Je lisais, l’autre jour, avec un intérêt empreint de circonspection les résultats du sondage donnant à Marine Le Pen, au deuxième tour, 48 % de voix en cas de face-à-face électoral avec Macron en 2022. Perspectives certes encourageantes, mais assorties de tellement de conditions que le spectre de 2017 va recommencer de planer sur cette possibilité de victoire nationale. Pour l’instant, celle-ci est hypothétique, vu l’incapacité chronique des autres acteurs de la droite nationale de se rallier sans états d’âme à celle qui représente indéniablement les meilleures chances de victoire en 2022. Autant il faut respecter les choix et les priorités de chacun, autant celles-ci deviennent des boulets à porter par le camp national lorsque se profile à l’horizon l'élection présidentielle. C’est à ce moment-là que les partis frères et leurs querelles idéologiques devraient s’effacer devant les personnalités qui vont briguer le suffrage suprême.

On assiste, depuis plusieurs années, à droite comme à gauche, d’ailleurs - mais de la gauche, ici, on s’en fout -, à une valse morbide des ego qui finit par enterrer systématiquement les espoirs d’une droite nationale devenue ainsi, au fil des années, la plus bête du monde. Combien de temps resterons-nous ainsi prisonniers de ces quelques pourcents qui échappent au Rassemblement national pour arriver aux affaires présidentielles ? Il faut laisser le temps au temps, a-t-on coutume de dire pour expliquer que les choses prennent du temps à se mettre en place pour devenir cohérentes et gérables. Dans le cas qui nous intéresse, le temps n’est plus le facteur d’évolution des idées des uns et des autres car celles-ci ont été maintes fois confrontées dans des discussions, débats, rencontres et autres assises de la droite, en 2016, à Béziers, sans que ce temps fasse son œuvre. Il en est toujours ressorti des chasses à la petite puce pour expliquer pourquoi on n’est pas d’accord pour aller ensemble au combat. Foutaises que ces fallacieuses petites différences qui essaient de justifier l’injustifiable.

Si, après tant d’années, les différents acteurs de la droite nationale ne sont pas parvenus à se mettre d’accord autour d’un programme commun de gouvernement, c’est qu’ils ne le veulent pas vraiment. Quand on entend M. Dupont-Aignan fustiger tous ceux qui ont quitté Debout la France pour rejoindre le Rassemblement national en minorant totalement l’importance de cette fuite, on a le sentiment qu’il confond une petite fuite d’eau et un raz-de-marée ! Quand on l’entend, ensuite, déclarer qu’il va gagner les prochaines élections alors que les sondages le donnent au mieux à 7 % d'intention de vote au premier tour, on est en droit d'en douter.

Si l’union des droites ne se fait pas aujourd’hui, elle ne se fera jamais. Et ce sera ainsi, de valse-hésitation en je t’aime moi non plus, que la France passera à côté du réarmement moral qui lui sera indispensable pour retrouver un fonctionnement à la hauteur de son histoire.

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06 février 2021 à 20:19

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