne s’y trompent plus , ils ont compris où était LR et dans quel état .
    Sécurité , immigration , réforme de l’Etat , indépendance du pays face au dictat de l’Europe et des USA … C’est là qu’il faut aller aujourd’hui chercher des voix .

  3. Les LR ce sont tués eux même bon débarras il faut ce rassembler avec Zemmour c’est ce que j’ai j’étais UMP LR depuis une éternité ils m’ont tellement déçu .

  4. M. Retailleau si vous souhaitez qu’un parti émerge à droite et soit en mesure de diriger le pays , peut-être ne plus regarder sur votre « gauche » mais au contraire tourner votre regard à droite , et si j’ai bien suivi aussi l’entretien de M. Bellamy sur Cnews dans l’émission de Mme Mabrouk , vos points de vue ne divergent en rien avec le discours prôné par Eric Zemmour , peut-être un peu plus de retenue dans vos propos mais sur le fond les thèmes et les solutions sont à l’identique . Nous français attendons que cette union se fasse jour au plus vite avant que le pays ne sombre dans le chaos , certains domaines sont déjà bien engloutis .

  5. « la marque « Les Républicains » est morte. » Asphyxiée par ses multiples trahisons. Repose sans paix, auguste parti, tu auras du temps pour rechercher en enfer de futures victimes de tes exploits.

  6. Pour gagner une élection ce jour il faut s’allier à droite avec ZEMMOUR et MLP car les français st fatigués des combines énarques et autre autres “élites “ qui ont la tête bien faite pour passer des concours mais incapables de diriger un pays qui ne fait que s’enfoncer depuis l’après De Gaulle . Macron est une supercherie que les français vont payer très cher!

  7. Au RN et chez Reconquête, on ne parle pas d’ostracisme vis à vis de LR, mais seulement de dissoudre ce parti avant d’absorber ses partisans… C’est toute la différence !!!

  8. Le ver est dans le fruit depuis la création de l’UMP (= Centre-droit européiste + droite « classique ») ; avant, les différences étaient plus nettes ; aussi depuis 1992, traité de Maastricht : la droite « républicaine » n’a cessé de faiblir, ne choisissant pas clairement > elle s’est faite « aspirer ». Le magmas centriste a lui proliféré : aucune conviction, mesures techniques, Union européenne privilégiée, etc etc.
    Comment faire ? Retrouver ses racines pour LR et redevenir s’il le peut (??) l’UDR ou le RPR de l’époque ; il sera désormais une force d’appoint électorale. Reconquête est plus gaulliste que LR !
    Toute la droite devrait simplement analyser la situation des élections législatives 2022 : un accord électoral permet de gagner, au moins à l’Ass. Nale (cf NUPES, coalition juste électorale de bric et de broc).
    On peut penser que les partis politiques sont un poil désuets ; les électeurs sont « volatiles » : ils vont là où ils sentent qu’il y a une substance (RN, REC,…) et un discours. LR doit d’abord retrouver les deux, et clairement se couper en 2 : « virer » les centristes mous et europhiles, et se clarifier, se purifier. Le groupe LR passera de 60 à 40 et alors ?
    Un discours clair, des votes à l’AN sans ambiguïté, une parole clarifiée : il faut être courageux. C’est dur ! Penser à la France et aux Français, retrouver la souveraineté (décider soi-même tout simplement), etc etc. Sortir de l’UE ? Pourquoi pas ? Le choix aujourd’hui semble être entre un mondialisme euro-dominateur et une nation indépendante : c’est possible. Les LR vont avoir du mal à exister sans cette réflexion.
    La clarté du discours peut les aider, la force des convictions également. Passer d’un parti de notables élus et rentiers, à un parti vivant et connecté au Monde et aux Français : rude épreuve !

  9. Parole, parole, parole, comme dit la chanson. Une autre manière de « macronner ». À quand une véritable union de toute la droite et de toutes les bonnes volontés?

    1. avec un véritable programme ni de droite ni de gauche, mais un programme pour la FRANCE. Pour des lignes directives il suffit , entre autres, de piocher dans les idées de De Gaulle, un vrai patriote, qui déjà à son époque avait vu clair dans le futur que notre pays subit aujourd’hui.

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