Apologie du terrorisme, internement des fichés S : êtes-vous devenus fous ?

La « droitosphère » semble se féliciter des condamnations récentes à de la prison avec sursis, pour apologie du terrorisme, d'un militant de La France insoumise qui s'était réjoui de la mort du colonel Beltrame.

Mais aussi de la condamnation à de la prison avec sursis de cette militante vegan qui avait écrit, suite à la mort du boucher du Super U de Trèbes : "Ben quoi, ça vous choque un assassin qui se fait tuer par un terroriste ? Pas moi, j’ai zéro compassion pour lui ; il y a quand même une justice."

Et une partie de cette « droitosphère » ou « réacosphère » d'applaudir les propositions de Laurent Wauquiez d'interner les fichés S.

Mais êtes-vous devenus fous ? Bien entendu que ces propos sont dégueulasses et scandaleux, mais ce ne sont que des écrits. En applaudissant ces condamnations, vous ne pourrez pas, demain, pleurer ici parce que des militants défenseurs de la famille seront incarcérés pour avoir été trop agités dans des manifestations.

Vous ne pourrez pas hurler « liberté d'expression » et vous plaindre de la censure de vos médias, de vos sites Internet préférés, de vos réseaux sociaux, puisque vous aurez applaudi au lynchage médiatique et judiciaire de deux idiots, certes, mais qui ne méritent pas des peines de prison. Vous validez la corde qui servira à nous pendre.

En réclamant l'internement des fichés S, vous montrez que vous êtes au même niveau que certains politiciens : au niveau du néant. Vous ne savez pas qu'une fiche S n'est qu'un outil temporaire, et qu'elle n'indique nullement une dangerosité potentielle.

Vous ne savez pas que votre petit-fils, votre neveu, vos amis ont été ou sont peut-être temporairement fichés S, pour avoir participé à une manifestation, à un match de football, à un meeting politique. Ils vous remercieront le jour où on les mettra en prison parce que des hystériques auront hurlé à l'internement des fichés S sans savoir de quoi ils parlent.

Une partie de la réacosphère, de la droitosphère, restera indécrottable, de l'autre côté de la barricade : le côté du système, le côté de l'ordre établi, le côté de la réaction, le côté de la nostalgie et de la frustration permanente. Toujours à scander « la police avec nous » même quand celle-ci vous gaze et vous arrête. Toujours à compter sur un éternel sauveur qui n'arrivera pourtant jamais. Vous êtes en train de condamner votre descendance, prenez-en conscience.

Yann Vallerie
Yann Vallerie
Journaliste

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