Quand la balance de la justice se désaxe !

Il suffit parfois de simples faits divers pour détecter la différence de traitement d'une Justice aux ordres du politiquement correct. Deux cas dissemblables, qui viennent de se produire, nous en donnent l'occasion.

Il y a une semaine, France 3 Hauts-de-France mentionnait la virée "sauvage" de trois individus, passablement alcoolisés. Ceux-ci agressent plusieurs personnes dans différents quartiers d'Amiens. Des attaques menées, semble-t-il, gratuitement, au gré de leurs pérégrinations en voiture. Résultat de cette course folle : une vingtaine de personnes blessées au couteau ou au tournevis, plus un SDF passé à tabac et hospitalisé pour une grave blessure à la tête. Les trois agresseurs, âgés de 20 à 21 ans sont très vite interpellés. Tous étaient connus des services de police. Le 30 mars, ils sont présentés à un juge en comparution immédiate. Les chefs d'accusation sont multiples : violences avec armes, violences en réunion, vols en réunion, conduite sans permis, dégradations graves et rébellion. Chaque auteur est poursuivi pour 12 à 19 infractions. Or, jusque-là, comme d'habitude, on ne sait rien sur l'origine de ces "racailles".

Heureusement, en fin de séquence, France 3 nous apprend que l'un d'eux est accusé d'apologie d'actes de terrorisme. Là, nous commençons à y voir plus clair. Le jeune conducteur de la voiture à bord de laquelle les trois hommes ont mené leur violente expédition a exprimé devant les policiers des avis très révélateurs : "Les attentats n'arrivent pas par hasard… France, pays de merde… Vous méritez ce qui est arrivé à Paris. Vous allez brûler."

On devine alors aisément quel genre de personnage a pu proférer de telles menaces. Notons, au passage, que le juge aurait aussi pu retenir la haine raciale pour "France pays de merde" mais il est vrai, comme le dit SOS Racisme, que le racisme anti-blanc n'existe pas. Le dossier a été renvoyé au 20 avril.

Au même moment, aux entrées ou sorties de Toulouse, Balma ou Ramonville, les automobilistes ont pu remarquer des panneaux portant l’inscription « djihadistes » barrée de rouge, semblables aux panneaux traditionnels. Le message était le refus de revoir en Occitanie les djihadistes partis en Syrie ou en Irak. Le maire de Toulouse avait expliqué ne pas vouloir s’opposer à ces retours dans la ville rose. Génération identitaire, par l’intermédiaire de son compte Facebook, a revendiqué l’action : "Vu les propos du maire il appartient aux citoyens de faire entendre cet avertissement : les djihadistes ne sont pas les bienvenus à Toulouse !"

Les panneaux, comme on l'imagine, ont été rapidement retirés…

Vous pensez que cette démarche n'est pas grave, vous n'y voyez qu'une action de potache ? Détrompez-vous, car le parquet de Toulouse a ouvert une enquête et a chargé la police de retrouver les auteurs, selon La Dépêche du Midi. Mais une enquête pour quoi ? : Pour "apologie du terrorisme" et, toujours d'après le quotidien régional, elle pourrait même évoluer vers une "incitation à la haine raciale".

Vous avez ici deux faits très différents : des agressions violentes pour le premier, l'apposition de pancartes pour le deuxième. Pourtant, ces deux agissements, pour la Justice, doivent répondre d'une même infraction. Ceci est d'autant plus choquant que pour l'un, le contenu des paroles caractérise l'apologie du terrorisme islamique, alors qu'avec l'autre, nous avons une boutade rédigée pour dénoncer, justement, les partisans de Daech.

Parfois, comme ici, les attributs de la Justice paraissent inadéquats : le glaive frappe dans le vide, la balance est désaxée et le bandeau la rend par trop aveugle.

J.-P. Fabre Bernadac
J.-P. Fabre Bernadac
Ancien officier de Gendarmerie - Diplômé de criminologie et de criminalistique

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