Blasphème en Écosse, l’arbre cache la forêt

humza

Courant avril dernier, la presse internationale se faisait l’écho d’une réforme portée par le gouvernement écossais tendant à dépénaliser le blasphème en abrogeant un texte vieux de 175 ans. Ce qui pourrait aboutir très vite à réintégrer le blasphème dans la catégorie propos haineux.

Nous ignorions qu’au royaume d’Écosse, le blasphème était un problème majeur. Dans un pays où le protestantisme, régime sévère, a été de mise jusqu’à la sécularisation des dernières décennies, où les catholiques ont été persécutés plus qu’ailleurs au Royaume-Uni, il ne semble pas que la question, vue de ce côté-ci de la mer du Nord, cause le moindre trouble. Mais l’Écosse est gouvernée par des libéraux libertaires de gauche et, à l’image de leurs camarades d’autres pays du monde, parmi lesquels leurs cousins canadiens, il leur importe d’être en pointe contre tous les types de discrimination.

Le secrétaire à la Justice du gouvernement autonome s’appelle Humza Yousaf, né en 1985 d’un père pakistanais et d’une mère kenyane. Il fut le premier membre d’une minorité ethnique et le premier musulman à siéger au Parlement de Glasgow. Il porte cette loi, ce qui ne laisse pas d’étonner. Les musulmans ne sont pas réputés pour l’affection débordante qu’ils portent aux minorités sexuelles – car c’est bien de cela qu’il s’agit - ni pour leur tolérance en matière religieuse. Alors, que signifie cette initiative ?

On pourrait penser que cette loi, sous couvert de protéger certaines minorités contre les « propos haineux », permet surtout de poursuivre n’importe quelle parole qui serait jugée offensante par tout type de minorité. Y compris religieuse. Autrement dit, l’arbre cache la forêt. Inattaquable parce qu’elle protège la communauté homosexuelle aux yeux du monde, rédigée en termes suffisamment vagues pour sembler pavée de bonnes intention, la loi écossaise permettra surtout de sanctionner les critiques contre l’idéologie LGBT et, en même temps, celles contre certaines religions.

Les évêques ne s’y sont pas trompés, en manifestant leur inquiétude, rapporte La Croix : ce texte pourrait conduire à la censure de l'enseignement catholique, notamment dans son affirmation qu'il existe deux genres distincts, féminin et masculin. De telles déclarations peuvent être perçues par d'autres comme une injure de leur propre vision du monde et comme susceptibles d'attiser la haine. La compréhension de l'Église catholique de la personne humaine, y compris la croyance que le sexe et le genre ne sont pas fluides et changeants, pourrait tomber sous le coup de la nouvelle loi. »

Plus surprenant, certains artistes se joignent à cette protestation. Rowan Atkinson – le célèbre Mr Bean - l’actrice Elaine C. Smith et les écrivains Chris Brookmyre et Val McDermid craignent que cette mesure entraîne une augmentation des poursuites pour ceux qui expriment des opinions controversées, passibles d'une peine d'emprisonnement maximale de sept ans, et touche ainsi à la liberté d’expression.

Tout cela fait penser à la scélérate loi Avia, censurée du bout des doigts par le Conseil constitutionnel. En France comme ailleurs, la liberté d’expression est en grave danger. Chaque gouvernement « libéral » essaye d’y attenter, souvent avec succès. Cette politique est orwellienne : réduire l’expression pour réduire la pensée, conditionner les peuples, les soumettre à une idéologie unique, c’est le meilleur moyen de les asservir.

Qu’il s’agisse de l’abrutissante propagande au sujet du Covid-19 ou de la politique contre « toutes les discriminations », prenons garde à cette dérive liberticide. Elle est porteuse de graves troubles dans l’avenir.

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