Beauveau de la sécurité : la formation des policiers en question

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Comme il fallait s’y attendre après les déclarations de Gérald Darmanin devant la commission des lois de l’Assemblée nationale, le 30 novembre dernier, la formation des policiers se trouve propulsée au cœur des débats du « Beauvau de la sécurité » qui vient de débuter. Pourtant, s’il est évident que ce secteur d’activité de l’institution policière mérite d’être examiné attentivement, il ne faudrait pas imaginer qu’il est, à lui seul, à l’origine de tous les maux qui rongent, depuis maintenant plusieurs années, la police nationale.

La formation des policiers a toujours été prise au sérieux et les réformes qualitatives dont elle a fait l’objet, au fil des ans, ne peuvent qu’attester du pragmatisme dont l’administration policière a su faire preuve sur cette question. Du gardien de la paix au commissaire de police en passant par les officiers de police, les programmes de formation initiale et continue ont le plus souvent été élaborés avec réalisme et compétence. En réalité, si des difficultés se sont peu à peu manifestées jusqu’à devenir une vraie préoccupation, c’est bien plus en raison de la façon dont ont été mis en œuvre les actions et les cursus de formation que sur leurs qualités elles-mêmes.

Aujourd’hui, plusieurs questions de fond empêchent les policiers de sortir des centres de formation parfaitement préparés à leur futur métier. Tout d’abord parce que, depuis longtemps, mais de manière encore plus évidente actuellement, les élèves regroupés dans les écoles de police servent de variable d’ajustement pour certains services de police. Que survienne un événement exceptionnel ou imprévu et la haute hiérarchie politique et administrative n’hésitera pas à aller « piocher » dans cette « réserve de circonstance » afin de boucher les trous opérationnels. Dans ce cas de figure, la formation sera bien évidemment amputée d’autant de semaines et de mois. C’est, d’ailleurs, ce qui vient de se passer pour deux promotions d’élèves gardiens de la paix qui ont vu, pour cause de Covid-19, leur scolarité brusquement interrompue.

Autre raison qui prévaut ces dernière années : le manque drastique de policiers dans les commissariats. La baisse des effectifs et la nécessité de les remettre à niveau dans l’urgence ont poussé les ministres de l’Intérieur qui se sont succédé à réduire de fait la durée de la formation des futurs policiers. C’est ainsi que cette dernière, initialement de 12 mois en école, est passée à 8 mois.

Si la formation des gardiens de la paix est mise en cause, il convient également de s’interroger sur celle des adjoints de sécurité. Ces derniers représentent, actuellement, 10 à 15 % des effectifs de la police nationale. Affectés, pour l’essentiel d’entre eux, dans des services de sécurité publique, leur présence va même désormais jusqu’à conditionner le fonctionnement de certains commissariats. Leur formation devra également faire l’objet d’une étude sérieuse et être révisée pour s’adapter aux missions actuelles.

Enfin, il est évident qu’à l’image de l’ensemble de nos concitoyens, le niveau scolaire de base des policiers s’est considérablement détérioré. Et cela n’est, évidemment, pas sans conséquences sur la formation professionnelle des futurs gardiens de la paix.

À la lumière de ces quelques constats, plusieurs solutions s’imposent d’elles-mêmes sans qu’il soit nécessaire d’attendre encore plusieurs mois. Premièrement, la formation des policiers doit retrouver son seuil incompressible, à savoir 12 mois d’école pour l’apprentissage des fondamentaux théoriques et 6 mois de stage sur le terrain avec l’aide d’un véritable tuteur volontaire et formé. Et non pas un autre policier plus ancien à qui la hiérarchie collera une « casquette » de plus. Ensuite, il faut développer la formation continue et organiser régulièrement le retour des policiers dans des centres de formation afin qu’ils puissent se recycler de façon adaptée et pertinente. Enfin, l’élargissement du vivier de recrutement des gardiens de la paix en repoussant l’âge limite de présentation aux différents concours à 40 ans permettrait de répondre à certaines questions aujourd’hui prégnantes. Cette dernière mesure ne manquerait pas, entre autres avantages, d’enraciner davantage encore la police nationale dans le corps social.

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Olivier Damien
Conseiller régional de Bourgogne-Franche-Comté, Commissaire divisionnaire honoraire

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