Bol de riz dans les écoles catholiques le Vendredi saint : la solidarité c’est bien, la charité c’est mieux !

Chaque année, le jour du Vendredi saint, les catholiques commémorent la passion et la mort de Jésus-Christ. C’est, pour eux, un événement fondamental dont la dimension historique est mineure par rapport à la signification spirituelle. En se souvenant de cet acte d’abandon total de Dieu fait Homme, ils prennent conscience du caractère salvifique de la Passion du Christ et attendent la joie de la Résurrection célébrée le dimanche de Pâques.

Jour de silence et de pénitence, le Vendredi saint est également un jour de jeûne. C’est d’ailleurs, avec le mercredi des Cendres qui marque l’entrée dans le Carême, le seul jour de jeûne d’obligation qui subsiste. Si la discipline de l’Église s’est assouplie sur ce point, elle insiste toujours sur cette dimension destinée à nous faire souvenir, par une privation, des souffrances du Christ et à négliger, l’espace d’une journée, nos besoins corporels pour nous concentrer sur la prière. À notre époque, le jeûne alimentaire peut utilement se doubler d’un autre type de jeûne : se priver d’Internet, de SMS ou de télévision peut constituer, pour nombre de catholiques, un véritable effort !

Les écoles catholiques n’imposent plus le jeûne à leurs élèves : comme elles sont tenues d’accueillir tout le monde, croyants ou non, pratiquants ou non, elles ne peuvent se permettre une telle initiative qui, pour la plupart de ses élèves, ne signifierait rien. Mais elles proposent, depuis de nombreuses années, des opérations « bol de riz ». Le principe est simple : au lieu de servir un repas normal à la cantine, elles invitent les demi-pensionnaires à se contenter d’un repas très frugal (riz et fruit) et reversent la différence de coût à une association caritative. L’initiative rencontre un certain succès.

Pour les chrétiens, cet effort a une signification spirituelle. Pour tous, il invite au partage avec les plus pauvres. En acceptant un repas très allégé, les élèves prennent conscience que nombre de personnes sur Terre, et en premier lieu à leur porte, ne mangent pas à leur faim. À condition, bien entendu, que cette prise de conscience soit accompagnée par les établissements scolaires. L’expérience vécue peut laisser dubitatif sur ce point… Sans explications adaptées, il faut craindre le pire.

Restent deux questions : celle de la destination des fonds et celle de la dimension spirituelle. Pour la première, les écoles continuent trop souvent d’adresser le fruit de leur collecte à des associations dont la philosophie n’a rien de chrétien, même lorsqu’elles se prétendent catholiques… Comme les diocèses qui imposent, le 4e dimanche de Carême, que la quête dominicale soit intégralement reversée au Comité catholique contre la faim et pour le développement (CCFD) qui, de marxiste dans les années 70-80, est passé à la promotion de la « santé reproductive » et à la lutte contre les discriminations - toutes expressions lourdes de sens. Les Chrétiens d’Orient seraient sans doute de meilleurs destinataires que des associations politisées.

Celle de la dimension spirituelle, enfin : la solidarité, c’est très bien. Sans la charité, c’est-à-dire une vertu essentielle au chrétien, elle reste… de la solidarité, c’est-à-dire une notion très laïque et séculière. Or, l’effort du Vendredi saint est avant tout spirituel. Le jeûne n’a aucune signification qui ne soit reliée à la communion aux souffrances du Christ en croix. Sinon, c’est un simple exercice de maîtrise de soi, de méditation ou de diététique. Or, dans des écoles catholiques appelées à redécouvrir le sens véritable d’une éducation chrétienne – et certaines s’y attachent sérieusement -, il est dommage que cette dimension particulière soit occultée.

Mais nous sommes dans des jours d’espérance ! Les choses changeront, n’en doutons pas !

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